Probabilité d’avoir une grossesse non compliquée en fonction de l’Indice de masse corporelle de la femme (IMC) et du mode d’obtention de la grossesse.

Auteurs

Quelle est la probabilité d’avoir une grossesse sans complication ? C’est une question difficile, qui nous est parfois posée en consultation préconceptionnelle, quand on a l’opportunité de voir la patiente et/ou le couple.

Certaines patientes avec une obésité prennent des consultation préconceptionnelle à leur initiative, justement pour discuter des risques et de ce que les services spécialisés peuvent proposer mais, le plus souvent, ces consultations ont lieu car les patientes sont adressées par les nutritionnistes, diabétologues, chirurgiens bariatriques, etc.

Une équipe flamande a essayé d’estimer ces risques, à la fois en fonction de l’IMC maternel préconceptionnel, et à la fois en fonction du mode d’obtention de ces grossesses.(1)

La première étape, très subjective, est de définir ce que sont une grossesse et un nouveau-né sans complication.

Ainsi, ils définissent la grossesse sans complication comme une grossesse :

  • Sans diabètes
  • Sans hypertension artérielle liée à la grossesse
  • A terme (>37SA)
  • Avec un accouchement singleton voie basse
  • Avec un travail spontané
  • Sans hospitalisation en néonatologie
  • Sans malformation
  • Avec un fœtus ni trop gros ni trop petit
  • Sans mortalité néonatale

Et ils définissent un nouveau-né sans complication comme un nouveau-né :

  • Sans prématurité
  • Pas mort-né
  • Sans décès néonatal
  • Sans malformation

 

Maintenant que vous connaissez leurs critères, vous pouvez tester vos connaissances :

 

 

Une telle étude, même en population, sur plus de 400000 femmes, donne des réponses imparfaites. Un déclenchement du travail ou une maturation cervicale ne sont pas les signes d’une complication et peuvent être réalisés à la demande ou de façon à prévenir la survenue d’une complication. C’est souvent le cas en cas d’âge maternel avancé ou d’IMC élevé, situations typiques dans cette cohorte.

Néanmoins, ces données permettent quand même de mieux informer les patientes et les couples avant ou en tout début de grossesse. Ils permettent aussi de mieux orienter les patientes vers des sites plus adaptés.

Les résultats néonataux peuvent surprendre car globalement, quelle que soit la situation maternelle, les enfants vont bien. Cela est probablement en partie lié à des taux de déclenchement « préventifs » ou de césarienne plus élevés en cas d’obésité maternelle. Cependant, les critères étudiés sont des évènements rares et ne traduisent pas complètement l’état de santé de l’enfant. Nous ne disposons pas de la gazométrie à la naissance, ou des scores d’APGAR, par exemple.

Enfin, si les deux groupes semblent similaires, il est probable que l’IMC des patientes soit plus élevé dans le groupe des grossesses spontanées. Les patientes avec des IMC > 50 kg/m2, par exemple, sont probablement en très grande majorité dans le groupe grossesses spontanées car l’obésité trop importante est un frein à l’AMP. Les patientes avec une grossesse spontanée ne sont donc pas sélectionnées, alors que celles avec une AMP le sont.

Ces chiffres sont un rappel que les risques de complications augmentent avec l’IMC maternel, proportionnellement. Les patientes avec un IMC > 40 kg/m2 sont à considérer comme des patientes avec des grossesses à haut risque, nécessitant des locaux et équipements adaptés, mais également des équipes entrainées et habituées. Elles doivent être dans des parcours de soins dédiés, le plus tôt possible au cours de la grossesse, voire avant d’être enceinte.