Indications de l’ICSI en l’absence de facteurs masculins : recommandations de l’ASRM (USA)

Intracytoplasmic sperm injection (ICSI) for non-male factor indications :
a committe opinion

Practice Commitees of the American Society for Reproductive Medicine and the Society for Assisted Reproductive Technology

Prepint Fertily and Sterility 2020

 

Dans cet « article in press », les recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine et de la Society for Assisted Reproductive Technology (Birmingham, Alabama, USA) analysent les indications de l’ICSI lorsqu’aucun facteur masculin n’est incriminé dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation (AMP).
L’ICSI a été introduite dans les techniques d’AMP en 1992 pour améliorer les résultats de la fécondation in vitro chez les patients, lorsqu’un facteur masculin majeur était présent. Les critères diagnostiques pour identifier de façon précise une infertilité masculine sont d’ailleurs sujet à discussion, sauf bien sûr lorsque tous les paramètres du sperme ont des valeurs très faibles, notamment la numération et la mobilité des spermatozoïdes.
Dans ces cas là, l’usage de l’ICSI va de soi, il n’en est  pas de même chez des patients présentant des paramètres spermatiques « limites » et dans ces cas douteux, l’ICSI est resté d’un usage habituel.
Les auteurs ont noté que l’utilisation de l’ICSI, toutes indications confondues, est passée de 36,4 % en 1996 à 76,2 % en 2012.
L’ICSI a été réalisée dans près de 66,9 % des cas de traitements d’AMP n’incluant pas une infertilité masculine.

Les données du « Center for Disease Control and Prevention (CDC) » ont montré qu’en 2018, l’augmentation de l’ICSI n’a pas été corrélée avec une augmentation diagnostique d’un facteur masculin chez les patients âgés de moins de 35 ans, ces mêmes données ont montré une élévation très modérée des taux de grossesses à terme, par cycles de traitement sur la période étudiée (2.000 à 2.014).
Une autre étude publiée par le CDC en 2018 a retrouvé les mêmes résultats, montrant un taux de grossesses à terme identique entre l’ICSI, utilisée en AMP en l’absence de facteurs masculins, et la FIV « conventionnelle » chez les couples sans facteurs masculins.
Les propositions d’indications de l’ICSI lorsqu’il n’y a pas de facteurs masculins identifiés de façon évidente, sont déclinées dans ses recommandations :
- ICSI pour infertilité inexpliquée,
- ICSI en cas de qualité ovocytaire inadéquate,
- ICSI pour faible recueil ovocytaire,
- ICSI pour âge féminin avancé,
- ICSI après échec de fécondation en FIV conventionnelle,
- ICSI pour diagnostic embryonnaire pré-implantatoire.

Résumé de ces recommandations :
1/ L’ICSI utilisée pour l’infertilité inexpliquée a été associée avec une augmentation des taux de fécondation embryonnaire et une diminution du risque d’échec de fécondation dans quelques études, mais il n’a pas été montré une augmentation statistiquement significative des taux de grossesses et d’accouchements à terme.
2/ Les Comités des deux Sociétés n’ont pas retrouvé d’études indiquant que l’ICSI avait une efficacité d’augmentation des taux de grossesses évolutives ou à terme en cas de qualité ovocytaire inadéquate.
3/ Dans le cadre d’un âge féminin « avancé » ou de recueils ovocytaires faibles, il n’a pas été démontré d’effet bénéfique de l’ICSI.
4/ Les échecs préalables de fécondation embryonnaire ou un taux bas de fécondation en FIV conventionnelle sont-ils une indication d’ICSI lorsqu’il n’y a pas de facteurs masculins incriminés ?
Il n’y a pas d’évidence notable à l’utilisation d’ICSI pour tous les ovocytes recueillis dans ces deux cas d’espèce.
5/ L’ICSI pour diagnostic embryonnaire pré-implantatoire en l’absence de facteurs masculins devrait être limitée au cas de risques de contamination exogène de sperme qui pourrait affecter les résultats.
6/ Il semble que l’ICSI augmente les taux de fécondation en cas de maturation ovocytaire in vitro même si les résultats ne sont pas notables en termes de taux d’implantation et de grossesses cliniques, par rapport à la fécondation conventionnelle.

Les auteurs insistent également sur la prise en considération des risques de l’ICSI sur le devenir des enfants.
Une majorité d’études a montré qu’il existait une augmentation de risque fœtal et post-natal en cas de grossesses après fécondation in-vitro, qu’il s’agisse d’une fécondation in vitro conventionnelle ou de l’ICSI.
A ce jour, il est difficile de différencier la part de l’infertilité, quelle soit féminine ou masculine et de l’ICSI dans l’augmentation de ces anomalies.
Néanmoins, ce risque, même s’il est hypothétique, doit faire poser au mieux l’indication de l’ICSI, notamment lorsqu’il n’y a pas de facteurs masculins incriminés

 
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