Une mutation BRCA augmente le risque de développer un cancer de l’ovaire mais en améliore le pronostic

La présence d’une mutation délétère d’un gène BRCA expose la femme qui en est porteuse à un risque augmenté de développer un carcinome de l’ovaire au cours de sa vie. Ce risque est de l’ordre de 50% pour BRCA1 et de 20% pour BRCA2.  La cancérogénèse est induite par la perte de la fonction du deuxième allèle du gène BRCA qui rend la cellule inapte à réparer les lésions d’ADN et entraine en cascade une accumulation de mutations non réparées. L’étude de Bolton et collègues porte sur une série de 26 études observationnelles où le pronostic de carcinomes ovariens survenus chez des patientes porteuses d’une mutation délétère de BRCA (1213 patientes, BRCA1 chez 909 patientes et BRCA2 chez 304) était comparé à celui de 2666 femmes indemnes de mutations entre 1987 et 2010 1. La survie à 5 ans était significativement inférieure chez les patientes non porteuses de mutation BRCA (36%, IC95% [34%-38%]) que chez celles qui en avaient au niveau BRCA1 (44%, IC95% [40%-48%]) ou a fortiori au niveau BRCA2 (52%, IC95% [46%-58%]). Cette différence était statistiquement significative après ajustement sur l’étude et l’année de diagnostic. La diminution relative du risque de décéder 5 ans après le diagnostic de carcinome de l’ovaire était, en prenant comme référence la survie des patientes sans mutation,  de 22% (IC95% [11%-32%]) chez les patientes BRCA1 et de 39% (IC95% [24%-50%]) avec BRCA2.  Ce facteur de meilleur pronostic semblait indépendant du stade de la maladie, du type histologique, du grade et de l’âge de la patiente, puisqu’après ajustement sur ces facteurs la diminution du risque est de 27% (IC95% [16%-36%]) chez les patientes BRCA1 et de 51% (IC95% [39%-61%]) avec BRCA2

On peut cependant regretter les données manquantes concernant le stade de la maladie (19% des dossiers), le grade (22% des dossiers) et surtout le traitement (type de chimiothérapie 64%, chirurgie de débulking 71%). Cette grande étude - la plus grande de la littérature - confirme la notion selon laquelle le cancer de l’ovaire est une entité hétérogène. L’implication devrait être de stratifier dorénavant les nouvelles essais thérapeutiques portant sur le cancer de l’ovaire en fonction de la présence d’une prédisposition de la femme par la mutation de BRCA (15% des patientes traitées pour cancer de l’ovaire) et de poursuivre le développement de stratégies thérapeutiques qui ciblent les failles propres à la cancérogenèse spécifique d’un groupe de tumeurs considéré (exemple les inhibiteurs de PARP et l’inactivation de BRCA).
 

Ref :

  1. Bolton KL, Chenevix-Trench G, Goh C, et al. Association between BRCA1 and BRCA2 mutations and survival in women with invasive epithelial ovarian cancer. JAMA 2012;307(4):382–90. 

 
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