L’irradiation partielle accélérée (IPAS) augmente compromet la qualité esthétique du sein

Le but de la radiothérapie adjuvante du cancer du sein est, pour les tumeurs sans facteur d’agressivité, de permettre aux patientes de conserver leur sein. Pour cela il faut remplir deux objectifs : - 1- diminuer le risque de récidive du cancer au niveau du sein traité pour ne pas risquer d’avoir à recourir à une mastectomie de rattrapage ou que cette récidive soit elle-même pourvoyeuse de métastase – 2 – préserver l’aspect esthétique du sein conservé.

A l’échelle d’une population, cette procédure de conservation mammaire (chirurgie + radiothérapie) doit pouvoir être accessible au plus grand nombre, au moindre coût. C’est dans cette optique qu’ont été développées des stratégies visant à réduire la durée totale de la radiothérapie, qui est classiquement de 5 semaines (voire de 6 semaines et demi lorsqu’un complément de dose est indiqué au niveau du lit de tumorectomie).

La première stratégie était la radiothérapie hypofractionnée accélérée à l’ensemble du sein. Celle-ci diminue la durée totale de la radiothérapie à 3 semaines (ou un peu plus de 4 si on a recours au complément de dose)1,2sans compromettre ni la qualité esthétique, ni l’efficacité de la radiothérapie.

Cette dernière décennie a vu se multiplier les études portant sur une deuxième stratégie, encore plus poussée : la radiothérapie partielle accélérée du sein. Plus de 10.000 patientes sont ou ont été incluses dans des études randomisées visant à répondre à la double interrogation de : -1- cette radiothérapie gardera-t-elle une efficacité comparable ? -2- la qualité esthétique du sein sera-t-elle conservée ?

L’étude publiée par Olivotto et al. dans le JCO3rapporte l’étude canadienne ayant randomisé 2.135 patientes entre une radiothérapie standard (normo ou hypo-fractionnée) de l’ensemble du sein à une irradiation partielle accélérée du sein (IPAS). La modalité retenue de radiothérapie APS était la même que celle du RTOG-0413/NSABPB39 ou celle de SHARE4 après amendement (38,5 Gy en 10 séances et 5 jours).

Les patientes avec IPAS ont eu significativement plus de troubles esthétiques à 3 et 5 ans que celles traitées par radiothérapie standard (avec à 5 ans 33% vs 14%, p<0,001).  La probabilité de développer des télangiectasies, une induration ou une cytostéatonécrose était également augmentée dans le groupe de patientes recevant une IPAS.

Les effets remarqués étaient pour la très grande majorité d’entre eux de grade faible ou modéré. Il n’y a pas eu de majoration du nombre d’effets de grade 3 ou plus.

Cet essai nous incite à réserver, autant que possible, l’irradiation partielle accélérée du sein aux études en cours, notamment en France à l’étude randomisée SHARE4.

Références :

  1. Whelan TJ, Pignol J-P, Levine MN, et al. Long-term results of hypofractionated radiation therapy for breast cancer. N Engl J Med 2010;362(6):513–20.
  2. Haviland JS, Owen JR, Dewar JA, et al. The UK Standardisation of Breast Radiotherapy (START) trials of radiotherapy hypofractionation for treatment of early breast cancer: 10-year follow-up results of two randomised controlled trials. Lancet Oncol 2013;14(11):1086–94.
  3. Olivotto IA, Whelan TJ, Parpia S, et al. Interim Cosmetic and Toxicity Results From RAPID: A Randomized Trial of Accelerated Partial Breast Irradiation Using Three-Dimensional Conformal External Beam Radiation Therapy. J Clin Oncol Off J Am Soc Clin Oncol 2013;31(32):4038–45.
  4. http://www.e-cancer.fr/en/recherche/clinical-research/clinical-trial-register/clinical-trial-register/details-etude?idFiche=1485

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.