Quels marqueurs moléculaires pour la classification du cancer de l'endomètre ?

Fin 2020 ont été publiées les nouvelles recommandations européennes pour la prise en charge des cancers de l’endomètre. Ces recommandations sont conjointes aux trois sociétés savantes d’oncologie gynécologique (ESGO), de radiothérapie et d’oncologie (ESTRO) et d’anatomo-pathologie (ESP) [1]. Ce texte met en avant l’importance des marqueurs moléculaires pour préciser le risque de récidive des patientes et définir des modalités de traitement et de surveillance mieux adaptées à chacune d’entre elles, en complément des informations d’histologie conventionnelle utilisées jusqu’à présent.

Dans le but d’identifier un syndrome de Lynch et d’entreprendre une recherche de mutation germinale, Il est ainsi rappelé l’importance de procéder chez toutes les patientes présentant un cancer de l’endomètre, quel que soit le sous-type histologique, à une recherche d’instabilité des microsatellites (MSI) ou à une analyse immuno-histochimique des protéines du système MMR (MLH1, PMS2, MSH6, MSH2 avec le statut de méthylation du promoteur de MLH1 en cas de perte d’expression en immunohistochimie de MLH1/PMS2). Il faut proposer aux patientes ainsi identifiées une consultation d’oncogénétique, la surveillance et la prise en charge adaptée

Pour le diagnostic et les traitements des cancers de l’endomètre en général, la place des marqueurs moléculaires prend par ailleurs de l’importance. En effet, les différents types de carcinome de l'endomètre présentent des caractéristiques histologiques et moléculaires spécifiques, mais également des lésions précurseurs et une histoire naturelle différentes. L'analyse anatomo-pathologique conventionnelle reste un outil décisif, mais elle souffre de variations entre les observateurs. Une analyse intégrée combinant les résultats anatomo-pathologiques et moléculaires traditionnels semble pertinente pour affiner le pronostic des patientes. Il est recommandé que la classification moléculaire soit effectuée en utilisant l'algorithme de diagnostic nécessitant le test de trois marqueurs immuno-histochimiques (p53, MSH-6, PMS-2) et l'analyse des mutations somatiques de POLE (exons 9, 11, 13, 14) [2].

La classification moléculaire est encouragée pour tous les types histologiques, en particulier les tumeurs de haut grade (ancien grade 3). Dans les carcinomes endométrioïdes à faible risque, elle peut ne pas être nécessaire. En particulier, l'analyse des mutations POLE peut être omise dans les cas de tumeurs à faible risque et risque intermédiaire avec un bas grade histologique (ancien grade 1-2).

La faisabilité de cette approche a été confirmée par un grand nombre de publications qui ont rapporté de manière cohérente la pertinence pronostique de cette approche, en particulier pour les tumeurs de haut grade et à haut risque [3].

La décision d'utiliser la classification moléculaire, dans tous les cas de carcinome de l'endomètre, dans le sous-ensemble des tumeurs de haut grade ou à haut risque, ou dans aucun des cas, dépend de la disponibilité des ressources et de la décision de l'équipe multidisciplinaire de chaque centre. Si elles sont disponibles, ces données doivent être intégrées dans le compte-rendu d’analyse de la pièce opératoire.

Références

1.   Concin N, Matias-Guiu X, Vergote I, Cibula D, Mirza MR, Marnitz S, et al. ESGO/ESTRO/ESP guidelines for the management of patients with endometrial carcinoma. Int J Gynecol Cancer 2021;31(1):12‑39.

2.   Vermij L, Smit V, Nout R, Bosse T. Incorporation of molecular characteristics into endometrial cancer management. Histopathology 2020;76(1):52‑63.

3.   León-Castillo A, de Boer SM, Powell ME, Mileshkin LR, Mackay HJ, Leary A, et al. Molecular Classification of the PORTEC-3 Trial for High-Risk Endometrial Cancer: Impact on Prognosis and Benefit From Adjuvant Therapy. J Clin Oncol 2020;38(29):3388‑97.

 
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