Surveillance après conisation : le test HPV

La surveillance des patientes traitées pour une lésion de CIN2 + reste encore débattue, notamment en France où, malgré les recommandations publiées par le collège (CNGOF) en 2008, le remboursement du test HPV n’est pas encore effective. Cette étude multicentrique prospective compare l’efficacité du Frottis cytologique, du Test HPV ou de la combinaison des 2 (co-testing).

En dehors de l’utilisation pratique de ces tests, cette étude nous renseigne également sur les facteurs pouvant favoriser la récidive ; ainsi si le taux global de récidive sur une période de surveillance allant de 5 à 21 ans (moyenne 24 mois) à été ici de 17 % pour la survenue d’une CIN2+ et de 10 % pour les CIN3. Les facteurs semblant favoriser la récidive ont été :

  • le tabac, en effet si le taux de récidive chez les non fumeuses a été de 8.7 %, il était à 27,1 % (soit trois fois plus) chez les fumeuses de plus de 10 cigarettes par jour,
  • la multiparité, ainsi le taux de récidive chez les nullipares était de 5 %, pour 20,8 % chez celles ayant déjà accouché,
  • en revanche, ni l’utilisation de préservatifs, ni l’utilisation d’une contraception orale, ni même le nombre de partenaires sexuels, ne semblent influencer le taux de récidive.

Quant à la sensibilité et la spécificité du frottis et du test HPV :

  • à 6 mois postopératoires : le taux de récidive lorsque le test HPV était négatif était de 6,5 %, ce taux était de 7,7 % en cas de cytologie normale et de 4,6 % lorsque les 2 tests étaient négatifs (d’où l’intérêt de les associer),
  • après 3 frottis consécutifs négatifs utilisés seuls, le risque de récidive d’une CIN2+ est de 2,9 % à 5 ans et de 5,2 % à 10 ans,
  • après 2 frottis et tests HPV négatifs (co-testing) faits à 6 & 24 mois, le taux de récidive d’une CIN2+ était de 1 % à 5 ans et de 3,6 % à 10 ans, soit légèrement inferieur.

La survenue d’une récidive n’est donc pas une situation exceptionnelle et mérite une adaptation particulière de la surveillance chez ces patientes à haut risque. L’utilisation du test HPV dans la surveillance des patientes traitées pour une lésion précurseur permet d’avoir la meilleure valeur prédictive négative et justifie donc son utilisation dans la surveillance (probablement pas avant 6 mois postopératoires) ; néanmoins la cytologie entre des mains expérimentées (comme dans cette étude). Trois frottis négatifs semblent, ici, équivalents à 2 « co-testing » négatifs et permettraient, selon les auteurs, de replacer les patientes dans une surveillance traditionnelle de patientes à frottis normaux de la population générale.

Risk of recurrent high-grade cervical intraepithelial neoplasia after successful treatment: a long-term multi-cohort study.
Kocken M, Helmerhorst TJ, Berkhof J, Louwers JA, Nobbenhuis MA, Bais AG, Hogewoning CJ, Zaal A, Verheijen RH, Snijders PJ, Meijer CJ.
Lancet Oncol. 2011 May;12(5):441-50

Pour en savoir plus :
Follow-up outcomes for a large cohort of US women with negative imaged liquid-based cytology findings and positive high risk human papillomavirus test results.
Zhao C, Chen X, Onisko A, Kanbour A, Austin RM.
Gynecol Oncol. 2011 May 20.
[Guidelines for the follow-up of women treated for high-grade cervical neoplasia].
Mergui JL, Polena V, David-Montefiore E, Uzan S.
J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris). 2008 Feb;37 Suppl 1:S121-30. Review. French.

 
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