L’endométriose, caractérisée par la présence et la croissance de tissu endométrial en dehors de la cavité utérine, est d’une maladie gynécologique fréquente détectée chez 70 % des femmes souffrant douleurs pelviennes.
Nous ne reviendrons pas sur les symptômes, les conséquences, les traitements proposés... puisque la dernière newsletter de Gyneco-Online a été consacrée à cette pathologie.
Pour compléter ces informations, une revue systématique avec méta-analyse vient d’être publiée comparant l’efficacité des contraceptions orales progestatives (CP) et œstroprogestatives (COP) sur divers symptômes de l’endométriose.
Après une étude approfondie de la littérature, 412 articles ont été sélectionnés sur la base de leur titre ou abstract et 24 sur la base de leur texte complet. 17 articles ont été exclus car ils ne répondaient pas aux critères de sélection à savoir la comparaison de l’utilisation de CP versus COP chez des femmes atteintes d’endométriose.
L’analyse a finalement porté sur 7 études, publiées entre 1996 et 2024 menées dans divers pays dans le monde, incluant 948 patientes atteintes d’endométriose (476 recevant un progestatif). Selon les études, la taille des groupes allait de 20 à 205 dans le groupe progestatif et de 20 à 200 dans le groupe contraception combinée. Différentes échelles analogiques ont été utilisées pour le suivi de l’aménorrhée, la dysménorrhée, la dyspareunie et les douleurs pelviennes. Un questionnaire spécifique de 36 items permettait d’évaluer l’évolution de la santé mentale.
Les publications concernaient des essais randomisés dans lesquels les femmes du groupe « intervention » utilisaient une contraception progestative orale ou injectable (CP), alors que celle du groupe contrôle recevaient une contraception orale combinée (COP). De plus, les études éligibles devraient rapporter au moins l’évolution des douleurs pelviennes et/ou de la dyspareunie et/ou de la dysménorrhée.
La méta-analyse n’a pas retrouvé de différence entre la CP ou la COP concernant l’amélioration :
- des douleurs pelviennes (SMD= 0,02 IC 95% : -0,37 à -0,40 ; P=0,04),
- de la dysménorrhée (SMD= 0,00 IC 95% : -0,19 à -0,19 ; P non applicable),
- de la dyspareunie (SMD = 0,21, IC 95% : -0,42 à 0,85 ; P= 0,02)
- de la santé psychologique ( SMD = 0,01 IC 95% : -0,21 à 0,23 ;P= 0,19).
De même, il n’a pas été trouvé de différence significative dans les effets secondaires tels que :
- les mastodynies (RR= 0,72 IC 95 % : 0,40 à 1,29 ; P= 0,23),
- la prise de poids (RR= 3,58 IC95 % : 0,10 à 2,92 ; P= 0,005),
- l’aménorrhée (RR= 1,49 IC 95 % : 0,26 à 8,47; P= 0,001),
- les saignements ( RR= 3,58 IC 95% : 0,75 à 17,12 ; P= 0,20).
Les COP et les CP semblent montrer une efficacité similaire pour traiter les douleurs pelviennes, la dysménorrhée, la dyspareunie et la santé psychologique des femmes souffrant d’endométriose. Leur qualité de vie se voit donc significativement améliorée avec les deux types de contraception orale. L’éventail thérapeutique en matière de contraception hormonale est donc très large pour ces femmes.
Les contraceptions progestatives sont une option particulièrement utile en particulier en cas de contre-indications ou mauvaise tolérance aux estrogènes. Dans cette méta-analyse, le taux d’aménorrhée était similaire dans les 2 groupes évoquant une prise continue de la COP. Il n’y avait pas non plus de différence dans le taux de saignements alors qu’ils représentent habituellement le principal motif d’interruption des CP.
Il est important de noter que les deux types de contraception hormonale n’éliminent pas les lésions d’endométriose mais induisent un état de quiescence. Leur utilisation au long cours est donc nécessaire pour maintenir une amélioration des symptômes. Certains auteurs recommandent de privilégier les CP en première intention du fait de cette nécessité de traitement prolongé.
Lors de la surveillance, l’option initiale peut toujours évoluer avec le temps en fonction de la tolérance. Bien sûr, l’information éclairée de la femme lui permet de participer activement au choix de la contraception à chaque consultation.
De Souza Gaio G, Kemczenski F, Fernandes Oliveira Amador W, Farias CF, Chagas J. Clinical effectiveness of progestogens compared to combined oral contraceptives pills in the treatment of endometriosis: a systematic review and meta-analysis. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2025;306:219-225.