Existe-t-il des conseils à donner à une patiente pour augmenter ses chances que sa première grossesse se déroule normalement ?

Lecture critique de l’article : Chappell et al. Exploration and confirmation of factors associated with uncomplicated pregnancy in nulliparous women : prospective cohort study. BMJ 2013;347:f6398 doi: 10.1136/bmj.f6398.

Voilà une question que nous nous sommes tous posée et, bien sûr, que grand nombre de nos patientes nous ont posé et nous poseront. Il est vrai que pour l’instant, la littérature médicale s’est surtout focalisée sur les facteurs de risque de développer telle ou telle pathologie. Peu d’études se sont intéressées aux facteurs associés à un bon pronostic et aux moyens à mettre en œuvre pour obtenir un tel résultat. Un large essai prospectif multicentrique New Zelandais récemment publié dans le British Medical Journal apporte des éléments de réponse à cette question en essayant d’identifier les facteurs qui, entre 15 et 20 SA, sont associés à une grossesse d’issue normale. Au total, ce sont 5628 femmes nullipares enceintes avec une grossesse monofoetale qui ont été inclues dans cette étude. La grossesse d’issue normale était définie par une grossesse normotensive pour laquelle l’accouchement est survenu à terme (>37 SA) avec un nouveau né de poids de naissance normal pour le terme et sans aucune autre complication significative associée. Au total, 3452 (61,3 %) patientes ont eu une grossesse d’issue normale. Les complications les plus fréquemment observées étaient la survenue de métrorragies anténatales (10 %), l’hypertension artérielle gravidique (9,8 %), la prééclampsie (4,1 %), le diabète gestationnel (2,2 %). Enfin, une naissance prématurée est survenue dans 3,3 % des cas et 12 % des enfants sont nés avec un petit poids pour l’age gestationnel. Au final, les facteurs identifiés comme diminuant la probabilité d’obtenir une grossesse d’issue favorable étaient l’augmentation du BMI (Risque Relatif (RR) : 0,74 ; IC à 95 % : 0,65-0,84), la consommation de drogues au premier trimestre de la grossesse (RR : 0,90 ; IC à 95 % : 0,84-0,97) ainsi que l’intoxication alcoolique aigue et massive (binge drinking), une augmentation de la pression artérielle diastolique et systolique avec un risque relatif de 0,92 (IC à 95 % : 0,91-0,94) et 0,95 (IC à 95 % : 0,94-0,96) pour chaque 5 mm de Hg supplémentaire et diastolique. Par contre, les facteurs identifiés comme ayant un impact bénéfique sur la grossesse en augmentant la probabilité d’issue favorable étaient : la consommation d’au moins trois fruits par jour avant la grossesse (RR : 1,09 ; IC à 95 % :1,01-1,18) et le fait d’avoir un emploi rémunéré (RR : 1,02 ; IC à 95 % : 1,1,01-1,04). Les facteurs pour lesquels aucune association n’a été identifiée avec le devenir obstétrical étaient un antécédent d’hypertension sous contraception orale, le niveau socio-économique, un antécédent familial de complication hypertensive pendant la grossesse, un épisode de métrorragies en début de grossesse et un index de résistance de l’artère utérine augmenté. Enfin, le lien entre la consommation tabagique et le pronostic obstétrical n’était pas clairement identifié.

Alors certes, cette étude ne permet pas de conclure que la modification des comportements ayant un impact sur le poids, la tension artérielle et la prise de drogues permet d’augmenter la probabilité pour une patiente enceinte de son premier enfant d’obtenir une grossesse d’issue favorable. On peut également noter que tous ces effets, même s’il sont significatifs sont de faible impact. Néanmoins, ces résultats permettent d’identifier des patientes ayant la plus grande probabilité d’avoir une issue obstétricale favorable ce qui, à terme, pourrait peut être de permettre l’adaptation du suivi à mettre en œuvre selon les patientes. Tout cela devra bien sur encore être validé par d’autres études.

 
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