Utilisation de la corifollitropine alpha (FSH à libération prolongée) comparée à la follitropine beta (rFSH) chez les patientes « mauvaises répondeuses » dans les traitements de Fécondation In Vitro (FIC) avec ICSI : essai randomisé

E.M. KOLIBIANAKIS, B.C. TARLATZIS (Université de Thélassonique et Université de New South Wales, Sydney, Australie) ont analysé dans cet article l’utilisation de la corifollitropine alpha à la dose de 150 µg durant les 7 premiers jours de stimulation ovarienne chez des patientes considérées comme « mauvaises répondeuses ». Ils ont comparé dans cet essai randomisé les réponses ovariennes à un groupe de patientes traitées dans les 7 premiers jours de stimulation ovarienne par rFSH à la dose de 450 UI.

Chez les patientes considérées comme « mauvaises répondeuses » selon les critères de BOLOGNE, l’un des problèmes majeurs est représenté par la réponse ovarienne inadéquate, malgré des doses élevées de FSH exogène, avec comme conséquence le recueil d’un nombre faible de cumulus ovocytaires, d’où la probabilité importante d’un faible nombre d’embryons de qualité à transférer.

Pour pallier ce problème, plusieurs études avaient montré que la co-administration de « growth hormons » associées à la FHS exogène, ainsi que les traitements préalables aux cycles d’induction d’ovulation de testostérone par voie transdermique, était associée à une probabilité plus importante de meilleur recueil ovocytaire et de taux de grossesses après traitement de FIV.

L’utilisation de la FSH à libération prolongée (corifollitropine alpha) est récente en pratique clinique et a été associée à un recueil plus important quantitativement de complexes de cumulus ovocytaires, en comparaison avec l’administration quotidienne de rFSH chez les patientes en dessous de 36 ans (Etude de DEVROEY et coll. 2009).

Théoriquement, la corifollitrophine alpha devrait améliorer le « rendement ovocytaire » chez les mauvaise répondeuses, par rapport à l’administration quotidienne de rFSH, depuis qu’il a été montré que l’utilisation de FSH à libération prolongée entrainait un pic de FSH circulant dans les 2 jours qui suivaient son administration (Etude de FAUSER et coll. 2010), alors que ce délai est de l’ordre de
3 à 5 jours en cas d’administration quotidienne de FSH.

Les auteurs ont donc proposé une étude randomisée chez un groupe de 79 patientes traitées par ICSI et ayant présenté des critères « de mauvaise réponse ovarienne préalable » pour évaluer les effets de l’administration unique dans les 7 premiers jours de l’induction d’ovulation d’une dose de 150 µg de corifollitropine alpha.

Cette étude a été menée entre janvier 2011 et mars 2014,

Critères d’inclusion :

  • Antécédents de réponse ovarienne faible, définie comme un recueil de moins de 4 ovocytes ;
  • Age inférieur à 45 ans ;
  • Cycles menstruels réguliers avec BMI compris entre 18-32 kg/m2 ;
  • Dosage de FSH inférieur à 20 UI/l.

Caractéristiques de la cohorte des patientes :

Dans les 2 groupes, l’un traité par corifollitropine alpha (n = 40) et l’autre par follitropine béta (rFSH) (n = 39), l’âge moyen était de 40,5 ans pour le premier, et de 41 ans pour le 2e groupe.

Les auteurs n’ont pas noté de différence significative entre le BMI, la durée d’infertilité (moyenne de 5 ans), le nombre préalable de cycles de traitement ou les causes d’infertilité ayant fait poser l’indication d’une FIV.

Le compte de follicules pré-antraux était identique dans les deux groupes (7 FPA). Le taux de FSH circulant de base était de 10 UI / l dans les deux groupes.

Les traitements :

Dans le groupe n°1, au 2e jour du cycle, les patientes ont été traitées par une dose unique de 150 µg de corifollitropine alpha, suivie au 8e jour de la stimulation ovarienne par l’administration de 450 UI de rFSH associée à un traitement d’antagonistes en prévention d’une ovulation spontanée, et ce jusqu’au déclenchement de l’ovulation par HCG recombinant, lorsqu’a été obtenue la croissance au moins  de 2 follicules ovariens de 17 mm de diamètre.

Dans le 2e groupe, le traitement par follitrophine béta (rFSH) a été commencé au
2e jour du cycle de 450 UI de rFSH, le déclenchement d’ovulation étant réalisé dans les mêmes conditions.

Les résultats :

  • le nombre de complexes ovocytaires recueillis n’était pas statistiquement différent entre les deux groupes traités : 2,5 dans le groupe traité par corifollitropine alpha / 2 dans le groupe traité par follitropine béta ;
  • le taux de fertilisation par patiente était identique ;
  • le nombre d’embryons transférés était de 1,5 dans le groupe 1 / 1,3 dans le 2e groupe ;
  • le taux de grossesses cliniques était de 7,9 dans le premier groupe / 3,6 dans le second groupe ;
  • le taux de grossesses évoluant à terme était de 7,9 dans le groupe traité par corifollitropine alpha / 3,6 dans le second groupe.

Limitation de l’étude et hypothèses de recherche :

  • Cette étude préliminaire ne présente pas une cohorte suffisante pour des résultats probants, notamment en termes de résultats de grossesses évolutives.
  • Par ailleurs, les critères d’inclusion des patientes, et notamment l’analyse des taux d’hormone antimüllerienne, n’ont pas été pris en considération.
  • Les auteurs évoquent également l’hypothèse de l’intérêt de la corifollitropine alpha sur le taux de progestérone le jour du déclenchement de l’ovulation : dans cette étude, les auteurs ont trouvé un taux plus élevé de progestérone dans le groupe de patientes traitées par rFSH par rapport aux patientes traitées par FSH à libération prolongée : bien que ce « pic » de progestérone le jour de l’HCG n’était pas particulièrement élevé, il a été montré que ces taux, lorsqu’ils étaient de l’ordre de 0,8 ng/1000 l, pouvaient avoir un effet délétère sur la qualité embryonnaire et les résultats de grossesses (Etude de VENETIS 2013).
  • Les auteurs émettent également l’intérêt d’une étude complémentaire sur l’utilisation de doses moindres de FSH (200 UI plutôt que 450 UI) après le
    8e jour d’utilisation de la corifollitropine, ce qui aurait pour effet probablement bénéfique d’une part de réduire les unités de FSH administrées, d’autre part de diminuer les effets délétères sur les ovocytes d’une administration trop élevée de FSH exogène.

Corifollitropin alfa compared with follitropin beta in poor responders undergoing ICSI : a randomized controlled trial – E.M. KOLIBIANAKIS et coll.  – Human Reproduction, vol 30 n° 2 pp 432 – 440, 2015

 
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