Grossesses AMP et dépistage de la trisomie 21 au premier trimestre

Etude du Dr Claude GIORGETTi (Institut de Médecine de la Reproduction, Marseille). Journée ABA 2011.

Le dépistage de la trisomie 21 au premier trimestre (entre 11 semaines et 13 semaines plus 6 jours) de la grossesse est en place en routine en France depuis le début de l’année 2010. Ce dépistage combiné utilise les marqueurs échographiques (longueur crânio-caudale et clarté nucale) et les dosages sanguins de la free béta HCG et de la PAPP-A.

L’équipe de l’Institut de Médecine de la Reproduction (IMR) du Dr Claude GIORGETTI s’est demandée si il pouvait y avoir des différences significatives dans les dosages de ces marqueurs sanguins pour une population de femmes enceintes à la suite d’une Assistance Médicale à la Procréation (AMP) ; leur laboratoire effectuant à la fois les technique d’AMP et le dépistage de la trisomie 21 par cette technique.

Plusieurs données de la littérature montrent une absence de différence significative des valeurs de free-béta-HCG et de PAPP-A entre des populations de femmes enceintes avec ou sans AMP. Mais ces études portent sur un nombre assez faible de cas (Anckaert E et col, 2008 ; Bender F et col, 2010 ; Matilainen M et col, 2011).

Deux études portent sur un nombre plus important de cas.

L’étude d’Amor et col (HR, 2009) compare le dépistage pour une population de 1739 femmes enceintes en AMP vs 50250 femmes enceintes sans AMP. Il ne trouve pas de différences significatives pour la clarté nucale, ni pour les dosages de free-béta-HCG (en MoM), mais une différence significative pour les valeurs de PAPP-A (0,85 MoM vs 1,02 MoM avec un p<0,001).

Une étude multicentrique (18 centres au Danemark entre 2004 et 2006) de Gjerris A.C. et col (2009) a comparé les dépistages d’une population témoin de 2532 femmes enceintes sans AMP vs une population de 992 femmes enceintes suite à une AMP (512 FIV, 396 ICSI, 84 TEC). L’étude trouve une diminution significative des valeurs de MoM de PAPP-A en AMP par rapport au groupe témoin. La diminution est notée pour la FIV et pour l’ICSI mais pas pour les TEC.

Ces différences sont importantes car des valeurs plus basses de PAPP-A ont des conséquences sur le calcul de risque pour la patiente d’appartenir à une population porteuse d’un fœtus ayant une trisomie 21, d’où une augmentation des faux positifs.

L’équipe de l’IMR  et du laboratoire AlphaBio a repris les patientes enceintes suite à une AMP réalisée dans leur centre et pour ces mêmes patientes, les résultats de dépistage au premier trimestre réalisés dans leur laboratoire. Le croisement des fichiers a permis de faire une étude sur 146 FIV/ICSI, 49 Insémination Intra Utérine (IIU) et 15 Transfert d’Embryons Congelés (TEC) et de comparer ces données à une population de 734 femmes enceintes sans AMP.

Les résultats sont les suivants :

Institut de Médecine de la Reproduction et Laboratoire AlphaBio.

En appariant sur l’âge la population de femmes enceintes avec AMP (FIV/ICSI) ou sans AMP, l’équipe retrouve les mêmes différences.

Cette équipe trouve une différence significative de baisse des MoM de PAPP-A dans le cas des FIV/ICSI mais pas dans le cas des IIU.

On peut noter qu’il n’y a pas de différence dans les valeurs de MoM de clarté nucale, ni de MoM de free-béta-HCG.

La différence des résultats de PAPP-A peut s’expliquer par le fait que la stimulation dans le cas des FIV/ICSI est plus forte que pour les IIU.

Pour confirmer cette hypothèse, les auteurs ont cherché à savoir s’il y avait des différences de MoM de PAPP-A en fonction du taux d’œstradiol (le jour du déclenchement de l’ovulation) qui est le reflet du niveau de stimulation.

Les résultats sont dans le tableau ci dessous :

Institut de Médecine de la Reproduction et Laboratoire AlphaBio.

Ces résultats montrent que plus le taux d’œstradiol pendant la stimulation est élevé, plus la valeur de la MoM de PAPP-A est basse (p=0,02).

Les biologistes de l’IMR et du laboratoire AlphaBio confirment les résultats publiés par Amer et col ; et par Gjerris et col. Ces résultats entrainent une augmentation du taux de résultats faussement positifs (fausse augmentation du risque pour la patiente d’appartenir à une population à risque de trisomie 21).

Les auteurs précisent également que la diminution des valeurs de MoM de PAPP-A en cas de grossesse faisant suite à une AMP n’est pas lié à l’acte de fécondation in vitro lui même, mais à la stimulation qui entraine une augmentation des taux d’œstradiol.

Cette équipe propose de mettre en place un facteur de correction des valeurs de PAPP-A en cas de stimulation forte avant FIV ou ICSI. Il est nécessaire d’avoir une étude complémentaire afin de savoir quel doit être le niveau de ce facteur de correction, et s’il doit être modulé en fonction du niveau d’œstradiol.

Bibliographie.

Anckaert E et col, (2008). First-trimester screening for Down’s syndrome after assisted reproductive technology.  Fertil Steril, 90, 1206-1210.

Bender F et col, (2010). Altered first-trimester screening markers afetr FIV/ICSI. RBM Online, 20, 516-522.

Matilainen M et col, (2011). In combined first-trimester Down syndrome screening, the false-positive rate is no higher in pregnancies conceived afetr assistaed reproduction compared with spontaneous pregnancies. Fertil Steril, 95, 378-381.

Amor D.J. et col, (2009). Pregnancies conceived using assisted reproductive technologies (ART) have low levels of pregnancy-associated plasma protein-A (PAPP-A) leading to a High rate of false-positive results in first trimester screening for Down syndrome. Hum Reprod, 24, 1330-1338.

Gjerris AC et col, (2009). First-trimester screening markers are altered in pregnancies conceived after IVF/ICSI. Ultrasond Obstet Gynecol, 33, 8-17.

 
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