Cotesting test HPV et frottis en dépistage primaire

Commentaires de l’article : Relative Performance of HPV and Cytology Components of Cotesting in Cervical Screening. Mark Schiffman, Walter K. Kinney, Li C. Cheung, Julia C. Gage, Barbara Fetterman, Nancy E. Poitras, Thomas S. Lorey, Nicolas Wentzensen, Brian Befano, John Schussler, Hormuzd A. Katki, Philip E. Castle. JNCI J Natl Cancer Inst (2018) 110(5): djx225

L’objectif principal du dépistage du cancer du col de l’utérus réside dans la détection des lésions précancéreuses en vue de leur traitement permettant d’éviter le développement du cancer. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a annoncé le 11 juillet 2019, la recommandation du test HPV en dépistage primaire du cancer du col de l’utérus. L’étude publiée par Mark SCHIFFMANN et coll. quantifie les contributions relatives de la cytologie et du test HPV pour le dépistage des lésions précancéreuses (CIN 3 et adénocarcinome in situ) et des cancers du col de l’utérus quels que soient leur type et leur stade. Cet article s’inscrit parfaitement dans le contexte actuel des nouvelles recommandations françaises publiées par l’HAS.

Cette étude a été réalisée à partir d’une cohorte populationnelle du Kaiser Permanente North California. Elle concerne 1208710 de femmes âgées de 30 ans ou plus et ayant bénéficié d’un ou plusieurs cycles de dépistage basés à la fois sur un frottis du col et un test HPV (co-testing), prélevés tous les trois ans entre 2003 et 2015. Respectivement 623 cancers et 5369 lésions précancéreuses ont été diagnostiqués.

Quel que soit le type de cancer où son stade d’évolution, davantage de lésions ont été découvertes à la suite d’un test HPV positif qu’à la suite d’un frottis anormal: 75% versus 69,6% pour les cancers épidermoïdes; 79% versus 45,4% pour les adénocarcinomes et 87,7% versus 74% pour les cancers micro invasifs. De même, davantage de lésions précancéreuses ont été découvertes après un test HPV positif qu’après une cytologie anormale: 83,9% versus 62,8% pour les CIN 3 et 82,2% versus 53,2% pour les adénocarcinomes in situ.

Dans un contexte de dépistage réalisé tous les trois ans, la cytologie en complément du test HPV a permis de dépister 5,9 % des cancers tous stades confondus (n = 67/1137) et 6,8 % des cancers micro invasifs (5/73). Pour les lésions précancéreuses, l’apport de la cytologie par rapport au test HPV a été plus modeste puisque seuls 3,6% des CIN 3 (358/9975) et uniquement 3 % des adénocarcinomes in situ (31/1024) étaient HPV négatives et cytologies positives.

Les auteurs ont par ailleurs montré que l’apport de la cytologie restait faible quel que soit le nombre de vagues de dépistage en co-testing. Pour le dépistage des cancers, l’apport est de respectivement 6,1 % à la première vague, 7 % après 2 vagues et 4,7 % après 3 vagues. Pour les lésions précancéreuses par contre cet apport augmente avec le nombre de vagues étend de 2,1 % à la première vague, 3,9 % après 2 vagues et 5,1 % après 3 vagues de dépistages.

Dans un contexte de dépistage combiné (co-testing) mené tous les 3 ans, ce travail confirme la sensibilité plus élevée du test HPV par rapport à la cytologie et montre un apport très limité de la cytologie pour le diagnostic des lésions précancéreuses. Dans le futur en France, le dépistage sera basé sur un test HPV proposé tous les 5 ans chez les femmes âgées de plus de 30 ans. Les résultats de l’étude populationnelle publiés par Mark SCHIFFMANN et coll. et reposant sur un test combiné mené tous les 3 ans ne peuvent par conséquent pas être transposés intégralement. Pour autant, ils fournissent des renseignements intéressants pour notre pratique. Notons enfin que cette étude ne permet pas de quantifier la surcharge de travail qui incombera aux colposcopistes du fait de la moindre spécificité du dépistage par test HPV y compris après un triage par cytologie réflexe.