Risque de tumeur “border-line” de l’ovaire après exposition à des traitements hormonaux d’infertilité

L’analyse de Sarah-Marie BJORNHOLT et coll. (Université de COPENHAGUE - Danemark) analyse les effets des traitements d’induction d’ovulation sur les risques d’apparition de tumeurs “border-line” de l’ovaire.
Les nombreuses études épidémiologiques concernant ce sujet ont étudié le risque d’utilisation de traitements inducteurs de l’ovulation sur l’apparition de tumeurs de l’ovaire, mais la plupart des études n’ont pas trouvé d’association évidente.
Néanmoins, la dernière Revue Cochrane, étudiée par RIZZUTO et coll. en 2013, avait conclu en la possibilité d’une apparition de tumeur “border-line” notamment après traitement de fécondation in vitro.
À ce jour, les limitations des études ont été liées à des cohortes insuffisantes, l’impossibilité de comparer les effets en fonction des nombreux types de médicaments inducteurs d’ovulation utilisés, et notamment la difficulté de différenciation des effets directs des traitements d’infertilité par rapport aux causes de l’infertilité.
Cette étude multicentrique (Hôpitaux universitaires et publics, Centres de traitement d’infertilité privés) rétrospective, porte sur plus de 100 000 patientes, vues et traitées pour des problèmes d’infertilité entre 1963 et 2006. Le suivi a porté sur une période moyenne de 11,3 ans. Il a été possible d’ analyser les différents types de médicaments utilisés depuis la date des premiers traitements jusqu’au 31 décembre 2006.
Il a été possible de retrouver les cas de 142 patientes présentant une tumeur “border-line” de l’ovaire dans le Registre Danois de Cancérologie et dans le Registre Danois d’Histopathologie.

Caractéristiques de la « cohorte de patientes danoises traitées pour infertilité » :
96 545 patientes ont été incluses dans l’étude, l’âge moyen, lors de la première évaluation d’infertilité, était de 30,3 années, l’âge moyen à la fin du suivi était de 42,5 années.
L’âge moyen maximal après 11,3 années de suivi était de 49 ans.
L’âge auquel a été établi le diagnostic de tumeur « border-line » variait entre 21,7 ans à
65,1 ans, avec un âge moyen de 40,2 années.
Les auteurs ont également analysé les résultats dans un sous-groupe de 1 458 patientes randomisé, sélectionnées dans le Registre Danois de Traitement d’infertilité.
L’âge moyen de survenue entre la première évaluation d’infertilité, donc l’entrée dans le groupe analysé et le diagnostic de tumeur “border-line” était de 10,7 années.

Traitements d’infertilité utilisés :
Parmi les traitements utilisés, les auteurs ont analysé les effets de l’utilisation de l’HCG, du Citrate de Clomifène, des gonadotrophines, des analogues du Lh-Rh et de la progestérone.

Résultats :
Après ajustement du statut de parité (les patientes ayant été enceintes ont un risque significativement bas d’apparition de tumeurs “border-line” par rapport aux patientes nullipares), l’étude n’a pas montré d’augmentation du risque de tumeurs “border-line” en fonction du type d’infertilité.
Les auteurs ne retrouvent pas d’association de tumeurs “border-line” avec l’utilisation de traitements d’infertilité, d’utilisation des gonadotrophines, du Citrate de Clomifène, des hormones HCG ou des agonistes de la Lh-Rh.
Par ailleurs, il n’y a pas plus d’apparition de tumeurs “border-line” en fonction du nombre de cycles de traitement, de la durée d’infertilité.
Mais les auteurs constatent que l’utilisation de la progestérone augmente le risque de tumeurs “border-line”, particulièrement de tumeurs séreuses, et ce, quel que soit le type de progestérone utilisé chez les patientes ayant subi plus de 4 cycles de traitement de progestérone.
Néanmoins, les auteurs recommandent d’interpréter leurs résultats avec précaution du fait du sous-groupe encore faible sur le plan statistique de patientes ayant présenté une tumeur « border-line » de l’ovaire.

SM BJORNHOLT and Coll. - Risk for borderline ovarian tumours after exposure to fertility drugs : result of the population-based cohort study - Human Reproduction vol.30 n° 1 - page 222 -2015

 
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