Contraception estroprogestative et risque de gliome et méningiome : Méta-analyse et revue systématique

CONTEXTE

La physiopathologie du gliome et du méningiome n’est pas bien établie à ce jour. Certains facteurs de risque ont été identifiés comme les rayonnements ionisants ou la susceptibilité génétique. L’incidence du méningiome et du gliome est différente selon le sexe.  Le gliome touche plus les hommes que les femmes (7,1 versus 5,0 pour 100 000 personnes-années) alors que le méningiome est plus fréquent chez les femmes (sexe ratio 3,5/1).

Certaines études montrent que l’exposition aux estrogènes protège des gliomes en favorisant l’apoptose et par inhibition de la prolifération cellulaire. A l’inverse, les cellules des méningiomes exposées aux estrogènes ou à la progestérone ont une prolifération plus élevée.

Il existe des discordances d’études quant à l’association des hormones exogènes et le risque de méningiome et de gliome et il n’a pas été mis en évidence, jusqu’à présent, de relation sur la durée d’exposition aux hormones. C’est la raison pour laquelle a été proposée une méta-analyse pour évaluer une association potentielle entre l’utilisation de la contraception orale (CO) et le risque de méningiome ou de gliome.

RÉSULTATS

L’analyse a été effectuée à partir des données de 20 études épidémiologiques (13 études de cas-témoins et 7 études de cohorte).

Utilisatrices vs non-utilisatrices

Douze études regroupant au total 1 844 503 patientes ont évalué le risque de gliome associé à l’utilisation de CO. Le risque de gliome est significativement diminué chez les utilisatrices de CO (0,87 [0,77-0,97]) comparativement aux non-utilisatrices.

Treize études regroupant au total 1 948 360 patientes ont évalué le risque de méningiome associé à l’utilisation de CO. Le risque de méningiome chez les utilisatrices de CO est non significatif (0,99 [0.87-1.13]) comparativement aux non-utilisatrices.

Durée d’utilisation

Concernant les gliomes, à moins d’un an d’utilisation de CO, il n’a pas été montré de modification du risque de gliome. En revanche, pour les utilisatrices de 1 à 10 ans il a été montré une diminution significative du risque de gliome de 17% (RR 0,83 [0,74 - 0,93]). Après plus de 10 ans d’utilisation ce risque semble encore plus faible (RR 0,70 [0,60 – 0,81]). Un seuil à 7,5 ans a été estimé dans une analyse secondaire dose-réponse.

Concernant le risque de méningiome, il n’a pas été montré de relation avec la durée d’utilisation des CO.

DISCUSSION

Les résultats de cette méta-analyse montrent que l'utilisation de CO n'augmente pas le risque de méningiome quel que soit la durée d’utilisation. L’analyse de l’implication des hormones telles qu’utilisées dans la contraception orale est moins claire. En effet, des études ont évalué la relation entre la régulation hormonale dans la physiopathologie des méningiomes. Le niveau d'expression des récepteurs de la progestérone est corrélé négativement avec le grade histologique et le taux élevé de rechute des méningiomes. In vitro, l’estradiol et la progestérone favorisent la prolifération des cellules de méningiomes. Cependant, les résultats non significatifs de cette méta-analyse pourraient être expliqués potentiellement par les faibles doses d’hormones utilisées dans les CO et l’âge jeune des femmes utilisant la CO.

En revanche, l'utilisation de CO diminuerait le risque de gliome, cette réduction étant d’autant plus importante que la durée est longue. Une hypothèse discutée par ces auteurs impliquerait le rôle favorisant des hormones sur l'expression des cytokines Th2 ayant un effet protecteur sur le glioblastome. De plus, in vitro, l’estradiol diminuerait la croissance des cellules de gliomes.

CONCLUSION

L’utilisation des CO n’augmente pas le risque de gliome et de méningiome chez les femmes.  En revanche, les longues durées d’utilisation des CO diminuent de façon significative le risque de gliome et ce d’autant que la CO est utilisée plus de 7,5 ans.

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Tang X, Liu F, Zheng J, et al. Relationship between oral contraceptives and the risk of gliomas and meningiomas : a dose-response meta-analysis and systematic review. World Neurosurg, 2021. ; 147 :e148-e162. Doi :10.1016/j.wneu.2020.11.175.

 

 
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