Les méta-analyses d’études prospectives ont montré depuis plus de 10 ans que le test HPV utilisé en dépistage était plus efficace que la cytologie dans la prévention du cancer du col et depuis la plupart des pays dits développés (ou à fortes ressources économiques) ont mis en place ce nouvel outil en remplacement de la cytologie notamment en France depuis 2020.
Les auteurs de cette étude ont essayé de vérifier les données de ces études en population réelle dans la population de la région capitale de Suède en proposant de façon randomisée à toutes les femmes éligibles au dépistage (en Suède entre l’âge de 30 à 64 ans) au cours des années 2014 à 2016 (soit sur une population d’un peu moins que 400.00 femmes) soit un frottis cytologique soit un test HPV avec une surveillance de l’incidence des cancers invasifs du col au cours des 8 ans suivantes.
Les femmes ayant été proposées pour un test HPV ont 17% moins de risque de développer un cancer invasif du col que celles ayant été proposées pour une cytologie (hazard ratio [HR] 0·83, 95% CI 0·70-0·98). Celles ayant réellement bénéficié d’un test HPV ont 28% moins de risque de développer un cancer invasif du col que celles ayant réalisé une cytologie (HR 0·72, 95% CI 0·54-0·95).
Les effets secondaires notables du dépistage virologique sont représentés par une proportion plus importante de colposcopies avec biopsies : 7.5% de colposcopies chez celles proposées pour un test HPV et 9% chez celles ayant réellement réalisé un test HPV versus 6.9% et 7.9% respectivement chez celles du versant cytologique.
En population réelle les femmes ayant un test HPV négatif ont un risque au cours des 8 ans de surveillance de 1.3/ 100.000 alors que dans le groupe cytologie les femmes ayant une cytologie négative ont un risque de 9.1/ 100.000.
Les femmes HPV positives et cytologie négative ont, elles un risque de 79.2/100.000 et celles ayant un HPV 16/18 positif et une cytologie négative ont un risque de 318.2/100.000.
Les auteurs concluent donc que même en population réelle avec les aléas de la régularité de la réalisation des tests, un test HPV négatif protège significativement mieux qu’une cytologie négative et ils insistent à juste titre sur la valeur prédictive de la positivité d’un test HPV malgré une cytologie négative qui doit conduire à une surveillance accrue en raison de l’importante augmentation du risque
Ceci confirme ainsi notre politique nationale en France du dépistage par un test HPV entre 30 & 65 ans avec réalisation d’une colposcopie en cas de persistance d’un HPV Positif même si la cytologie est rassurante ce qui conduit inéluctablement à une importante augmentation du nombre de colposcopie nécessaires (près de 9% de l’ensemble des femmes dépistées) et donc de l’importance de la formation et du nombre suffisant de colposcopistes afin d’avoir une prise en charge de qualité …
(Cf Charte de qualité en colposcopie : https://www.societe-colposcopie.com/professionnels-de-sante/charte-de-qualite-en-colposcopie/inscription)
Randomized Controlled Trial
Lancet Public Health 2024 Nov;9(11):e886-e895.
doi: 10.1016/S2468-2667(24)00218-4.
Human papillomavirus-based cervical screening and long-term cervical cancer risk: a randomised health-care policy trial in Sweden
Jiangrong Wang 1, K Miriam Elfström 2, Joakim Dillner 3