La salpingectomie opportuniste n’avancerait pas l’âge de la ménopause !

Le cancer des ovaires reste une cause importante de décès par cancer gynécologique féminin et il n’existe pas, à l’heure actuelle, de méthode de dépistage reconnue efficace. En effet, tous les moyens proposés ne permettent pas d’en réduire la mortalité avec un diagnostic souvent tardif. Le point de départ de la plupart des cancers épithéliaux ovariens serait d’origine tubaire. Aussi, la plupart des recommandations internationales préconisent la salpingectomie chez les femmes, ayant accompli leur projet parental, programmées pour subir une hystérectomie ou une stérilisation tubaire. Cette « salpingectomie opportuniste » ne semble pas associée à un surcroit de morbidité mais certaines études évoquent le risque possible de défaillance ovarienne prématurée. La ménopause précoce étant, elle-même, associée à une augmentation de pathologies (notamment cardiovasculaires et rhumatologiques), il est fondamental de tenter de préciser l’association salpingectomie opportuniste-ménopause prématurée.

Une équipe canadienne vient de publier une étude de cohorte dont les données semblent rassurantes. Les patientes avaient moins de 50 ans lors de l’acte chirurgical, hystérectomie ou « stérilisation tubaire », associant ou non une salpingectomie réalisé entre 2008 et 2014. L’étude ne concernait que les femmes, réparties par tranche d’âge, suivies sur une durée d’au moins 5 ans après la chirurgie.

 41 413 femmes avaient ainsi été retenues dont la chirurgie comprenait :

  • Hystérectomie simple : n= 6 861 
  • Hystérectomie et salpingectomie opportuniste bilatérale : n= 6 500
  • Hystérectomie avec annexectomie bilatérale : n= 4 479
  • Ligature tubaire entrant dans le cadre d’une contraception définitive : n= 18 621
  • Salpingectomie bilatérale pour contraception définitive : n= 4 952

La salpingectomie opportuniste n’apparaissait pas être un facteur de risque d’avance des symptômes de ménopause lors du suivi que ce soit en cas d’association à une hystérectomie (HR 0.98, IC à 95% 0.88-1.09) ou pour contraception définitive (HR 0.92, IC à 95% 0.77-1.12). Cet acte ne semblait pas non plus avancer le moment de prescription d’un traitement hormonal de ménopause que ce soit en cas d’association à une hystérectomie (HR 0.82, IC à 95% 0.72-0,92) ou lors d’une contraception définitive (HR 1,00 IC à 95% 0.89-1.12).

A l’inverse, dès qu’une annexectomie était réalisée, le délai de consultation pour symptômes de ménopause était significativement avancé (HR 1.95, IC à 95% 1.78-2.13) tout comme celui de prescription d’un traitement hormonal (HR 3.80, IC à 95% 3.45-4.18). Cette dernière donnée est importante pour valider les mesures utilisées, confirmant l’avance d’âge obligatoire consécutive à l’ovariectomie bilatérale.

Cette étude de cohorte semblerait donc montrer qu’une salpingectomie, lorsqu’elle est bien réalisée, n’affecte pas forcement la vascularisation ovarienne, et cela quel que soit l’âge de la femme lors de cette chirurgie. En effet, c’est ce phénomène qui était avancé par les études antérieures évoquant le risque de ménopause avancée secondaire aux salpingectomies bilatérales. Les données actuelles sont donc discordantes avec celles d’autres études montrant une diminution de vascularisation ovarienne au doppler, alors que d’autres encore ne retrouvent pas d’impact hormonal notamment sur les taux d’AMH. 

Espérons que les études à venir confirmeront cette innocuité ovarienne permettant de proposer la salpingectomie plus largement en cas de chirurgie gynécologique dès que le projet parental est accompli !

 

Hanley GE, Kwon JS, McAlpine JN, et al. Examining indicators of early menopause following opportunistic salpingectomy : A cohort study from British Colombia, Canada.  Am J Obstet Gynecol 2020 ; 223 :221.e1-11.

 
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