DUOSTIM chez des patientes « mauvaises répondeuses » dans le cadre de protocoles de fécondation in-vitro (FIV)

BISTIM study, first RCT comparing ovarian stimulation on the same cycle Duostim v/s conventional ovarian stimulation (COS) in poor ovarian responders undergoing IVF 

La présentation de Nathalie MASSIN et coll., lors du Congrès de l’ESHRE (Milan 2022), a porté sur l’intérêt de la duostimulation (BISTIM) en comparaison avec la stimulation ovarienne conventionnelle (COS) chez des patientes présentant une réponse ovarienne faible dans le cadre de protocoles de FIV (Service de Médecine de la Reproduction – Hôpital Intercommunal de CRETEIL, France ; Clinique SAINT ROCH – MONTPELLIER ; Clinique JEAN VILAR, Service de Médecine de la Reproduction – BRUGES).

Le but de cette étude randomisée est de comparer le nombre d’ovocytes recueillis après une duostimulation par rapport à deux stimulations ovariennes classiques (cycles traités par FSH et antagonistes) dans le cadre de faibles réponses ovariennes.

Connaissances actuelles :

Plusieurs « vagues » de développements folliculaires existent sur un même cycle. Des études récentes ont montré la possibilité de recueils ovocytaires avec une qualité équivalente lorsque le traitement commence en phase lutéale, même lorsqu’une stimulation précédente a été réalisée en phase folliculaire.

Durant la stimulation ovarienne, les follicules de plus petite taille sont recrutés, ce qui peut augmenter la sélection de follicules disponibles pour une seconde stimulation.

Cette double réponse peut potentiellement avoir un intérêt important, dans la mesure où deux stimulations ovariennes sur le même cycle pourraient permettre un recueil plus important d’ovocytes en comparaison à deux stimulations conventionnelles.

Analyse de l’étude :

Les auteurs ont mené une étude multicentrique randomisée entre septembre 2018 et mars 2021, le but étant d’augmenter de plus de 1,5 le recueil de cumulus ovocytaires par rapport à des inductions d’ovulation classique.

88 patientes présentant des critères de réponse ovarienne faible selon les critères de BOLOGNE (compte de follicules pré-antraux inférieur ou égal à 5, ou AMH inférieur ou égal à 1,2 ng/ml et nombre d’ovocytes inférieur ou égal à 3 recueillis dans un traitement de FIV précédent) ont été randomisées : le premier groupe (groupe D) a été traité par DUOSTIM
(n = 44) et le groupe C (n = 44) a été traité de façon conventionnelle.

Dans le groupe D, un cumul ovocytaire a été réalisé et fertilisé après le 2ème recueil ovocytaire, avec vitrification de tous les embryons, tandis qu’un transfert d’embryons frais a été réalisé dans le groupe C.

Résultats de l’étude :

- Il n’y avait pas de différence dans les deux groupes concernant les paramètres de stimulation, les marqueurs de réserves ovariennes (nombre de follicules pré-antraux ou taux d’AMH).

- Le nombre moyen d’ovocytes recueillis après deux stimulations ovariennes n’était pas statistiquement différent dans le groupe D et le groupe C, respectivement 5/3,4 et 4,6/3,4.

Le nombre d’ovocytes matures était également identique dans les deux groupes.

Le nombre moyen d’embryons était de façon significative plus bas dans le groupe D (0,8/1,3) que dans le groupe C (1,6/1,3).

Le pourcentage de grossesses évolutives était de 17,9% dans le groupe D
(7 patientes enceintes sur 39), tandis que le taux de grossesses dans le groupe C était de 29,3% (12 patientes enceintes sur 41).

Les auteurs rapportent également un pourcentage de grossesses notable après la première stimulation ovarienne et transfert embryonnaire dans le groupe C, patientes qui n’ont donc pas eu de 2ème induction d’ovulation.

Conclusion :

Le bénéfice de la duostimulation sur le même cycle (DUOSTIM) chez les patientes ayant une réponse ovarienne faible n’a pas été confirmé par cette étude randomisée.

A priori, le recrutement folliculaire en phase lutéale n’a pas potentialisé le nombre d’ovocytes recueillis après la première stimulation en phase folliculaire.

Les auteurs notent aussi que la stratégie de « freeze all » n’est pas forcément comparable au transfert d’embryons frais après le premier cycle d’induction d’ovulation, stratégie qui a donné lieu à un taux de grossesses notable.

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Référence Congrès ESHRE 2022 – Session 22, Poster 0-068

 

 
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