Diminution de l’incidence de l’endométriose avec l’allaitement : les données de la Nurses’ Health Study

L’endométriose touche environ 10% des femmes américaines, souvent responsable de symptômes invalidants et d’infertilité. Les estrogènes  maintiennent et augmentent les lésions dont l’origine est vraisemblablement  liée au passage rétrograde par les trompes du flux menstruel. Les recherches concernant les facteurs de risque modifiables sont croissantes. Le rôle protecteur de l’allaitement est évoqué en cas d’aménorrhée prolongée.

Les auteurs de ce nouvel article, publié dans le BMJ,  utilisent les données de la Nurses’ Health Study,  grande étude de cohorte prospective initiée en 1989 aux USA avec à l’époque 116 430 femmes. Des questionnaires successifs ont permis de recueillir des informations très variées dans le domaine de la santé de ces femmes, en particulier dans le domaine gynécologique.

Parmi les 72 394 femmes qui  rapportaient avoir eu au moins une grossesse et dont les informations concernant l’allaitement étaient connues, 3296 étaient atteintes d’une endométriose confirmée par cœlioscopie.

La durée totale de l’allaitement exclusif était significativement associée à une diminution de l’incidence de l’endométriose. Ainsi, pour une durée cumulée d’allaitement inférieure à 1 mois, l’incidence retrouvée était de 453/100 000 AF. Ce chiffre passait à 184/100 000 AF pour une durée de plus de 36 mois. Ainsi, un allaitement de plus de 36 mois était associé à une réduction d’incidence de 40% comparativement aux femmes qui n’avaient pas allaité. Cette diminution du risque était apparente dans les 5 années après l’allaitement.

En cas d’allaitement mixte, chaque tranche de 3 mois d’allaitement supplémentaire diminuait le risque d’endométriose de 8%. En cas d’allaitement exclusif, le risque s’abaissait de 14% par tranche de 3 mois.

Du point de vue physiopathologique, le rôle de l’aménorrhée (reflux tubaire)  est essentiel pouvant expliquer 34 à 57% de la baisse d’incidence de l’endométriose selon les auteurs. D’autres facteurs interviennent probablement dans cette réduction du risque. L’allaitement augmente les concentrations circulantes d’ocytocine et diminue les taux d’estrogènes, de GnRH et de gonadotrophines. L’hypogonadisme secondaire avec hypoestrogénie  participe surement à ces résultats mais d’autres phénomènes physiopathologiques, à ce jour inconnus, s’y ajoutent très probablement.

L’allaitement est reconnu pour avoir, outre un rôle dans la relation mère-enfant, des effets bénéfiques sur la santé de la mère et de son enfant. L’incidence de l’endométriose pourrait en faire partie …encourageons les jeunes mères dans cette démarche … !!!!

History of breast feeding and risk of incident endometriosis: prospective cohort study. BMJ 2017; 358:j3778 / doi:10.1136/bmj.j.3778

 
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