Peu d’études ont examiné l’incidence du cancer et les taux de mortalité sur une longue période pour la catégorie d’âge des 35-69 ans.
L’analyse de cette catégorie d’âge permet d’obtenir des données sur les tendances du cancer plus fiables et plus faciles à interpréter en termes de facteurs de risques. De plus la précision du diagnostic est meilleure dans cette tranche d'âge que chez les patients plus âgés qui présentent une plus grande proportion de diagnostics cliniques et incertains.
Les tendances observées dans le groupe d'âge des 35-69 ans reflètent également des facteurs de causalité dans le passé plus récent et à moyen terme plutôt qu'à long terme et, par conséquent, seront plus indicatives des tendances futures du cancer dans les populations plus âgées.
L’objectif de cette étude est d’examiner et interpréter les tendances de l'incidence du cancer et de la mortalité au Royaume-Uni pour tous les cancers combinés et pour les localisations cancéreuses les plus courantes chez les adultes âgés de 35 à 69 ans.
Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique (23 sites inclus au Royaume-Uni); les données sur l'enregistrement des cancers, la mortalité par cancer et la population nationale provenaient de l'Office for National Statistics, Public Health Wales, Public Health Scotland, Northern Ireland Cancer Registry, NHS England et General Register Office for Northern Ireland.
Ont été inclus les Hommes et femmes âgés de 35 à 69 ans chez qui un cancer a été diagnostiqué ou qui sont décédés d'un cancer entre 1993 et 2018.
Le critère de jugement principal était l’Évolution de l'incidence du cancer et des taux de mortalité normalisés selon l'âge au fil du temps.
1. Une augmentation de l’incidence du cancer
Le nombre de cas de cancers dans cette tranche d'âge a augmenté de 57 % chez les hommes (de 55 014 cas enregistrés en 1993 à 86 297 en 2018) et de 48 % chez les femmes (de 60 187 à 88 970).
Les taux standardisés pour l'âge montraient des augmentations annuelles moyennes de 0,8 % dans les deux sexes.
L'augmentation de l'incidence est principalement due à l'augmentation des cancers de la prostate chez l’homme, avec une augmentation annuelle moyenne en pourcentage de 4,7%.
Les tendances pour un petit nombre de cancers moins courants ont montré chez les hommes des augmentations préoccupantes des taux d'incidence, par exemple pour le mélanome de la peau (4,2%), le cancer du foie (4,7%), le cancer de l’oropharynx (3,4%), le cancer du rein (2,7%), le myélome (1,6%) et le lymphome de Hodgkin (1,5%).
Les cancers dont l’incidence a diminué chez les hommes sont principalement le cancer de l’estomac (-4,2%), de la vessie (-4,1%), les cancers broncho-pulmonaires (-2,1%), mésothéliomes (-1,9%) et cancers laryngés (-1,5%).
Chez les femmes, bien que le cancer du sein représente la principale localisation de cancer chez les femmes et joue donc un rôle important dans toutes les tendances en matière de cancer, l'augmentation annuelle moyenne n'a été que de 0,9 %.
Les plus fortes augmentations annuelles moyennes des taux d'incidence ont été observées pour les cancers du foie (3,9%), les mélanomes de la peau (3,5%) et les cancers de la bouche (3,3%), ainsi que pour les cancers du rein (2,9%), de l'utérus (1,9%) et du cerveau (1,8%).
Les plus importantes diminutions de l’incidence ont été rapporté pour les cancers de la vessie (-3,6%), les cancers de l’estomac (-3,1%) et les cancers du col de l’utérus (-1,3%).
2. Une baisse significative de la mortalité par cancer
Le nombre de décès par cancer a diminué au cours de la période de 25 ans, de 20 % chez les hommes (de 32 878 à 26 322) et de 17 % chez les femmes (de 28 516 à 23 719) ; les taux de mortalité standardisés selon l'âge ont diminué, tous cancers confondus, de 37 % chez les hommes (-2,0 % par an) et de 33 % chez les femmes (-1,6 % par an).
Une baisse de la mortalité a été signalée pour presque tous les types spécifiques de cancer examinés (23 au total), seuls les cancers du foie, de la bouche et de l'utérus montrant une augmentation, ainsi que le cancer de la peau par mélanome chez les hommes et le cancer du pancréas chez les femmes, tous deux montrant de légères augmentations.
Les baisses les plus importantes de la mortalité ont été observées pour les cancers de l'estomac, du mésothéliome et de la vessie chez les hommes et pour les cancers de l'estomac et du col de l'utérus et les lymphomes non hodgkiniens chez les femmes. La plupart des modifications de l'incidence et de la mortalité étaient statistiquement significatives, même si l'ampleur du changement était relativement faible.
En conclusion, la mortalité par cancer a connu une réduction importante au cours des 25 dernières années, à la fois chez les hommes que chez les femmes âgées de 35 à 69 ans. Le succès de cette baisse est probablement à attribuer à l’amélioration de la prévention du cancer (politiques de prévention du tabagisme et programmes de sevrage), à la détection plus précoce (programmes de dépistage), à l’amélioration des tests diagnostiques et aux traitements plus efficaces. En revanche, l'augmentation de la prévalence des facteurs de risque non liés au tabagisme est probablement à l'origine de l'augmentation de l'incidence observée pour certains cancers, comme par exemple le surpoids et l’obésité, facteurs de risque reconnus de plusieurs cancers dont l’incidence augmente (cancers du foie, cancer du rein, cancer de l’utérus, cancer du sein).
De plus, dans certains cas comme dans celui du cancer de la prostate, l’augmentation du taux d’incidence est en partie liée au mode de dépistage permettant de diagnostiquer le cancer à un stade très précoce voire indolent, menant parfois à la question du surdiagnostic et à ses conséquences pour les patients.
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25 years trends in cancer incidence and mortality among adults aged 35-69 years in the UK, 1993-2018: retrospective secondary analysis
Jon Shelton,1 Ewa Zotow,2 Lesley Smith,3 Shane A Johnson,1 Catherine S Thomson,4 Amar Ahmad,1 Lars Murdock,1 Diana Nagarwalla,1 David Forman5