Le laboratoire Top NIVEAU : organisation des espaces et des hommes

Avoir des enfants est l’une des expériences les plus belles et intenses qui soit et c’est pourquoi, lorsqu’un couple a besoin d’une aide médicale pour la réaliser, nous les professionnels devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.
Nous devons contrôler tout ce qui peut influer sur le résultat dans le but d’optimiser les possibilités.

Le contrôle doit s’opérer dès le départ, dès la planification de l’espace où seront réalisées les activités cliniques et d’embryologie, c’est-à-dire le bloc opératoire et le laboratoire.
Dans une configuration idéale, le bloc opératoire et le laboratoire doivent être attenants pour éviter la perte de qualité des ovocytes pendant la ponction folliculaire et des embryons pendant le transfert.
De plus, cela facilite un dialogue entre les équipes de gynécologie et de biologie qui est très utile, notamment pendant la ponction effectuée sur des patientes qui ont peu de follicules, car cela permet au gynécologue de savoir si un ovocyte a été obtenu dans le follicule qu’il a aspiré, à défaut de quoi il peut l’aspirer à nouveau pour le sauver.
Cela permet aussi de faire en sorte que l’embryon reste dans l’incubateur pendant la canalisation du col de l’utérus lors du transfert, jusqu’au moment précis où l’utérus est atteint et où l’embryon est retiré de l’incubateur pour être injecté, ce qui évite des épisodes de stress à l’embryon, à la patiente et au/à la gynécologue.

Pour ce qui est des matériaux de construction du sol et des murs, ceux-ci doivent être continus, sans rainures ni joints, avec des finitions arrondies à la jonction avec le mur pour éviter que la saleté ne s’accumule.
Il existe plusieurs options, dont le vinyle, l’acier ou encore le Corian. Ce dernier a cette particularité qu’il libère très peu de composés organiques volatils (COV) et offre plusieurs couleurs au choix, dont le blanc nucléaire qui apporte une sensation d’espace stérile et facilite la détection de saleté.

La qualité de l’air est autrement importante dans les deux espaces car il est établi que la pureté de l’air peut affecter significativement les résultats cliniques et d’embryologie (Esteves & Bento, 2016).
Récemment, un groupe d’éminents experts en FIV a publié le Consensus du Caire qui fait état des exigences du système d’air pour garantir un air pur et exempt de composé organiques volatils (COV) dont on sait qu’ils peuvent affecter négativement le développement embryonnaire (Mortimer et al. 2018).
Il est conseillé, entre autre, le renouvellement de l’air environ 15 fois par heure, l’utilisation de filtres à charbon actif et de purificateurs HEPA dans le système d’air ainsi que de filtres pour les incubateurs car c’est là que les embryons passeront le plus de temps.
Par ailleurs, on peut utiliser des lampes UV pour photocatalyser les COV et minimiser ainsi leur présence. Ces lampes stérilisent aussi l’air, ce qui n’est pas non plus négligeable. On peut même installer un système de production d’ozone, qui permet de stériliser l’air pendant la nuit quand il n’y a personne au travail.
À ce propos, les options sont donc nombreuses mais l’important est de savoir ce qui est utile et ce dont il faut absolument tenir compte.

Parlons maintenant de l’aspect différenciateur d’un centre de reproduction, c’est-à-dire son équipe humaine.
Deux laboratoires peuvent avoir la même configuration et les mêmes équipements mais sans doute obtiendront-ils des résultats très différents en fonction du personnel dont dispose chacun d’eux.
Étant conscients de cela, il est donc pour nous essentiel de consolider au maximum l’équipe de professionnels pour garantir des résultats optimaux et stables.
Tout d’abord, le directeur du laboratoire doit veiller à l’adoption de certains protocoles mis à jour et appliqués par toute l’équipe uniformément car, s’il y a des écarts entre les opérateurs, les résultats ne pourront pas être contrôlés.
Chacun des membres de l’équipe est habilité à donner son avis et à proposer des améliorations dans ces protocoles, mais de façon ordonnée et en appliquant un seul changement à la fois pour pouvoir évaluer l’effet réel de chaque modification.
Évidemment, il faut contrôler mensuellement le taux de gestation par type de traitement suivant l’âge, mais aussi d’autres indicateurs clé tels que le taux de fécondation, le pourcentage d’ovocytes matures, les taux de transfert d’embryons au stade de blastocyste, le taux d’embryons congelés et la survie embryonnaire de ces derniers.
Lorsqu’une variation significative est détectée, qu’elle soit positive ou négative, toute l’équipe doit s’efforcer d’en détecter la raison et, si nécessaire, la pallier.
Il est également intéressant d’analyser les variations dans les résultats des différents opérateurs afin de détecter ceux qui s’y prennent le mieux pour qu’ils forment et supervisent les autres.
Et cela, toujours dans le but de nous améliorer et de progresser constamment en tant que professionnels, car ce n’est qu’ainsi que nous pouvons offrir un traitement médical de haut niveau.

Pour finir, et sans vouloir banaliser, peut-être serait-il bon d’observer ce qui s’est passé dans les grands restaurants où la cuisine (et les cuisiniers) ne sont plus cachés au fond du restaurant derrière une porte battante mais s’offrent à la vue des convives pour qu’elles puissent apprécier l’état impeccable des installations, de même que la délicatesse et l’adresse avec lesquelles les professionnels élaborent leurs plats.
Pourquoi ne pas faire de même avec le laboratoire de FIV (et les biologistes) ?
Afin que les patientes voient de leurs propres yeux un laboratoire soigné, ordonné, doté de technologie de pointe, et la manière dont les biologistes travaillent méticuleusement pour les aider à réaliser leur rêve de devenir parents.

Point de réglementation française par le comité de rédaction Gynéco Online

En France, les centres d’AMP sont dans l’obligation d’appliquer les règles de bonnes pratiques qui ont récemment étaient révisées afin de tenir compte des différentes évolutions législatives, réglementaires, techniques et scientifiques.Il s’agit de l’arrêté du 30 juin 2017 modifiant l’arrêté du 11 avril 2008 relatif aux règles de bonnes pratiques cliniques et biologiques d’assistance médicale à la procréation.

Les nouveautés concernent notamment les exigences d’accréditation des activités biologiques d’AMP par le Cofrac selon la norme ISO 15189 et les exigences liées à l’environnement du laboratoire

Les laboratoires d’AMP disposent de 3 ans pour se mettre en conformité pour les dispositions liées à l’environnement suivantes :
Existence d’un sas ventilé avec de l’air filtré donnant l’accès aux pièces de préparation et de culture,
un différentiel de pression entre l’extérieure du laboratoire, le sas, les zones non classées et les zones classées du laboratoire
Les surfaces apparentes, sols, murs et plafonds devront être lisses imperméables et sans aspérités
L’absence de point d’eau dans les pièces de culture qui doivent comporter un environnement d’air de classe D.

 
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