L’IUE de la sportive est liée à l’augmentation de la pression intra abdominale lors de certaines activités sportives avec un risque multiplié par 3 pour certaines activités par rapport à une pratique non intensive. Cette augmentation de la pression intraabdominale, répétée lors des entrainements, entraine un affaiblissement de la fonction des muscles du périnée (force et endurance musculaire) et ou un asynchronisme de l’engagement périnéal en retard par rapport à la contraction abdominale. La prévalence reste élevée dans une population jeune, nullipare, allant de 28 à 80 % selon le sport pratiqué : par ordre de prévalence de la plus élevée à moins élevée : la trampoline , le CrossFit avec une prévalence de 80 % , la gymnastique , l’athlétisme avec la course à pied , le demi- fond , les sports de lancer et les sauts de haies, sauts en longueur , les sport d’équipe, sport de force tel l’ haltérophilie , et le sport en salle de musculation avec une prévalence atteignant 43 %, escrime, aviron et sport de combat avec une prévalence de 25 à 45 % selon les études. Les sport techniques ou dits portés comme la natation et le cyclisme sont moins à risque avec une prévalence de 15 à 20% (2)
Cette IUE survient plus fréquemment en fin d’entrainement ou lors de la répétition d’exercices brefs et intenses, avec apparition d’une fatigabilité musculaire du périnée.
Deux récentes études françaises l’une menée par la FFF auprès de 368 footballeuses de haut niveau retrouve une prévalence de 55% (1) et l’autre réalisée auprès de 159 joueuses de rugby en club Elite 1 rapporte une prévalence de 49 % (sous press)
Les facteurs déclenchants les plus fréquemment rapportés sont le saut, la réception de saut, le saut en longueur, la course, le travail des abdominaux, ainsi que des activités plus spécifiques comme la mêlée ou le placage en rugby , les tacles , les tirs, les déplacements avec changements rapides de direction dans le jeu de la footballeuse. Ces facteurs déclenchants sont recherchés lors de l’entretien avec la sportive pour mieux préciser le besoin de prise en charge : le tabou ou le ressenti que la perte de petites fuites urinaires en fin d’entrainement est inhérente à leur pratique sportive et surtout le manque d’information, de sensibilisation font que la question directement posée sur la survenue de fuites urinaires entraine chez certaines sportives une réponse négative. Dans l’étude menée par la Fédération Française de Football (FFF) auprès des footballeuses de haut niveau, seules 19 % des joueuses ont signalé directement une IUE. En 2014 lors d’une précédente étude concernant 404 sportives de haut niveau nullipares à l’INSEP seules 22,8 % avaient répondu positivement à la question directe, alors que 49,2 % supplémentaires rapportaient des facteurs déclenchants fréquents. La conduite de l’entretien permet de préciser si certains exercices déclenchent des fuites même de faible quantité et ou si des précautions sont utilisés pour les éviter. En effet Il y a des stratégies délétères mises en place spontanément par les sportives comme la restriction hydrique, la multiplication des mictions avant l’entrainement ou un évènement sportif avec le risque de vessie hyperactive et d’urgenturie. D’autres utilisent tampon , serviette périodique ou protège slip. L’impact sur la performance est réelle : embarras , crainte de la fuite , crainte de la visibilité de la fuite, perte de concentration et perte de la force abdominale.
L’IUE est plus fréquente chez les sportives en aménorrhée , ayant un syndrome de déficit énergétique relatif dans le sport , en partie liée à l’effondrement des taux d’estradiolémie dans ce contexte.
D’autres facteurs peuvent intervenir : maladie du collagène, syndrome de Marfan , hyperlaxité chez les jeunes gymnastes, des facteurs anatomiques une hyperlordose lombaire favorise l’impact direct de la force abdominale sur le hiatus urogénital avec une diminution de l’activité des muscles périnéaux pour les quels la contraction anticipatrice devra être travailler pour automatiser son action dans les sports en particulier de lancer ou de saut arrière comme en gymnastique .
En dehors d’une pratique intensive, les facteurs de risque sont l’obésité, le surpoids, l’âge, la parité, la constipation, le tabagisme, la ménopause.
La connaissance des sports le plus à risque, un entretien précisant les exercices déclenchants et les éventuelles précautions prises peut permettre au professionnel de santé de prendre en charge précocement chaque sportive.
L’information et l’éducation « dite périnéale » permet de lever le tabou et de limiter le risque dans les sports à risque : comprendre la position du périnée , son rôle , le rôle de soutien à l’aide de vidéos , de schémas du muscle transverse de l’abdomen permet un travail plus efficace de prévention(3-4)
La répétition des exercices de verrouillage du périnée , le travail synergique du transverse favorise l’automatisation d’une co contraction anticipatrice dans les activités sportives à risque. Tout le travail des muscles abdominaux se fera sans hyper pression abdominale, avec des étirements excentriques en expiration.
La formation et la sensibilisation des professionnels du sport , entraineurs , préparateurs physiques sont nécessaires.
Les efforts de sensibilisation de l’environnement sportif et de la sportive permettront de limiter la prévalence et l’impact ultérieur sur la santé du périnée de la pratique intensive ou de sports à risque.
- https://media.fff.fr/uploads/documents/infographie-iue-fr-1-.pdf
- C Maître Incontinence urinaire d’effort chez la sportive : un tabou. La revue du praticien 2024.74 :612-616
- FFF. Périnée de la sportive et prévention de l’incontinence urinaire d’effort spécificités de la footballeuse https://youtu.be/9csc-dMoQNk
- INSEP. Périnée de la sportive et prévention de l’IUE Comprendre pour automatiser https://vu.fr/tKzvw