Congeler tous les embryons améliore les taux d’implantation chez les couples en échecs d’AMP

Freeze-all is superior therapy to another fresh cycle in patients with prior fresh blastocyst implantation failure.
Shapiro BS, Daneshmand ST, Garner FC, Aguirre M, Hudson C.
Reproductive BioMédecine Online (2014), In press.

Malgré les avancées en médecine de la reproduction, les échecs d’implantation restent très élevés et souvent inexpliqués. Certaines équipes ont mises en place des transferts au stade blastocyste afin de se placer dans un meilleur timing vis à vis de la fenêtre implantatoire et ainsi d’améliorer les taux de grossesses. Certaines équipes ont montré que les taux d’implantation chutaient de 31% à 18% entre un premier transfert et un deuxième transfert de blastocystes frais (Shapiro et al, 2011).

L’une des raisons de ces échecs d’implantation est la modification de la réceptivité endométriale à cause de la stimulation ovarienne ; modification histologique, génomique et biochimique (Horcajadas et col, 2007).

L’une des solutions pour contourner ce problème est de congeler la totalité des embryons et transférer les embryons congelés-décongelés à distance du cycle de stimulation ovarienne.

L’efficacité de cette technique avait déjà été montrée pour les transferts d’embryons au stade blastocyste congelés-décongelés par rapport aux transferts de blastocystes frais au cours d’une première tentative de fécondation in vitro (Shapiro et col, 2011).

Le but de la présente étude est de voir sur une série rétrospective si cette technique est également efficace pour des couples ayant déjà eu des échecs d’implantation au stade blastocyste. La comparaison étant réalisée au cours d’une nouvelle tentative soit en réalisant de nouveau un transfert de blastocyste en « frais », soit en réalisant une congélation de toute la cohorte et un transfert à distance.

Chez les couples ayant eu au moins un échec d’implantation, il leurs est proposé soit de refaire une nouvelle tentative avec un transfert frais, soit de congeler l’ensemble de la cohorte au stade 2PN (zygote). Toute la cohorte sera ensuite décongelée et mise en culture jusqu’au stade blastocyste pour le transfert ; les blastocystes surnuméraires étant congelés (méthode lente).

Les résultats montrent une augmentation significative du taux d’implantation dans le groupe où tous les embryons ont été congelés (odds ratio de 3,8 en faveur de ce groupe pour les naissances).

Cette étude est la première montrant que la stratégie de congeler la totalité des embryons (ici au stade zygote) présente un intérêt y compris chez les couples ayant déjà au moins un échec d’implantation.

D’autre part, le taux d’implantation des blastocystes surnuméraires est identique bien qu’ils aient été congelés deux fois.

 

Commentaire de l’article.

Le choix d’une culture prolongée afin d’obtenir des blastocystes permet à la fois de sélectionner les embryons ayant le meilleur potentiel implantatoire et de transférer ces embryons au moment de la fenêtre implantatoire de l’endomètre (période optimale). Néanmoins, les taux d’implantation de blastocystes, même s’ils sont améliorés par rapport à un transfert au stade d’embryons à J2-J3, restent dans certains cas, relativement faibles et certaines patientes connaissent plusieurs échecs d’implantation au stade blastocyste.  Le choix de se placer à distance du cycle de stimulation (afin de ne pas se trouver en situation d’oestradiolémie élevée) avait été montré comme efficace lors d’une première tentative de FIV. Cette étude prouve que cette même technique peut être proposée aux couples en échec d’implantation, avec un réel bénéfice, et sans perdre de chance avec les blastocystes surnuméraires congelés. Ceci est d’autant plus vrai que dans cette étude la congélation des blastocystes a été réalisée en méthode lente et qu’elle est aujourd’hui largement améliorée grâce à la technique de vitrification. Avec la technique de vitrification, le même type d’étude pourrait être réalisée, non pas en congelant la totalité de la cohorte au stade zygote, mais en réalisant une culture prolongée et en vitrifiant la totalité des blastocystes, ce qui permettrait d’éviter une double congélation de certains des embryons de la cohorte.

 

Références.

Horcajadas J.A, Diaz-Gimeno P, Pellicer A, Simon C (2007).

Yterine receptivity and the ramifications of ovarian stimulation on endometrial function.

Semin. Reprod Med. 25, 454-460.

Uterine receptivity and the ramifications of ovarian stimulation on endometrial function.

Shapiro B.S, Daneshmand S.T, Garner F.C, Aguirre M, Hudson C, Thomas S (2011).

Evidence of impaired endometrial receptivity after ovarian stimulation for in vitro fertilization : a prospective randomized trial comparing fresh and frozen-thawed embryo transfer in normal responders.

Fertil. Steril. 96, 344-348.

Evidence of impaired endometrial receptivity after ovarian stimulation for in vitro fertilization: a prospective randomized trial comparing fresh and frozen-thawed embryo transfer in normal responders.

 
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