Grossesse et sport

Le risque d’une activité sportive en cours de grossesse a longtemps prévalu sur les bénéfices qui pouvaient en résulter, mais  actuellement les données scientifiques  en particulier les études de cohortes  permettent d’affirmer d’une part  que les bénéfices d’une  activité physique ou sportive d’intensité modérée sont nombreux et que les risques d’une activité physique ou sportive au cours d’une grossesse physiologique étaient plus  hypothétiques  que réelles, qu’il s’agisse du risque de fausse couche, de retard de croissance intra utérin, ou de prématurité.

L’activité physique est favorisée au cours de la grossesse par une adaptation cardio respiratoire propre à la grossesse avec un meilleur apport d’oxygène aux muscles   du fait de l’augmentation du débit cardiaque , augmentation du volume plasmatique et du volume d’éjection systolique et d’un autre coté une stimulation des centres respiratoires avec une respiration plus ample, sans augmentation de la fréquence respiratoire entrainant une amélioration de la consommation maximale d’oxygène ( VO2max) qui peut atteindre 20 à 30 %.  Cependant le développement abdominal de l’utérus gravide, la prise de poids,  la survenue d’une hyperlaxité  à partir du 5- 6 ème mois, et le risque de fragiliser d’autant le périnée,  limitent les possibilités  de sports portés comme le jogging ou les sports de raquettes, tennis , squash, badminton.

La liste des sports possible est longue, retenons que dès le début de la grossesse les activités à risque de chute ou de traumatismes seront à éviter ( sports collectifs , sports de combat , arts martiaux, ski nautique, roller , skate board), aussi est il utile  de  poser la question de la pratique antérieure à la grossesse ; la plongée sous- marine est contre indiquée de façon absolue mais temporaire du fait du risque de fausse couche spontanée, de décollement placentaire ou de malformations fœtales des membres  par non résorption des bulles d’azote lors de la remontée.

Ces précautions acceptées, c’est souvent un avis sur une pratique déjà expérimentée qui est  demandé au praticien : loin du «  tout interdit », les recommandations actuelles permettent de conseiller  la patiente  quant à la fréquence des séances  limitée de façon consensuelle à 40 minutes d’intensité modérée, 3 à 5 fois par semaine ( Société Canadienne de Gynécologie Obstétrique) , en dehors du cas particulier des sportives de haut niveau pour lesquels un programme d’entrainement fonction de  la grossesse peut être adapté  avec des séances d’1 heure à une intensité proche de 80 % de la FCmax  en restant en effort sub maximal et en aérobie.

Certaines pratiques sportives, antérieures à la grossesse et bien maitrisées,  peuvent être continuées jusqu’au 5 ème mois : Il s’agit de l’équitation , tout en limitant certaines allures  ou le saut d’obstacles, du ski de fond avec une pratique évitant les forts dénivelés, du ski de piste , du tennis de préférence sur terre battue ou en double, du golf par exemple. Un travail d’exercices en  résistance contre le poids du corps est possible de même l’utilisation de  haltères de 1 à 2 kg et certains exercices de yoga.

La marche et la natation qui peuvent être faits jusqu’au terme restent  les activités les plus pratiquées par les femmes au cours de la grossesse, il peut s’agir des 4 types de nage ou de la gymnastique aquatique adaptée à la grossesse.  L’intensité restera modérée, elle se définit le mieux par le test de la parole, c’est-à-dire que la sportive peut parler pendant sa pratique et n’est pas limitée par un essoufflement important.

Dans tous  les cas des règles de bonne pratique seront rappelées : hydratation suffisante avant et pendant les séances, éventuelle collation supplémentaire, échauffement progressif avant la séance  et  récupération facile après la séance, interruption de toute activité en cas de survenue de  dyspnée, vertiges, céphalées, à fortiori si métrorragies, contractions ou perte de liquide.

Les contre- indications à l’activité sportive sontrares et sont énoncées par l’American College of Obstetricians Gynecologists

Contre-indications absolues

Contre-indications relatives

Rupture des membranes

Grossesse gémellaire après la 28ème SA

Travail pré terme

Perte de liquide amniotique

Antécédents de prématurité

Fausses couches spontanées répétées

Retard de croissance intra utérin

Anémie sévère (Hémoglobine <10g/l)

Béance cervico isthmique – cerclage

Malnutrition

Placenta praevia après la 28 èmeSA1

Métrorragies

Troubles cardio -vasculaires ou respiratoires

légers ou modérés

Hypertension gravidique et preeclampsia

 

Grossesse multiple ≥ 3 fœtus

Maladies cardiovasculaires et ou pulmonaires graves

 

1SA : semaine d’aménorrhée

Les bénéfices sont nombreux. Nous citerons les principaux :

  • Un bien être psychique et une meilleure acceptation des modifications corporelles.
  • Un risque de surpoids diminué, comme l’a montré l’étude NELIP (Nutrition and Exercise Lifestyle Intervention Program) avec la réduction significative de la prise de poids maternelle  par le rôle complémentaire d’un suivi nutritionnel (2000 kcal/jour) et d’un programme de marche au moins 3 fois par semaine , entrainant une fréquence moindre des poids de naissance élevés ( supérieur à 4 - 4,5 kg) par rapport aux femmes de même IMC n’ayant pas suivi le programme.
  • Une diminution du risque de diabète gestationnel : L’activité physique induit une amélioration de la sensibilité à l’insuline, une meilleure tolérance au glucose, retarde et diminue significativement le besoin en insuline. En cas de diabète gestationnel c’est un traitement adjuvant au régime et à l’insulinothérapie si instauré.
  • La  diminution du risque de pré éclampsie reste discutée, elle est retrouvée seulement chez les femmes pratiquant une activité physique régulière l’année avant la grossesse.
  • Une diminution des douleurs lombaires et des  symptômes veineux chez les femmes pratiquant des activités aquatiques.
  • Une diminution significative  des prescriptions médicamenteuses pour dépression du post partum chez les femmes ayant pratiqué tout au long de leur grossesse une activité physique par rapport aux femmes sédentaires.

Ces bénéfices sont observés pour une activité d’intensité modérée.
 

Des risques ou idées reçues.

Au cours d’une grossesse physiologique , il n’y a pas de risque à continuer ou à commencer une pratique adaptée  d’intensité modérée avec des séances ne dépassant pas 40 minutes à 1 heure, cette durée peut être atteint progressivement si la femme est sédentaire avant sa grossesse.

Le risque de fausse couche n’est pas corrélé à une pratique modérée.

L’analyse de cohorte danoise portant sur 79692 naissances singleton ne montre aucune corrélation entre le niveau d’activité physique et un RCIU, ou le poids de naissance.

Il n’y a pas de risque de prématurité liée à une pratique sportive modérée.

Conclusion 

Lutter contre  l’arrêt intempestif de toute activité sportive lors de la grossesse physiologique, et promouvoir l’activité sportive au cours de la grossesse, adaptée en fonction des trimestres,  fait partie de la consultation pré -conceptionnelle ou de la 1 ère consultation de suivi de grossesse. C’est une garantie de bonne santé maternelle et fœtale, en limitant le risque ultérieur de surpoids liée, au moins en partie, au mode de vie sédentaire.

 
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