Risque majoré de ménopause précoce chez les porteuses de mutation de BRCA1 ou BRCA2 ?

Les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou BRCA2 présentent, bien sûr, un risque accru de cancers mammaires, ovariens ou tubaires. De récentes études évoquent de plus, chez elles, la possibilité d’un risque majoré de ménopause précoce ou d’insuffisance ovarienne prématurée. Les gènes BRCA pourraient, en effet, jouer un rôle sur le maintien de la longueur des télomères, elle-même associée à la durée de la vie reproductive. Plus de 15% des patientes atteintes d’insuffisance ovarienne précoce dans la population générale ont une apparentée du 1er degré ménopausée prématurément évoquant une influence génétique sur l’âge de survenue de la ménopause. De nombreuses mutations sont connues pour être associées à une ménopause précoce bien que les mécanismes précis de cette relation restent inconnus.

L’influence potentielle des mutations de BRCA1 ou 2 sur l’âge de la ménopause représente  un aspect essentiel pour les femmes mutées qui auraient tendance à différer un projet de grossesse ou chez celles atteinte d’un cancer du sein avant l’accomplissement du projet parental.

Une équipe américaine a voulu évaluer l’âge de la ménopause naturelle, la parité et la fréquence des problèmes d’infertilité dans une population de patientes mutées pour BRCA1 ou BRCA2.

Cette étude cas-controles a comparé l’histoire gynécologique de 908 femmes porteuses d’une mutation à celle de 908 femmes non porteuses appariées sur l’année de naissance et l’âge d’entrée dans l’étude. 561 cas portaient une mutation de BRCA1 et 341 de BRCA2, 6 femmes étaient porteuses d’une double mutation BRCA1 et 2. Il n’apparaissait aucune différence entre les groupes concernant l’âge des premières règles, la régularité des cycles et l’utilisation d’une contraception orale. 68% des femmes mutées étaient mères sans différence significative avec les femmes indemnes. La parité moyenne (1,67 versus 1,53), l’âge à la première grossesse (26,6 versus 27), l’âge au dernier accouchement (31 versus 30,9) et le nombre de grossesses tardives étaient identiques dans les 2 groupes.

En moyenne, l’âge de survenue de la ménopause était significativement plus jeune pour les femmes mutées (49 versus 50,3). 4,7% des femmes mutées étaient ménopausées avant 40 ans comparativement à 1,4% chez les controles ; 22,1% l’étaient avant 45 ans chez les femmes porteuses de mutation contre 14,3% chez les autres. A l’âge de 50 ans, environ 60% des porteuses de mutations étaient déjà ménopausées comparativement à 47% des non mutées.

En revanche, il ne semblait pas apparaitre de différence concernant la fertilité rapportée par les patientes.

L’âge moyen de la ménopause naturelle se situe autour de 51 ans dans la population  générale où on estime à 1% le taux de ménopause avant l’âge de 40 ans. Dans cette étude, le taux de ménopause précoce était proche de 5% chez les patientes porteuses de mutation des gènes BRCA1 ou 2. Des conséquences en termes de prise en charge des patientes mutées peuvent découler de ces données :

  • les patientes doivent être informées du risque potentiel d’insuffisance ovarienne prématurée afin de ne pas différer un projet de grossesse
  • chez les femmes atteintes de cancer du sein après 35 ans, alors que le projet parental n’est pas achevé : une évaluation de la fertilité voire des techniques de préservation de celle-ci peuvent être discutées.

 

Finch A, Valentini A, Greenblatt and members of the hereditary breast cancer study group. Fertil Steril 2013. dx.doi.org/10.1016/j.fertnstert.2013.01.109.

 
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