Le ressenti des patientes suite à une fausse couche précoce

Environ 15 % des grossesses se soldent par une fausse-couche.

Cet accident de grossesse, même s’il est rare, n’est en rien anodin pour les patientes qui en sont victimes !

C’est très souvent un traumatisme aussi bien physique que psychologique qui va être vécu par les couples.

 

Une fausse couche précoce est-elle un non évènement pour les femmes ?

Il n’est pas rare de recueillir des témoignages de femmes qui racontent que leur médecin a minimisé leur fausse-couche parce qu’elle était précoce. Pour autant ce n’est pas la durée de la grossesse qui marque l’attachement à son futur bébé. Il n’y a pas de règle sur cette question pour les femmes. Certaines se sentiront mères ou enceintes dès le test de grossesse positif, pour d’autres lors de la 1ère échographie, pour certaines encore lorsqu’elles vont sentir leurs bébé bouger….etc.

Il est donc toujours important d’écouter une femme et surtout de décrypter les mots qu’elle emploie pour parler de sa grossesse. Si une femme utilise le mot bébé dès les premiers jours cela signifie sans doute qu’elle aura déjà investi sa grossesse et qu’en cas d’incident elle sera profondément marquée par celui-ci.

Ce qui peut sembler comme juste un accident de parcours pour certains membres du corps médical pourra donc être perçu de toute autre manière par une femme !  

 

Que ressent une femme en cas de fausse-couche ?

C’est un mix de plusieurs émotions qui va apparaître lors de cet évènement.   

Les signes apparents de grossesse sont souvent invisibles lorsque la fausse-couche est précoce. Même si les femmes ont conscientisé ou investi leur grossesse psychiquement, il n’en reste pas moins que le corps lui n’a pas encore évolué de manière visible. Les femmes vont donc vivre un évènement invisible pour les autres mais tellement réel pour elle. Elles ont bien conscience qu’elles n’ont pas simplement leurs règles mais qu’elles font une fausse-couche. C’est-à-dire qu’elles perdent un début de vie…

Il faut donc pour les femmes, accepter cette fin, si rapide et si violente, notamment pour celles qui devront avoir recours aux médicaments ou à un acte médical pour évacuer le fœtus. Violente car il est à noter, que la fausse couche avec un médicament à domicile, n’est souvent pas très bien expliquée et la peur se mêle alors à la douleur, en plus de la difficulté à évacuer leur « bébé » en tirant la chasse d’eau !

Ces images de sang, de douleurs et de peur sont donc imprimées comme une épreuve physique et psychique qui peut créer pour les grossesses à venir des peurs inconscientes, voir bloquantes !

Il faut donc avoir à l’esprit que la fausse-couche, même précoce, peut générer chez la femme un deuil. Le deuil d’un être avec qui elles n’ont pas encore noué un lien, qu’on ne connait pas, mais qui est déjà aimé ! La culpabilité, va être l’un des sentiments les plus ressentis, comme si la femme se rendait coupable de la fin de la grossesse. Elle se doit de protéger son enfant, elle a donc failli dans sa mission !

Ce deuil est souvent incompréhensible pour l’entourage qui, lui, passe rapidement à autre chose, ce qui n’est pas le cas de certaines femmes.

Cet enfant inconnu du monde a pourtant bien une existence et c’est pourquoi il faut laisser les femmes qui le désirent s’exprimer librement sur ce début de grossesse et parfois leur proposer d’être accompagnées dans cette épreuve pour faire un deuil et pouvoir construire une suite à leur histoire. Cette grossesse ne s’effacera pas pour les femmes, elle fera partie intégrante de leur parcours et c’est pourquoi il faut réussir à lui donner sa juste place.

 

Et les hommes dans tout cela ?

N’oublions pas les hommes eux aussi sont au cœur de la tourmente, même s’ils ne vivent pas physiquement cette perte de la même manière, mais pour eux aussi c’est une épreuve de voir s’arrêter un projet et de voir leur femme démunie face à cette épreuve !

Les hommes se disent souvent perdus et inutiles face à cet évènement, qui pour eux va rapidement être un mauvais souvenir mais ne laissera que peu de trace psychique. C’est donc une épreuve qui peut rapprocher voire souder le couple, ou au contraire faire s’éloigner les membres du couple par manque de communication !

Il appartient donc aux médecins de proposer aux patients qui sont touchés par une fausse-couche de pouvoir bénéficier d’une aide extérieure, afin de les accompagner sur le chemin du deuil et de la reconstruction, en permettant aux couples de s’exprimer, d’accepter afin de reprendre le chemin de la maternité avec plus de sérénité.

Il appartient aux couples de faire le chemin du deuil, en sachant faire de cette grossesse non aboutie, un évènement fédérateur pour le couple et sa famille.

 

 

 

 
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