Un nouveau facteur de risque de prématurité : la dépression anténatale

Auteurs

La prématurité concerne environ 12% des naissances. De nombreux facteurs de risque sont reconnus, comme l’âge maternel, les antécédents d’accouchement prématuré ou la précarité. La littérature n’est, jusque là, pas formelle quand à l’impact d’une humeur triste (environ 13% des femmes) sur l’évolution de la grossesse.

L’objectif de cette étude est donc d’évaluer s’il existe un lien entre l’existence de symptômes dépressifs au cours de la grossesse et un accouchement prématuré.

Un programme d’évaluation de la dépression chez les patientes enceintes a été lancé dans l’Illinois en janvier 2003. L’échelle EPDS (Edinburgh Postnatal Depression Scale) a été remplie pour chaque patiente entre la 24ème et la 28ème  semaine de gestation. Ce score, basé sur dix questions concernant différents symptômes évalués au cours des sept derniers jours, permet le dépistage des patientes déprimées. En cas de score supérieur à douze sur trente ou de réponse positive à la question « il m’est arrivé de penser à me faire du mal », la patiente est alors « à risque » de dépression.

Après l’évaluation de 14 175 patientes entre janvier 2003 et Mars 2011, 1298 (soit 9,1%) avaient présenté des symptômes dépressifs.

Ces patientes étaient significativement plus âgées, issues de minorités ethniques, et affiliées à une assurance publique.

Les patientes « à risque » de dépression -  comparées aux patientes « non à risque » - présentaient un risque accru d’accouchement prématuré : avant 37 semaines de gestation (13,9% vs 10,3%, p<0,001), mais également avant 34,32 et 28 semaines.

Après ajustement sur différentes variables socio-économiques, l’association entre les symptômes dépressifs anténataux et la prématurité persiste avec un OR de 1,3 (IC 95%, 1,09-1,35).

Cette étude confirme bien l’importance de l’humeur de nos patientes sur l’évolution de leur grossesse. Il est donc indispensable d’interroger nos patientes et d’utiliser l’EPDS, test simple d’emploi, permettant ainsi de les dépister et les orienter vers un spécialiste. Cette prise en charge multidisciplinaire permettrait de limiter le nombre d’accouchements prématurés.

Heather Straub and Al. Antenatal depressive symptomes increase the likehood of preterm birth. American Journal of Obstetric & Gynecology 2012 ; 207 :329.e1-4

 
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