Microbiome vaginal et infections à HPV

Le microbiome vaginal est composé de multiples microorganismes qui colonisent le tractus génital et un microbiome équilibré est composé essentiellement de lactobacilles notamment et principalement de Lactobacillus crispatus, Lactobacillus jensenii, Lactobacillus gasseri, et Lactobacillus iners, ces lactobacilles contribuent à un environnement stable responsable d’un Ph bas créant une barrière naturelle contre les infections bactériennes ou virales. En revanche la présence de germes anaérobies comme Gardnerella, Atopobium, Dialister ou Sneathia semblent associés à un surrisque d’infection pathogène et par ailleurs la prédominance de Lactobacillus iners semble indiquer une susceptibilité accrue à une infection à HPV, HSV ou à une CIN.

De nombreuses études récentes semblent avoir montré un rôle important de la composition du microbiome vaginal dans la persistance éventuelle d’une infection HPV voire dans le développement de CIN, les mécanismes évoqués suggèrent une altération de la production d’acide lactique, de la production de peroxyde d’hydrogène (H²O²) ou de bactériocines (Les bactériocines sont une famille de peptides ou protéines synthétisés naturellement par certaines bactéries. Une bactériocine consiste généralement en un composé protéique de 20 à 60 acides aminés. Les bactériocines ne sont pas des antibiotiques mais elles possèdent des propriétés antibiotiques :elles peuvent être bactéricides ou bactériostatiques) et ainsi provoquer des altérations de la muqueuse vaginale ou cervicale facilitant l’entrée de virus et augmenter le stress oxydatif de la dysbiose.

Le microbiome vaginal est ainsi la première ligne de défense contre les possibles infections virales. La présence de germes pathogènes comme E. Coli qui semble avoir montré son rôle dans la diminution des protéines issues de MSH2 & MLH1 qui sont importantes dans les mécanismes de réparation de l’ADN, de même comme il a été montré pour Helicobacter pylori en milieu gastrique qui peut également inactiver l’expression des gènes de réparation par la modulation de miRNA et favoriser ainsi une éventuelle lésion néoplasique ou les Sneathia spp responsables de dysbiose vaginale qui semblent jouer également un rôle dans l’expression de cytokines immunosuppressives.

L’étude réalisée ici sur 85 patientes et la revue de la littérature présentée par les auteurs permet de mettre en évidence une modification de la répartition du microbiome vaginal avec notamment une prédominance de lactobacille Iners avec un déficit en Crispatus, par ailleurs présence de Atopobium spp., Prevotella spp.(retrouvée également dans certains cancers ORL) et Gardnerella spp qui sont associés au formes les plus sévères et semblent pour les auteurs favoriser la progression des lésions.

Il est possible que dans l’avenir, les tentatives de restauration d’un microbiome équilibré puissent jouer un rôle dans l’histoire naturelle des infections à HPV en améliorant les défenses immunitaires locales avec réparation du biofilm protecteur vaginal, favorisé par les lactobacilles habituels.

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J Clin Med 2023 Jul 28;12(15):4979.  doi: 10.3390/jcm12154979. Exploring Microbiota Diversity in Cervical Lesion Progression and HPV Infection through 16S rRNA Gene Metagenomic Sequencing

Irina Livia Stoian 1Anca Botezatu 2Alina Fudulu 2Ciprian Gavrila Ilea 1Demetra Gabriela Socolov 1