La définition des « mauvaises répondeuses » suivant les critères de Bologne est elle toujours d’actualié ?

Introduction

La “gestion” de la mauvaise répondeuse reste l’un des défis les plus importants à relever en FIV.
47 essais randomisés ont été publiés depuis 2011 en utilisant 41 définitions différentes ! (Polyzos et Devroey 2011).
Pour remédier à cette confusion, une définition « standardisée » des mauvaises répondeuses a été proposée pour la première fois par l’ESHRE en 2011 et surnommé « les critères de Bologne »

Critères de Bologne

Les patientes sont considérées à «  risque de réponse ovarienne faible » si au moins 2 des critères suivants sont présents :

-Age maternel avancé (≥40 ans) ou tout autre facteur de risque de réponse ovarienne faible,
-Un antécédent de réponse insuffisante à une stimulation (cycles d’annulation ou moins de 3 ovocytes recueillis après un protocole habituel)
-Un test de réserve ovarienne anormale (CFA< 5-7 follicules ou AMH<0.5-1.1ng/ml).
En l’absence d’âge maternelle avancé ou de réserve ovarienne diminuée prouvé par les marqueurs ,2 antécédents de mauvaises réponses suffisent pour être inclus dans les critères.

 

Analyse de ces critères :

1) Age
Bien que la réponse ovarienne à la stimulation diminue avec l‘âge du fait de la baisse du stock de follicules ovariens, l’âge n’est pas à lui seul un marqueur précis de la prédiction de la réserve ovarienne.
Ferraretti a montré, en 2011, que lors de la stimulation ovarienne pour FIV, la baisse de la réserve ovarienne atteint son maximum après 43 ans, où le risque de faible réponse est alors supérieur à 70%. Cependant le seuil choisi pour les critères de Bologne a été de 40 ans suivant le principe qu’aucun seuil extrême ne soit  nécessaire si l’on utilise une combinaison de plusieurs critères.

2) Nombre d’ovocytes recueillis
Le seuil de 3 ovocytes a été retenu en dessous duquel on définit une mauvaise réponse. 2 études récentes (Bhattacharya et al, 2013 ; Polyzos et al ; 2014) confirment que le choix de ce seuil est judicieux pour prédire le risque de « mauvaise réponse ».

3) Les tests de réserves ovariennes
Aujourd’hui, les 2 marqueurs CFA et dosage de l’AMH, sont recommandés pour prévoir la réponse ovarienne dans la pratique clinique (ASRM 2012, La Marca et Sunkara , 2014), mais ne permettent pas, à eux seuls d’identifier de façon précise les mauvaises répondeuses. Les seuils que ce soient pour l’AMH et pour le CFA sont encore débattus. Il n’y a pas de consensus communément admis.
 

Intérêts des critères de Bologne

Les critères de Bologne visent tout d’abord à identifier, de façon simple et reproductible, des populations homogènes de « mauvaises répondeuses » pour les études à venir, et ainsi faciliter la recherche.
Ces critères pourraient servir à homogénéiser ce groupe de patientes dans certaines études notamment sur l’efficacité d’utiliser des androgènes (Bosdou, 2012) ou des hormones de croissance (De Ziegler, 2011), pour améliorer leurs pronostiques.
 

Limites

La principale critique vient du fait que ces critères ne tiennent compte que de la quantité et non de la qualité des ovocytes.
Pour améliorer l’homogénéité du groupe de « mauvaise répondeuse », Papathanasiou propose d’affiner la définition en introduisant 8 strates pour diminuer les biais notamment lorsque la taille de l’échantillon est petite.
 

En conclusion, la recherche clinique à ce jour a été souvent entravée par l’absence d’homogénéisation de ce groupe de patientes et ainsi l’utilisation des critères de Bologne devrait permettre de mieux comparer les données, d’augmenter le pool des échantillons, et de fournir une aide précieuse pour améliorer  la gestion des mauvaises répondeuses.
 

The Bologna criteria for the definition of poor ovarian responders: is there a need for revision? Anna Pia Ferraretti and all, Human reprod vol 29, n° 9 pp.1842-1845, 2014

The Bologna criteria for poor ovarian response: the good, the bad and the way forward.
Christo s A. Venetis;Human Reprod, vol 29 n°9 pp.1839-1841,2014

 
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