Impact des infections HPV multiples dans le risque de récidive de LIEHG après traitement

Lecture critique d’article : 
Cassani C, Dominoni M, Pasquali MF, Gardella B, Spinillo A. The role of multiple high-risk human papillomavirus infection on the persistence recurrence of high-grade cervical lesions after standard treatment: A systematic review and a meta-analysis. 
Acta Obstet Gynecol Scand. 2024 Jun;103(6):1028-1035. doi: 10.1111/aogs.14827. Epub 2024 Mar 13.PMID: 38477097; PMCID: PMC11103134.

Cette méta-analyse a évalué le risque de récidive post thérapeutique d’une LIEHG en fonction de la présence d’un seul ou de plusieurs génotypes d’HPV avant le traitement.

Elle a sélectionné 22 articles ce qui a représenté 8321 femmes traitées pour une LIEHG (conisation à l’anse ou au bistouri froid, laser).

A l’heure actuelle, le rôle d’une infection à de multiples HPV par rapport à un seul HPV reste discuté en ce qui concerne l’augmentation du risque de LIEHG ou de cancer cervical.
Cette différence de risque n’a été prouvée que pour les femmes vivant avec le VIH. Dans cette population, les co-infections à HPV sont plus fréquentes que dans la population générale et il existe plusieurs facteurs impliqués dans l’augmentation du risque de survenue de LIEHG.

Dans les cancers invasifs avec co-infection HPV, l’analyse des transcripts viraux montre qu’un seul génome d’HPV est préférentiellement exprimé.

Les facteurs connus de récidive sont : 
-un test HPV positif à 6 mois post traitement
-des marges de conisation non saines (surtout si endocervicales).
Les infections multiples à HPV sont plus fréquentes en cas de multiples partenaires sexuels, de début précoce de la sexualité, d’immunodépression et de jeune âge des femmes.

Elles sont responsables de charges virales plus élevées et de persistance de l’infection à HPV ce qui sont des facteurs de risque connus de LIEHG et de progression en cancer invasif.

Cette méta-analyse retrouve un risque de récidive de LIEHG en post thérapeutique de 17,6 % en cas d’infection HPV multiple versus 14,3 % si un seul HPV positif. (OR 1,38)
Ce risque existe pour les HPV recherchés avant ou au moment du traitement, mais n’est pas retrouvé si la co-infection à HPV est présente seulement en post thérapeutique (4 études seulement).

Conclusions : 
Cette méta-analyse suggère qu’une infection à plusieurs HPV en pré-thérapeutique est un facteur de risque supplémentaire de récidive.
Cependant, il n’est pas indispensable d’avoir un génotypage lors du test HPV recommandé à 6 mois en post thérapeutique. De nombreux laboratoires le réalisent en systématique ce qui peut nous donner des informations supplémentaires, mais qui ont peu d’impact en pratique clinique, puisque de toute façon, une colposcopie sera réalisée en cas de test HPV positif.
La connaissance d’une co-infection à HPV doit nous rendre encore plus vigilant que ce soit en dépistage qu’en suivi post thérapeutique.