Le DIU au lévonorgestrel diminue les risques de cancers ovariens et endométriaux sans augmentation du risque mammaire !

L’utilisation pendant 5 ans d’une contraception orale (CO) diminue le risque de cancer de l’ovaire de 15 à 29%. Globalement l’utilisation de CO prévient environ 30 000 cas de cancers ovariens chaque année. Le risque de cancer endométrial est également réduit de 34% après 5 à 9 années de CO. Cependant, l'utilisation d’une CO augmente le risque de cancer du sein jusqu'à 38% après plus de 10 ans d’utilisation et pour un minimum de 5 ans après l'arrêt.

Trois études finlandaises ont montré que, par rapport à la population générale, les utilisatrices du DIU au levonorgestrel (DIU-LNG) ont :

  • un taux d'incidence standardisé (SIR) de 0,59 pour le cancer de l'ovaire et de 0.46 pour le cancer de l'endomètre
  • un risque accru de cancer du sein canalaire et lobulaire (SIR 1,20 et 1,33 respectivement, augmentant à 1,37 et 1,73 après plus de 5 ans d'utilisation)

Toutefois, ces études n'avaient pas été ajustées sur d'autres facteurs de risques hormonaux.

L’objectif de cette nouvelle étude norvégienne est d’évaluer les risques ajustés de cancer de l'ovaire, de l'endomètre et du sein chez les utilisatrices et non utilisatrices du DIU-LNG à partir de la cohorte prospective NOWAC (norwegian women and canncer) conçue pour étudier l'association entre l'utilisation d’hormones et les cancers féminins hormonodépendants.

De 1991 à 2007, des femmes nées entre 1927 et 1965 ont été choisies au hasard dans le registre de la population norvégienne et ont reçu un questionnaire. Les informations au cours du suivi ont été recueillies à deux reprises. La fin du suivi a eu lieu le 31 décembre 2015.

Les questionnaires ont ciblé l'utilisation du DIU-LNG à partir de 1998 par la question : « Avez-vous déjà utilisé un dispositif intra-utérin hormonal ? »

Au total, 145 320 femmes ont rempli un questionnaire entre 1998-2006 (inscription ou suivi). Ont été exclus les femmes n’ayant pas répondu à la question sur le DIU, celles ayant subi une hystérectomie ou ovariectomie et celles qui ont eu un cancer ou émigré avant le début du suivi.

La cohorte finale comprend 104 380 femmes, dont 9146 utilisatrices du DIU au LNG.

Plusieurs questions sur le DIU-LNG étaient posées : déjà utilisé ? durée d'utilisation ? âge à la première utilisation ? utilisation actuelle ?

Ont été identifiées par ailleurs, huit variables d'expositions associées au cancer de l'ovaire, de l'endomètre ou du sein indépendamment de leur lien avec l'utilisation du DIU LNG qui sont : l’âge au début du suivi, l’IMC au moment de l’inscription, le niveau d’activité physique, les antécédents maternels de cancer du sein, l’âge à la ménarche, l’utilisation de CO, la parité, le statut ménopausique (pré, péri, post, inconnu).

Les critères d’analyse de l’étude étaient les cancers primitifs identifiés par liaison avec le registre du cancer de Norvège où tous les cas de cancer sont déclarés par les médecins :

-cancer primitif de l'ovaire, y compris les trompes de Fallope (épithélial)

-cancer du corps utérin (endomètre)

-cancer du sein

Afin de limiter les analyses au cancer épithélial de l'ovaire et au cancer de l'endomètre, les cancers non carcinomes de l'ovaire et du corps utérin ont été exclus des analyses (n = 62).

Il a été réalisé un calcul des personnes années de suivi à partir de la date d'entrée jusqu'à la date de sortie de l'étude.

La date de sortie de l’étude était la date du diagnostic de cancer, de l'émigration de Norvège, du décès ou de la fin du suivi.

Calcul des taux d'incidence de cancer brut et de risque relatif avec un IC 95% et p significatif < 0.05.

L'âge médian au moment de l'inclusion était de 52 ans. Le temps de suivi moyen était de 12,5 ans pour un total de 1 305 435 personnes années. L'âge médian au début de l'utilisation du DIU était de 44 ans, et la durée médiane était de 4 ans, 59% d'entre elles ayant utilisé le DIU pendant 2 à 6 ans.

