L’avastin améliore la survie sans récidive des cancers de l’ovaire

Le dernier numéro de 2011 du NEJM met à l’honneur le bevacizumab (avastin®) associé à la chimiothérapie par carboplatin paclitaxel dans le cancer de l’ovaire à haut risque de récidive avec les études ICON 7 et GOG-218.

L’étude ICON7 porte sur des cancers de l’ovaire débutant à haut risque (stade FIGO I-IIA avec grade 3 ou cellules claires) ou localement avancé (stade IIB-IV)1. Les facteurs de stratifications étaient le groupe, le recours à la chirurgie ainsi que le type de reliquat carcinomateux et le délai planifié entre la chirurgie et l’initiation de la chimiothérapie. La randomisation s’est faite chez 1528 patientes entre chimiothérapie seule (6 paclitaxel 175 mg/m2 carboplatine AUC 5 ou 6 toutes les 3 semaines) ou avec bevacizumab (7,5mg/kg toutes les 3 semaines) pendant  5 ou 6 cycles en concomitant de la chimiothérapie (les patientes traitées par chimiothérapie moins de 4 semaines après la chirurgie débutaient le bevacizumab avec le deuxième cycle de chimiothérapie) puis pendant 12 cycles ou jusqu’à progression.

Le critère principal était un critère mixte associant survie sans progression et survie globale. La survie médiane sans progression ou décès était significativement améliorée dans le bras avec bevacizumab (20 mois vs. 17 mois) mais ce bénéfice était maximal un an après la randomisation, soit au moment de l’arrêt du bevacizumab, et s’estompait ensuite. Les données ne sont pas encore assez matures pour une conclusion définitive en termes de survie globale mais il existe une tendance à l’amélioration par le bevacizumab qui devient significative chez les patientes à haut risque de récidive (survie médiane de 36 mois vs. 29 mois, hazard ratio de 0,64; IC95%, 0,48 à 0,85; P = 0,002) et qui, elle, ne variait pas en fonction du suivi. Le faible recours au bevacizumab en rattrapage aide l’interprétation des données.

L’étude GOG-218 a randomisé en double aveugle 1873 patientes opérées d’un cancer épithélial de l’ovaire avec reliquat macroscopique entre 3 bras de traitement avec cycles toutes les trois semaines comportant tous 6 cycles de chimiothérapie par paclitaxel 175 mg/m2 carboplatine AUC 6 et soit un placebo du cycle 2 au cycle 22, soit du bevacizumab (15mg/kg) du cycle 2 au cycle 6 (bevacizumab concomitant), soit du bevacizumab du cycle 2 au cycle 22 (bevacizumab prolongé)2.

Les facteurs de stratifications étaient l’état général, le stade et le type de reliquat carcinomateux.

Le critère principal était initialement la survie globale puis est devenu la survie sans progression en cours d’étude. La survie médiane sans progression ou décès était significativement améliorée dans le bras avec bevacizumab prolongé, d’environ 6 mois (18 mois vs. 12 mois, Hazard ratio 0.64 IC95% [0,55-0,76], p<0,001) et seulement avec une tendance à l’amélioration dans le bras avec bevacizumab concomitant. Aucune différence en survie n’était en revanche notée. L’absence d’information quant aux traitements de rattrapage ne permet pas de savoir si un recours fréquent à des  anti-angiogéniques (cross-over) pourrait expliquer l’absence de traduction d’une meilleure survie sans progression en survie globale.

Dans ces deux études, l’administration du bevacizumab n’a pas compromis ni la compliance à la chimiothérapie ni la qualité de vie des patientes mais, en revanche, était associée à un risque majoré de développer des toxicités à type surtout d’hypertension, de protéinurie ou de perforations intestinales (jusqu’à 2%).

Ces deux études, ainsi que OCEANS présentée à l’ASCO 2011 sur les cancers sensibles au platine récidivants randomisés entre chimiothérapie seule ou avec bevacizumab jusqu’à progression 3, démontrent

  • que le bevacizumab est utile dans les cancers épithéliaux de l’ovaire
     
  • paticulièrement dans les formes à haut risque de récidive
     
  • et ce lorsque le bevacizumab est prolongé, voire jusqu’à progression
     
  • pour une toxicité faible

L’autorisation de mise sur le marché de l’avastin dans le cancer de l’ovaire suit, depuis 2012, les indications  et les modalités d’administration décrites dans le protocole du GOG-218.

 

Ref

  1. Perren TJ, Swart AM, Pfisterer J, et al. A phase 3 trial of bevacizumab in ovarian cancer. N. Engl. J. Med. 2011;365:2484-2496.
  2. Burger RA, Brady MF, Bookman MA, et al. Incorporation of bevacizumab in the primary treatment of ovarian cancer. N. Engl. J. Med. 2011;365:2473-2483.
  3. Aghajanian C, Finkler NJ, Rutherford T, et al. OCEANS: A randomized, double-blinded, placebo-controlled phase III trial of chemotherapy with or without bevacizumab (BEV) in patients with platinum-sensitive recurrent epithelial ovarian (EOC), primary peritoneal (PPC), or fallopian tube cancer (FTC). ASCO Meeting Abstracts. 2011;29:LBA5007.

 
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