Intérêts et précautions d’emploi des huiles essentielles en pré per et post-partum

La période périnatale (de la conception à la naissance) s’accompagne de nombreuses modifications physiologiques et psychiques à l’origine de nombreux désagréments. Les huiles essentielles (HE) peuvent constituer une aide au cours de cette période transition. 
L’objectif de cet article est d’informer les professionnels de santé et futurs parents des bienfaits de l’utilisation des produits d’aromathérapie (huiles essentielles, végétales et hydrolats) et de leurs précautions d’emploi.

1- Comprendre le processus d’obtention d’une huile essentielle (HE)
Procédé d’obtention des huiles essentielles

Schéma : Procédé d’obtention des huiles essentielles (source : Le Guide Terre Vivante des huiles essentielles Dr. Françoise Couic Marinier et Dr. Anthony Touboul, Ed. Terre vivante, 2ème édition revue et augmentée, 2020).

Une source de chaleur (1) transforme l’eau en vapeur d’eau (2) afin que celle-ci traverse une cuve (3) contenant une plante aromatique. Un mélange vapeur d’eau + huile essentielle (HE) se concentre ensuite dans un serpentin placé dans une cuve d’eau froide (5) avant d’arriver dans un récipient appelé « essencier » (7) à la surface duquel flotte l’huile essentielle généralement plus légère que l’eau florale.

 

2 - Peut-on utiliser les HE à tous les stades de la grossesse ?

Les huiles essentielles sont contre-indiquées pendant la grossesse et surtout lors du premier trimestre, ainsi que chez les enfants de moins de 3 ans.
On évite donc les huiles essentielles chez la femme enceinte, et dans tous les cas, on prendra soin de s’adresser à un professionnel de santé formé à l’aromathérapie (pharmacien, sage-femme, médecin, aromathérapeute).

Les hydrolats et huiles végétales en revanche, pourront être utilisés à tous les stades de la grossesse (exemple : huile végétale d’arnica, rose musquée, amande douce, macadamia…).

3 - Mode d’administration

Chez la femmes enceinte, on évitera la voie transcutanée et la voie orale (ingestion) dans la mesure où les molécules d’HE risqueraient de passer la barrière placentaire.
Elles pourront cependant être utilisées en olfaction ou en diffusion (sèches ou humides) via un inhalateur, une olfaction directe au flacon, ou diffusion à l’aide d’un diffuseur.

 

4 - Reconnaître les gages de qualité d’une huile essentielle

  • Privilégier des HE biologiques
  • Il doit être inscrit le nom latin précis sur le flacon afin d’identifier la plante aromatique ainsi que son origine géographique et sa composition (pouvant impacter la qualité du produit).

5 - Apaiser certains maux de la grossesse

  • Nausées : disposer quelques gouttes d’essence de citron jaune sur la mèche d’un inhaleur et respirer profondément dès les premiers signes de nausées. Elle peut ainsi être utilisée sans contre-indication et sans danger dès le 1er trimestre de la grossesse en olfaction.
  • Douleurs ligamentaires et lombaires : Dans le cadre des douleurs on évite l’utilisation des huiles essentielles durant la grossesse. Cependant l’huile végétale d’arnica peut être proposée. Il s’agit d’un macérât très riche en actifs qui peut être appliqué directement sur les zones douloureuses une à trois fois par jour en massage, sans aucun risque et avec des résultats très satisfaisants.
  • Migraine : Attention l’huile essentielle de menthe poivrée qui est assez efficace en temps normal est à proscrire durant la grossesse. En effet elle contient une molécule abortive (menthone). De ce fait, il faudra répondre par une thérapeutique allopathique traditionnelle en fonction du degré de gêne.
  • Anxiété et insomnie : Les huiles essentielles de lavande fine officinale (également appelée officinale ou vraie), petit grain bigarade sont efficaces sur les pics d’angoisses et chocs émotionnels. La camomille romaine (encore plus anxiolytique) que les deux précédentes peut aussi être utilisée. L’HE d’Ylang-ylang permet d’arrêter de « trop réfléchir » et de lâcher prise. L’idéal serait d’associer ces HE afin de trouver la synergie la plus apaisante. La mandarine verte et l’orange douce peuvent aussi apporter un apaisement et un enveloppement. Une huile essentielle sera d’autant plus efficace que son odeur est appréciée par la patiente. Il existe en effet un lien direct entre l’olfaction et le système limbique, siège des émotions et des souvenirs. Il conviendra dont d’inciter les patientes à sentir les odeurs des huiles essentielles avant de les acheter.

