Induction d’ovulation et anomalies épigénétiques

Les mécanismes épigénétiques commandent au développement et à la régulation de l’expression des gènes dans les différents types cellulaires de l’organisme qui portent la même séquence génomique de DNA.

On peut comparer les nucléotides des séquences du DNA aux lettres d’un « texte complexe » ; les marqueurs épigénétiques définissent les espaces, la ponctuation, les phrases, les paragraphes et le style qui font de ces séquences un texte compréhensible.

P. FAUQUE rappelle dans cette mise au point que les principaux types des marqueurs épigénétiques qui contrôlent l’expression de ces gènes, sont la méthylation du DNA sur les di-nucléotides CTG, les modifications d’histones protéiques et les RNAs non codants.

L’empreinte génomique est un phénomène non spécifique chez les mammifères, qui résulte de la régulation de séquences de gènes du développement présents dans certaines régions (ICRs - Imprinting Controles Region).

Ces gènes jouent un rôle crucial dans le développement et la croissance embryonnaire, les fonctions placentaires, les métabolismes post-nataux, voire le comportement.

Des millions d’enfants (1 à 2 % des naissances en Europe et aux USA) sont nés après assistance médicale à la procréation chez des couples présentant une infertilité.

Bien que les techniques d’AMP soient généralement considérées comme dénuées d’effets délétères, plusieurs publications ont évoqué les augmentations de risques liées à des anomalies d’empreintes génomiques, comme dans le syndrome de Beckwith-Wiedemann (syndrome 9 fois plus fréquent chez les enfants nés après AMP) et le syndrome d’Angelman.

Le défaut épigénétique commun à ces deux syndromes est l’hypométhylation de l’allèle maternel du relevant DMP.

On ne sait pas encore quelles étapes de l’AMP sont impliquées dans les anomalies épigénétiques, mais l’auteur suspecte, à partir de nombreuses observations, notamment dans le modèle MURIN, que l’induction d’ovulation soit en cause, bloquant l’acquisition des empreintes durant la maturation ovocytaire.

Comme dans le modèle MURIN, SATO et Coll. (2007) retrouvent sur les ovocytes humains recueillis après induction d’ovulation des erreurs de séquençage au niveau des gènes PEG1 (perte de méthylation) et H19 (gain de méthylation) ; les auteurs ne peuvent néanmoins distinguer si ces déséquilibres de méthylation du DNA sont liés au traitement de stimulation ovarienne, à l’âge des patientes, à l’immaturité ovocytaire ou inhérents au contexte propre à l’infertilité.

HOURY et Coll. (2008), GEUNS et Coll. (2007) avaient mis en évidence des diminutions de méthylation sur les gènes KVTMR1 dans la moitié des ovocytes recueillis après fécondation in vitro.

Par ailleurs, plusieurs études menées sur la période d’implantation (HERTZD, YIN, 2002), ont suggéré le rôle de la méthylation du DNA sur la réceptivité endométriale et les modifications liées aux traitements hormonaux.

Selon YIN, les troubles de méthylation au niveau embryonnaire seraient prépondérants par rapport à l’endomètre et expliqueraient les échecs d’implantation embryonnaire.

En conclusion :

Selon P. FAUQUE, il reste difficile de déterminer si les mutations épigénétiques rencontrées chez les enfants après assistance médicale à la procréation sont les conséquences directes des techniques d’AMP ou liées au contexte d’infertilité du couple.

Plusieurs études convergent vers un rôle probable des traitements hormonaux utilisés dans les inductions d’ovulation sur l’incidence plus élevée d’épimutations.

Parmi les arguments retenus :

  • L’acquisition de l’empreinte maternelle se fait sur une période relativement longue et donc plus sujette à un déséquilibre potentiel lié au traitement,
     
  • L’emploi de FSH exogènes augmente de façon artificielle le nombre d’ovocytes normalement destinés à une atrésie,
     
  • L’acquisition de la méthylation ovocytaire est un phénomène complexe et peut être d’autant plus fragilisée par l’administration d’hormones, l’âge, les facteurs environnementaux ou le contexte même d’infertilité.
     

Patricia FAUQUE - “Ovulation induction and epigenetic anomalies” Fertility and Sterility - Volume 99 - n° 3, March 2013

 
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