Augmentation du risque de cancer de l’ovaire et de tumeur « borderline » de l’ovaire chez les patientes infertiles présentant une endométriose

Cet article de C.C.M. BUIS et Coll. est réalisé en collaboration avec le groupe d’études OMEGA (Département de Gynécologie Obstétrique Centre Médical ERASMUS – ROTTERDAM – et Département d’Epidémiologie de l’Institut du Cancer des Pays Bas – AMSTERDAM).

Les auteurs de cette étude ont recherché un lien entre l’endométriose ovarienne ou extra-ovarienne et l’augmentation de risque de cancer de l’ovaire et de tumeur borderline de l’ovaire.

Les études épidémiologiques précédentes ont préalablement prouvé un lien entre endométriose et cancer de l’ovaire :

  • L’étude publiée dès 1997 par BRINTON et Coll. portant sur 20.686 femmes hospitalisées pour endométriose avait montré une augmentation du nombre de cancers de l’ovaire chez ces patientes présentant une endométriose ovarienne ; le suivi de l’étude était de 11,4 années, la limitation de cette étude était l’incapacité de contrôler d’éventuels co-facteurs, notamment la parité ou l’usage de contraception orale ; il n’y avait pas non plus d’éléments d’information sur le type d’endométriose ou le type d’intervention gynécologique réalisée.
     
  • BRINTON et Coll. en 2004 ont trouvé que les patientes présentant une endométriose avaient un risque plus élevé de développer un cancer, en comparaison avec les patientes d’un groupe contrôle : le nombre de patientes incluses dans l’étude était de 1.919 et le groupe contrôle était de 3.657, l’endométriose était diagnostiquée par chirurgie, mais sans confirmation histologique et sans information sur la localisation exacte de l’endométriose. Le suivi moyen était de 18,8 années.
     
  • Dans une étude plus récente, STEWART et Coll. (2013) ont étudié de façon rétrospective une cohorte de 21.646 patientes traitées pour infertilité entre 1982 et 2002 : ils ont étudié les effets d’un traitement de fécondation in vitro (FIV), d’endométriose et de parité, sur le risque de survenue de cancer de l’ovaire : les patientes chez qui avait été porté le diagnostic d’endométriose et restées nullipares, avaient un risque trois fois supérieur de survenue de cancer de l’ovaire. L’association entre cancer de l’ovaire et endométriose était significative après ajustement de multiples co-facteurs, tels que parité et utilisation d’une contraception orale.
     

Dans l’étude OMEGA, la cohorte a été étudiée entre 1980 et 1995 (n = 3.657).

Un groupe de patientes infertiles sans endométriose a également été étudié (n = 8.904) et un groupe contrôle sans problème d’infertilité comportait 5.247 patientes.
 

Le suivi de l’étude était de 15,2 années pour l’ensemble de la population étudiée.

Le diagnostic d’endométriose était porté pour des résultats histologiques dans 68 % des dossiers ; le diagnostic de cancer de l’ovaire ou de tumeur « borderline » de l’ovaire a été réalisé à partir des résultats du Registre National de Cancer des Pays-Bas entre 1989 et juin 2007.
 

Résultats :

Dans le groupe d’endométriose (n = 3.657), 36 % des patientes présentaient une endométriose ovarienne et 14,6 % une endométriose extra-ovarienne ; dans le reste des cas, le diagnostic d’endométriose n’était pas connu.

Les auteurs ont retrouvé une augmentation de facteurs 3 à 8 du risque de tumeur de l’ovaire associée à l’endométriose : ce risque était augmenté à la fois pour les cancers de l’ovaire et pour les tumeurs « bordeline » de l’ovaire.

Le Hazard ratio associé avec l’endométriose était de 12,4 pour le cancer de l’ovaire et de 5,5 pour les tumeurs « bordeline » de l’ovaire.

Les auteurs ne retrouvaient pas de différence significative, quelle que soit la localisation ovarienne ou extra-ovarienne de l’endométriose.

En ce qui concerne la limitation de cette étude, les auteurs ne retrouvent pas d’information sur l’utilisation d’un contraceptif oral dans 23,4 % des cas et en ce qui concerne la parité, dans 3,4 % des dossiers.

En conclusion, les auteurs confirment les études préalablement réalisées sur les liens entre endométriose et augmentation du risque de cancer de l’ovaire ; les dossiers étudiés ont porté sur des patientes présentant un problème d’infertilité, en sachant que la majorité des patientes présentant une endométriose ne présentent pas forcément un problème de fertilité. Les auteurs ne peuvent donc conclure si un lien entre cancer de l’ovaire et endométriose existe dans un groupe de patientes fertiles.

De même, des études plus poussées sont nécessaires pour mieux affiner l’appréciation du risque entre endométriose, utilisation d’un contraceptif oral et parité par rapport à des patientes n’ayant pas eu d’administration d’un contraceptif oral.

 

Increased risk for ovarian cancer and borderline ovarian tumours in subfertile women with endometriosis – C.C.M. BUIS, F.E. van LEEUWEN, T.M. MOOIJ and C.W. BURGER on behalf of the OMEGA Project Group - Human Reproduction Vol. 28 n°12 pp3358-3369, 2013.

 
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