6 - Prévenir le périnée d’une éventuelle déchirure

Les huiles végétales (dont l’amande douce ou la rose musquée) associées entre elles ou non, permettent d’assouplir les tissus périnéaux afin de leur donner un maximum d’élasticité et prévenir de certaines déchirures. Ces huiles végétales peuvent être appliquées en massage périnéal trois fois par jour durant le dernier mois de grossesse.

7 - Gérer les contractions de travail

L’HE de laurier noble connue sous le nom de « l’huile des vainqueurs » favorise la confiance en soi. Elle apporte de la combativité à la patiente vis-à-vis de ses contractions de travail.
Les HE anxiolytiques plus hauts (dans la section « anxiété et insomnie ») peuvent aussi être utilisées en olfaction durant le travail (exemple : l’HE de lavande vraie). Une préparation en amont sera bienvenue afin de laisser le temps à la patiente de choisir et découvrir les bénéfices de ces huiles essentielles. Celles-ci peuvent être mise en application dès les cours de préparation à la naissance (en cours de sophrologie, hypnose, haptonomie, relaxation par exemple) afin d’apporter un ancrage positif.

8 - Favoriser la dilatation du col

Les HE de clous de girofle et palmarosa sont utéro-toniques. Leur utilisation par les femmes enceintes est formellement contre-indiquées. Elles peuvent cependant être utilisées par les équipes médicales au cours de l’accouchement sous couvert d’une formation en amont.

9 - Atténuer les maux du post-partum

  • « Baby blues » : l’HE d’orange douce, mandarine verte, petit grain bigarade, lavande fine, calment et rassurent. Elles ont un côté « enveloppant ». L’HE de bergamote donne quant à elle du tonus et de la joie de vivre. L’HE de marjolaine à coquilles peut apporter un soutien moral voire être légèrement antidépressive.
  • Allaitement :
    Favoriser la lactation : une cuillère à café d’un mélange d’hydrolats de fenouil, badiane, et anis vert à mettre sous la langue après chaque tétée jusqu’à ce que la lactation soit satisfaisante.
    Prévenir ou traiter les crevasses : l’huile végétale de calendula peut être appliquée sur les mamelons après chaque tétée afin de prévenir les crevasses ou aider à leur cicatrisation. La patiente devra nettoyer le mamelon avant une nouvelle tétée afin d’éviter l’ingestion de cette huile par le nouveau-né. Cependant son utilisation est tout à fait compatible et sécuritaire avec un allaitement maternel.
  • Vergetures : L’huile végétale de rose musquée permet de les prévenir en donnant beaucoup d’élasticité à la peau. Elle aide également à leur cicatrisation. A appliquer une fois par jour au début de la grossesse puis deux fois par jour sur les derniers mois, voire après l’accouchement. Le traitement sera d’autant plus efficace que les vergetures sont encore colorées (rosées/violacées). Après l’allaitement, l’HE de géranium rosat associée à l’huile végétale de rose musquée (à 10%) est encore plus efficace dans la cicatrisation des vergetures.
  • Apaiser les pleurs : les hydrolats de lavande fine, camomille, petit grain bigarade à solubiliser dans l’eau du bain par exemple, aident à calmer, apaiser, rassurer le nourrisson. Cela offre un moment de partage et de plaisir encore plus agréable entre le parent et l’enfant. L’hydrolat de camomille peut aussi aider à apaiser les douleurs liées à la poussée dentaire lorsqu’il est conservé au frigidaire. Il soulage ainsi par son action antiinflammatoire légère et par le froid qu’il procure (en application locale).
    On pourra aussi créer des doudous olfactifs (fleur d’oranger, orange douce, petit grain bigarade, et vanille) qui rappellent les odeurs de l’enfance afin d’apaiser et calmer le bébé.

 

En conclusion, on utilisera des huiles essentielles à profil de toxicité très bas (comme citées plus hauts) auprès de professionnels de santé formés en aromathérapie. On favorisera la diffusion ou l’olfaction chez la femme enceinte. L’alternative des hydrolats et huiles végétales sont des produits plus sécuritaires qui peuvent être utilisés en complément tout en apportant des réponses thérapeutiques très intéressantes. Il est aussi fondamental d’apprendre à découvrir leurs odeurs en amont, à écouter le message qu’elles procurent et à les utiliser éventuellement en préparation à l’accouchement, mais aussi en per et post-partum.