Les utilisatrices étaient plus jeunes au début du suivi (56% < 50 ans versus 35%), avaient un niveau d’activité élevée ou très élevée plus fréquemment (38% vs 30%) et avaient une utilisation de CO plus fréquente (71% vs 55%). La nulliparité était plus fréquente chez les non utilisatrices (10% vs 3%). 60 % des non utilisatrices étaient ménopausées versus 33% des utilisatrices actuelles ou passées.  30% des utilisatrices avaient un statut de ménopause inconnu, 85 % d’entre elles utilisaient le DIU-LNG au début du suivi.

 

DIU-LNG et incidence des cancers
 

Concernant l’ovaire, le taux brut d’incidence du cancer de l'ovaire chez les patientes n’ayant jamais utilisé de DIU-LNG est de 38,1 par 100 000 PA (IC à 95 % : 34,7, 41,8).

Le taux brut d'incidence du cancer de l'ovaire chez les utilisatrices du DIU LNG est de 16,7 pour 100 000 personnes années (IC à 95 % : 9,9, 26,4), avec un RR ajusté sur l'âge de 0,49 (IC à 95 % : 0,30, 0,82) pour les utilisatrices en comparaison à celles qui ne l’ont jamais utilisé. Dans le modèle multivariable (utilisation CO, âge au début du suivi, statut ménopausique au début du suivi et parité) le RR était de 0,53 (IC à 95 % : 0,32, 0,88) pour les utilisatrices.

Concernant l’endomètre : La réduction de risque la plus importante a été observée pour le cancer de l'endomètre, avec un RR multivariable de 0,22 (IC à 95 % : 0,13, 0,40) chez les utilisatrices en comparaison aux non utilisatrices ajusté sur l'âge au début du suivi,  l'IMC, le niveau d'activité physique,  l'utilisation du CO, la parité et le statut  ménopausique au début du suivi. 
Après stratification sur l’utilisation passée de la CO : si oui, le RR de cancer de l'endomètre était de 0,34 (IC à 95 % : 0,18, 0,65) comparativement aux non utilisatrices, si non le  RR était de 0,08 (IC à 95 % : 0,02, 0,34) comparativement aux non utilisatrices.

Concernant le sein : Le taux d'incidence du cancer du sein était de 275,7 pour 100 000 années-personnes chez les utilisatrices et de 281,6 pour 100 000 années-personnes chez les non utilisatrices. Le RR du cancer du sein ajusté parmi les utilisatrices du DIU était de 1,03 (IC à 95 % : 0,91, 1,17). L’ajustement portait sur l’âge au début du suivi, l'IMC, le niveau d'activité physique, les antécédents maternels de cancer du sein, l'utilisation du CO et le statut ménopausique au début du suivi.

Après stratification sur la durée d’utilisation du DIU : si moins de 5 ans d'utilisation, le RR multi-ajusté était de 1,06 (IC à 95 % : 0,91, 1,24) comparativement à celles qui n'ont jamais utilisé le DIU et si plus de 5 ans d’utilisation, le RR était de 0,88 (IC à 95 % : 0,68, 1,16).

Après stratification selon utilisation actuelle ou ancienne : Comparativement aux non utilisatrices du DIU, les utilisatrices actuelles avaient un RR multivariable du cancer du sein de 0,97 (IC à 95% : 0,80, 1,19) et les anciennes utilisatrices avaient un RR de 0,79 (IC à 95 % : 0,64, 0,98).

 

Lorsque tous les cancers ont été additionnés pour produire une estimation de l'effet total de l'utilisation du DIU LVNG, chez les utilisatrices, le RR de tout cancer lié aux hormones était de 0,86 (IC à 95 % : 0,77, 0,97) comparativement à celles qui n'ont jamais utilisé le DIU.

 

Conclusion

Dans cette étude de cohorte prospective, chez les femmes utilisatrices du DIU-LNG il a été montré un risque réduit de cancer de l'ovaire et de cancer de l'endomètre par rapport aux non utilisatrices et l'utilisation du DIU n'était pas associée à un risque accru de cancer du sein.

Bien que ces résultats suggèrent qu'en plus des CO, le DIU-LNG devrait être inclus dans la stratégie de prévention du cancer de l’ovaire, une méta-analyse actualisée de l'effet du DIU-LNG sur le cancer du sein est nécessaire avant de pouvoir tirer des conclusions définitives.

 

Bibliographie

Levonorgestrel-releasing intrauterine system use is associated with a decreased risk of ovarian and endometrial cancer, without increased risk of breast cancer. Results from the NOWAC study. M Jareid, JC Thalabard, M Aarflot, HM Bovelstad, E Lund, T Braaten. Gynecologic Oncology, 2018 Apr ; 149(1) :127-132.

 

 

 
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