IMC et risque de cancers : une association bien évaluée !

De nombreuses études suggèrent que l’indice de masse corporelle (IMC) représente un facteur prédictif sérieux du risque de cancer. Cependant leur puissance statistique est souvent insuffisante avec régulièrement une sous-estimation des facteurs confondants.
Une nouvelle étude anglaise publiée dans le Lancet permet de résoudre ces problèmes majeurs et de donner des chiffres précis pour chaque type de cancer. Les auteurs ont de plus recherché l’existence d’une éventuelle relation linéaire.
A partir des registres nationaux, plus de 5 millions de sujets de plus de 16 ans ont pu être inclus avec calcul possible de leur IMC. Près de 170 000 ont développé un cancer après une moyenne de suivi de 7,5 ans. Globalement, le surpoids était associé à un sur-risque de cancers de la cavité buccale, de l’œsophage, estomac et poumon alors qu’une relation inverse apparaissait pour les cancers du sein après la ménopause et le cancer de la prostate.
Après ajustement sur de nombreux facteurs confondants, on retrouvait une association linéaire avec pour chaque augmentation de 5kg/m2 de l’IMC un sur-risque de cancers :

  • HR 1.62 (IC 99% 1.56-1.69) pour l’utérus,
  • HR 1.31 (1.12-1.52) pour la vésicule biliaire,
  • HR 1.25 (1.17-1.33) pour le rein,
  • HR 1.10 (1.03-1.17) pour le col utérin,
  • HR 1.09 (1.00-1.19) pour la thyroïde,
  • HR 1.09 (1.05-1.13) pour les leucémies.

L’IMC était positivement associé au risque de cancer du foie (HR 1.19, 1.12-1.27), du colon (HR 1.10, 1.17-1.13), de l’ovaire (HR 1.09, 1.04-1.14) et du sein après la ménopause (HR 1.05, 1.03-1.07).
En revanche, une association inverse était retrouvée pour le cancer de la prostate (HR 0.98, IC 0.95-1.00) et pour le cancer du sein avant la ménopause (HR 0.89, IC 0.86-0.92).
41% des cancers utérins et au moins 10% des cancers vésiculaires, rénaux, hépatiques et coliques pourraient être attribuables à l’excès pondéral.
Les auteurs estiment qu’une augmentation d’IMC de 1kg/m2 de la population dans son ensemble pourrait être à l’origine de 3790 nouveaux cas de cancers annuels au Royaume Uni !
L’hétérogénéité des résultats suggèrent qu’il existe différents mécanismes certainement intriqués à l’origine des relations entre IMC et cancers. Plusieurs voies ont été suggérées, incluant des modifications hormonales en rapport avec l’insuline et les IGF mais aussi avec les stéroïdes sexuels et les adipokines. Les interactions complexes entre ces différents mécanismes restent à ce jour incomplètement  élucidées.
Les politiques actuelles menées dans les pays dits industrialisés visant à réduire le risque de surpoids et d’obésité trouvent ici un de leurs principaux arguments !

 

Bhaskaran K, Douglas I, Forbes H, dos Santos I, Leon DA, Smeeth L. Body-mass index and risk of 22 specific cancers : a populationh-based study of 5.24 million UK adults. Lancet 2014; 384:755-65.

 
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