Insuffisance en vitamine d : conséquences sur les taux de grossesse après fécondation in vitro et transfert d’embryon suite a une décongélation (étude prospective)

L’article de Arne VAN DE VIJVER, H. TOURNAYE et Coll. (Université de BRUXELLES, Belgique - Département de Médecine de la Reproduction, AARHUS, Danemark) a analysé les effets d’une insuffisance en vitamine D sur les taux de grossesses après transferts d’embryons préalablement cryopréservés (TEF, Frozen Embryo Transfer).

Les études antérieures semblent avoir mis en évidence un impact potentiel de l’insuffisance en vitamine D sur la fertilité et les taux de grossesses à travers un effet délétère sur la qualité ovocytaire et embryonnaire.

A ce jour, un nombre limité d’études rétrospectives a été publié avec des résultats contradictoires.

L’étude de YOSHIZAWA et Coll. (1997) avait mis en évidence un rôle important de la vitamine D sur la réceptivité endométriale et l’implantation embryonnaire.

L’étude de RUDICK et Coll. (2012) allait dans ce sens, montrant un effet direct de la vitamine D sur l’endomètre, mais une étude plus récente de FABRIS (2014) n’a pas retrouvé ces mêmes résultats, à savoir une association entre les taux de vitamine D et les taux de grossesses chez les patientes bénéficiant d’un don d’ovocyte avec transfert embryonnaire.

Les auteurs ont réalisé une étude PROSPECTIVE durant 1 an : un total de 280 patientes susceptibles de bénéficier d’un transfert d’au moins un blastocyste vitrifié a constitué un groupe chez qui a été réalisé un dosage de 25-hydroxy-vitamine D le jour du transfert embryonnaire ; les résultats ont porté sur l’impact d’une éventuelle insuffisance en vitamine D sur les taux de grossesses.

Résultats :

- Parmi l’ensemble des patientes, 127 femmes, soit 45,3 % dans le groupe étudié, présentaient une insuffisance en vitamine D (dosage inférieur à 20 ng/ml).

- 153 patientes, soit 54,6 % du groupe étudié, présentaient un taux de vitamine D normal (dosage supérieur à 20 ng/ml).

- Les protocoles médicaux de monitorage de maturation endométriale étaient identiques dans la série, avec administration de valerate d’œstrogène à une dose de 2 mg/jour pendant 7 jours, dose augmentée à 6 mg/jour, la mesure de l’épaisseur endométriale était réalisée au 13e jour du cycle ; lorsque l’échographie montrait une épaisseur endométriale supérieure ou égale à 7 mm avec aspect en « triple ligne », sous réserve que le taux de progestérone était inférieur à 1,5 ng/ml, une supplémentation en progestérone était débutée avant la réalisation du transfert du blastocyste après décongélation.

Les résultats étaient mesurés en terme de positivité du béta-HCG et également en terme de grossesses à terme.

- Les auteurs n’ont retrouvé aucune différence significative entre les deux groupes, l’un présentant une insuffisance en vitamine D, l’autre présentant des taux normaux de vitamine D le jour du transfert embryonnaire, qu’il s’agisse de positivité de béta-HCG, ou de taux de grossesses cliniques : 32,3 % de grossesses cliniques dans le premier groupe/39,5 % dans le
2e groupe.

Limitation de l’étude : les auteurs émettent deux objections pouvant expliquer une limitation de l’analyse, à savoir :

  • d’une part le caractère ethnique majoritairement « caucasien » des patientes inclues dans l’étude,
  • et par ailleurs, le fait de n’avoir pas pratiqué un dosage de la vitamine D biodisponible.

Ils concluent néanmoins que l’insuffisance en vitamine D n’est pas liée de façon significative à une diminution des chances de grossesse chez les patientes présentant une infertilité, et en tous cas pas chez les patientes bénéficiant d’un transfert embryonnaire après congélation.

De ce fait, ils ne recommandent pas qu’un dosage de vitamine D soit systématiquement effectué en routine dans ce groupe de patiente.

 

Vitamin D deficiency and pregnancy rates following frozen-thawed embryo transfer : a prospective cohort study – Arne VAN DE VIJVER, Panagiotis DRAKOPOULOS, Lisbet VAN LANDUYT, Alberto VAIARELLI, Christophe BLOCKEEL, Samuel SANTOS-RIBEIRO, Herman TOURNAYE, Nikolaos POLYZOS – Human Reproduction, Vol.31, n°8 pp.1749-1754, 2016

 
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