Morbidité par cancer dans un groupe de 9175 patientes finlandaises traitées pour infertilité

Une étude menée en Finlande par A-N. YLI-KUHA et coll. (Université d’HELSINKI et Université de TAMPERE, Finlande) analyse la survenue de cancers chez un groupe de 9175 patientes traitées pour infertilité entre 1996 et 1998 : les traitements ont inclus fécondation in vitro classique (FIV), fécondation in vitro avec injection ovocytaire (ICSI) et transfert d’embryon après congélation.

Les groupes contrôle ont été analysés à partir des données de la « Finish Cancer Registry » entre 1996 et 2004.

Les auteurs exposent les données bibliographiques antérieures :

  • Risque de cancer de l’endomètre : alors que les travaux de VENN (1995, 1999) et SILVA-IDOS (2009) retrouvent une augmentation du risque de cancer de l’endomètre chez les patientes infertiles, les études menées par BRITON (2007) et JENSEN (2009) ne retrouvent pas de différence significative entre deux groupes de patientes infertiles et la population générale.
     
  • Le risque de cancer lié à l’utilisation des traitements d’induction d’ovulation a également été étudié : là aussi, les résultats restent contradictoires.

    L’étude de DOYLE (2002) ne retrouve pas d’augmentation du risque de survenue du cancer, alors que CALDERONE-MARGALET (2009) met en évidence chez 1530 patientes traitées par induction d’ovulation une augmentation significative du risque de cancer.

    Mais, selon ALTHUIS (2005) et SILVA-IDOS (2009), les traitements inducteurs d’ovulation n’augmentent pas le risque de survenue de cancer de l’endomètre.
     

  • La majorité des études ne retrouve pas d’augmentation de survenue du cancer du sein chez les femmes infertiles ou traitées par assistance médicale à la procréation.
     
  • En ce qui concerne les tumeurs de l’ovaire,  les études les plus récentes (NESS – 2002 ; SANNER – 2009, VANLEUWEN – 2011) rapportent une augmentation significative du risque de tumeur border-line de l’ovaire chez les patiente traitées par induction d’ovulation.

RESULTATS DE L’ETUDE FINLANDAISE :

  • L’incidence de cancer, quel qu’en soit le type, était moins élevée dans le groupe FIV (mais sans différence statistique significative) par rapport au groupe contrôle : 178 cas de cancers ont été rapportés chez les patientes traitées pour infertilité contre 193 cas dans le groupe contrôle.
     
  • L’incidence globale de cancer « hormono-dépendant », cancer du sein, cancer invasif de l’ovaire et cancer de l’endomètre, était identique dans les deux groupes FIV et contrôle.
     
  • On retrouvait chez les patientes « FIV » moins de cancers du col utérin mais plus de cancers invasifs de l’ovaire (9 cas/3 cas dans le groupe contrôle), sans différence statistique significative du fait du faible nombre de cas rapportés.
     
  • L’incidence de tumeurs border-line de l’ovaire était identique dans les deux groupes.
     
  • On note un risque plus élevé de cancers cutanés, différents des mélanomes, dans le groupe FIV.

Au total, les auteurs ne retrouvent pas d’augmentation du risque de cancers hormono-dépendants chez les patientes traitées par FIV, mais reconnaissent que plusieurs facteurs de risques n’ont pas été pris en compte, notamment au niveau de la population générale : parité, traitements hormonaux ou contraception orale, tabagisme, obésité…

D’autres critères, telles que les différences socio-économiques, le mode de vie, la durée et les doses de traitement d’induction d’ovulation, n’ont pas permis un ajustement précis des deux groupes étudiés.
 

Cancer morbidity in a cohort of 9175 Finnish women treated for infertility - Human Reproduction (2012)27(4):1149-1155

 
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