A force de traiter du ressenti des patientes atteintes de cancer, ainsi que du ressenti des femmes en PMA il me semble intéressant de croiser ces données, car de nombreuses similitudes psychologiques sont présentes dans les deux pathologies. Nous ferons donc un zoom sur ces aspects afin d’en extraire les points communs.
Zoom sur les aspects de « combat »
Dans les deux pathologies dont nous parlons aujourd’hui, l’infertilité ou le cancer, un point saillant est à noter : l’idée du combat.
Dans le cadre de la PMA, il s’agit d’un combat pour donner la vie, versus celui du cancer qui est celui de la préservation de sa propre vie !
Ce point commun nous amène à observer que dans les deux situations les patientes disent livrer une lutte acharnée, contre la maladie ou l’infertilité, traversant des moments de grands espoirs puis des moments de déstabilisation, voire de détresse assez forte. Dans ces combats, la solitude (malgré l’entourage) est souvent citée, ainsi que l’idée de ne pas se sentir « un héros » pour autant car il n’y a pas d’autres choix que de se battre ! Cette idée du combat demande donc aux patientes une énergie sans faille, ne les autorisant pas à lâcher où se sentir « nulle » lorsqu’elles n’arrivent pas, par moments, à faire face. Pour de nombreuses femmes nous pouvons entendre des termes similaires dans ces batailles comme par exemple : «apprendre à faire face au mauvaises nouvelles», « toujours préparer l’étape d’après », « ne pas s’apitoyer »,…etc.
Enfin, il est notable également de voir ces femmes, dans l’angoisse et la détestation d’être résumées à leurs pathologies. Elles ne sont pas qu’un cancer ou qu’une infertile !
Zoom sur les aspects des ressentis psychologiques et de l’intimité
Concernant les aspects psychologiques nous pouvons encore une fois faire un parallèle entre les deux pathologies notamment sur les aspects de dépression, de la difficulté à se confronter aux autres et donc à une forme d’isolement social. On observe également la culpabilité ressentie à l’idée d’être stigmatisée ou encore à des sentiments de colère, de jalousie envers les autres, qui incarnent l’idée de normalité !
Tous ces ressentis amènent les patientes à une perte de leur bien-être psychologique, à une chute de leur estime de soi et de leur confiance en elles.
Enfin, abordons les aspects d’intimité et de féminité. Si l’on écoute les patientes étant touchées par ces pathologies, elles indiquent une sexualité peu, voire pas présente, en précisant que leur féminité mise à mal ne les porte pas à cette intimité, voire même une forme d’inutilité de l’acte sexuel ou de dégout. Dans les deux cas, l’exposition de leur corps devient gênante et elles notent le fait qu’il doit être difficile pour leurs partenaires de les désirer dans ses situations.
A l’issue du combat ! :
Nous avons donc constaté que c’est une forme d’épreuve qui s’impose à elles, remettant en cause les aspects psychologique, physique et intime de leur personne.
A l’issue de ces deux combats, mobilisant l’ensemble de leur énergie, les obligeant à déconstruire leurs vies et à s’adapter à de nouvelles contraintes pour faire face, il est notable de voir dans les deux situations une forme de « perte de repères ». Les patientes qui se sont mobilisées en mettant de côté toutes formes de projets se retrouvent souvent comme désœuvrées. Ces femmes, qui souvent avaient imaginé qu’à l’issue de tout cela la joie, la simplicité les envahiraient, découvrent que la perte de but ou de combat les laisse épuisées et un peu perdues. Il leur faut donc remobiliser leurs forces pour la suite, imaginer et créer une vie après le combat. C’est donc de nouveaux chantiers qui s’offrent à elles, de nouveaux challenges, nécessitant de se retrouver en tant que femme, en tant qu’épouse ou compagne, en tant que personne sans différences pathologiques.