Quand les taux élevés de vitamine D sont associés à une moindre mortalité !

La principale source de vitamine D est celle liée aux rayons ultraviolets du soleil ; les apports alimentaires ou sous forme de compléments nutritionnels ne font que la soutenir. Le métabolite sérique couramment mesuré est la 25 hydroxy-vitamine D, 25OH-D, dont demie vie et concentration sont nettement plus élevées que celle du métabolite actif, la 1-25 OH-D. La concentration en 25 OH-D varie selon l’ensoleillement et donc selon les saisons et la latitude. Globalement ses taux sont plus élevés dans la population masculine et on constate des carences souvent profondes chez les personnes âgées du fait de leur moindre exposition solaire et du défaut de production cutanée avec l’âge. L’influence de la vitamine D sur certains paramètres, en particulier son action sur le métabolisme osseux, est bien connue mais sa relation avec d’autres domaines reste floue notamment la question de son rôle sur la mortalité reste posée.

Une récente méta-analyse publiée dans le British Médical Journal apporte peut-être une réponse. Elle s’est attachée à déterminer, à partir de 8 études de cohortes menées dans divers pays européens et aux Etats-Unis, s’il existait une association entre les taux de 25 OH-D et la mortalité globale, cardiovasculaire et par cancers en fonction des pays, du sexe, de l’âge…

Les sujets, hommes et femmes, étudiés étaient âgés de 50 à 79 ans, non fumeurs (le tabagisme augmentant de 15 à 20% des taux sanguins de vitamine D). La moyenne de suivi était de 4,2 à 15,9 années selon les études.

Les concentrations sériques de 25 OH-D apparaissaient indépendantes de l’âge alors que les taux moyens étaient globalement plus bas chez les femmes comparativement aux hommes. Comme prévu, les chiffres étaient plus bas chez les obèses, plus élevés l’été et l’automne, pour les catégories sociales supérieures et chez les sujets avec une activité physique importante. Pour chaque cohorte, des quintiles selon les taux de 25 OH-D étaient définis.

Durant le suivi, 6695 décès sont survenus : 2624 d’origine cardiovasculaire et 2227 par cancer. Le risque poolé pour la mortalité globale, après ajustement sur de nombreux facteurs confondants, était de 1,57 (IC à 95% 1,36-1,81) dans le quintile le plus bas comparativement au plus haut.  Les mêmes données étaient retrouvées pour la mortalité cardiovasculaire (1,41 ; IC à 95% 1,18-1,68) aussi bien pour les sujets ayant des antécédents cardiovasculaires que pour les sujets sains. Cette association existait aussi bien en Europe de l’est, de l’ouest et aux Etats-Unis.

Concernant la mortalité par cancer, l’augmentation du risque n’était retrouvée que chez les sujets déjà atteint de cancer avec un ratio à 1, 70 (1,00-2,88) pour ceux dans le quintile le plus faible, plaidant pour un rôle notable de la vitamine D en termes de pronostic (comme cela a déjà été évoqué déjà pour le cancer du sein et le cancer colorectal).

Les résultats confirment les différences des taux sérique de 25OH-D selon le sexe, la saison, le degré d’éducation et d’obésité, l’activité physique et le tabagisme. Toutes les données de la méta-analyse en faveur d’une association entre taux bas de 25OH-D et augmentation de la mortalité étaient ajustées à ces paramètres.

Cependant, des concentrations basses de 25OH-D pourraient être simplement un marqueur de moins bonne santé plutôt qu’une cause de mortalité prématurée.

La question de la causalité reste donc posée et ne pourra être résolue que par la mise en place d’essais randomisés ayant pour objectif principal l’évaluation de la mortalité. Dans de récentes études prospectives randomisées concernant la santé osseuse, l’apport de vitamine D apparaissait efficace sur la mortalité (évaluée comme objectif secondaire), en particulier chez les sujets très carencés initialement.

A ce jour, il n’existe pas de consensus établissant clairement la limite définissant le déficit en vitamine D et les indications de supplémentation restent débattues.
 

 

Schottker B, Jorde R, Peasey A et al. Vitamine D and mortality: a meta-analysis of individual participant data from a large consortium of cohort studies from Europe and the United States. BMJ 2014;348:g3656

 
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