L’annonce d’une mauvaise nouvelle à un patient

Il n’est jamais évident pour un médecin de devoir annoncer à son patient une mauvaise nouvelle. Pour autant cette annonce fait partie intégrante de la relation patient/médecin. Il est du devoir du praticien de donner à son patient l’ensemble des informations concernant sa maladie afin de lui proposer une thérapeutique adaptée et d’aider le patient dans son chemin psychologique. Rappelons que cela n’est pas enseigné lors des études de médecines, et que pour bien faire il faut comprendre quels sont le éceuils à éviter. 

Pour réussir à passer cette étape complexe le Médecin doit prendre en compte plusieurs paramètres : la psychologie du patient, le moment et le lieu de l’annonce et son propre état d’esprit au moment de l annonce. 

Regardons ces éléments en détails. 

La psychologie du patient : 

Ce dernier est à prendre en compte dans un ensemble familial, amoureux et professionnel. Il est empreint d’une histoire et d’un passif. Le patient donne souvent des "indices" à ce propos lors des échanges que le Médecin a pu avoir avec lui. 

L’idée n’est pas de le "psychanalyser" Mais plutôt de s’assurer qu’il a par exemple un entourage près à l épauler. Ce qui permet si nécessaire de lui proposer en plus de son entourage une aide extérieur type psychologue ou autre. 

Autre point il faut s’assurer de là ou en est le patient dans la compréhension de sa maladie, afin de lui délivrer une information adaptée au patient. Pour ce faire il est utile en préambule de demander au patient "comment vivez-vous tout cela ? Tout vous semble claire par rapport à votre pathologie ?" Cela permet de prendre la température et de s’assurer du stade de l’information. 

Il est toujours complexe d'annoncer des choses sans cette sécurité car le patient peut ne pas comprendre votre discours du au décalage dans l’information. 

Chaque fois que vous lui annoncé une information sur sa maladie, n’hésitez pas à le questionner sur sa compréhension. Il faut faire étape par étape l’annonce pour que le patient digère chaque point, et le comprenne. Une annonce faite en un bloc peut vous rassurer car vous avez le sentiment que « c’est fait ! » mais pour le patient le message aura le ressenti que vous vous êtes débarrassé sans délicatesse pour lui !

Le moment et le lieu de l'annonce :

Une mauvaise nouvelle est un moment à part, il ne peut être traité entre 2 portes, par téléphone ou sur un coin de bureau. 

Cela semble évident mais parfois le malaise que génère cette situation peut nous amener à l’esquiver ou à l'écourter sans même en avoir conscience! 

Il faut donc prévoir un vrai moment où l’on peut s’extraire des urgences, ne pas regarder son portable ou répondre à son téléphone. Une consultation plus longue pour avoir le temps de répondre aux questions du patient et ne pas le faire sortir rapidement après l’annonce, ce qui donnerait le sentiment de fuir ! 

Il est important que le patient soit si possible accompagné ce jour là. Afin d’avoir un appui, une présence capable de prendre le relais suite au rendez-vous. L’accompagnant entendra les mêmes informations, mais avec un affectif différent et donc il sera à même de poursuivre la discussion avec le patient hors cabinet ! Attention, l’annonce se fait au patient et non pas à l’accompagnant !

Gestion après l’annonce :

Après lui avoir délivré la nouvelle, à nouveau il faut prendre la température côté patient. Qu’a-t-il compris ? Tout est-il clair ? Que ressent-t-il ?

Pour le rassurer ou pour échanger sans commettre d’impair, il est judicieux de réutiliser le vocabulaire employé par le patient, afin de ne pas rajouter des sentiments ou ressentis qui tomberaient à cote ou parler de votre propre ressenti !

Par exemple si le patient vous dit : « Je crève de peur ! Qu’est ce qui va se passer ? Je vais ressembler à un monstre avec ces traitements ? Je suis sous le choc, j’ai peur »

Vous reprenez ses termes pour qu’il comprenne qu’il est entendu : « Je comprends que vous ayez peur ! C’est normal d’avoir des angoisses ! Les traitements ont des effets secondaires, c’est vrai ! Mais ils ne vous feront pas ressembler à un monstre. C’est une annonce très lourde, je le sais, votre état de de choc, est naturel…..etc. etc. etc. »

Votre patient aura sans doute retenu la moitié des informations car l’état de choc va brouiller sa compréhension. Et rappelons-le, l’art de la communication est la répétition ! Il aura besoins de compléter, valider ce qu’il a compris. Laissez au patient la porte ouverte, c’est-à-dire dites lui que vous êtes là, qu’il peut par mail par exemple vous solliciter pour répondre à ces éventuelles incompréhensions.

Enfin une fois que vous avez fait cette annonce, que vous vous êtes assuré de la bonne compréhension de l’information, de la conduite à tenir, intéressons-nous à vous !

Après le départ du patient il s’agit de s’ausculter soi-même. J’en suis où ? Comment je viens de vivre ce moment ? Quelles émotions je ressens ? Prenez juste quelques minutes pour respirer calmement reprendre vos esprits, voire faire une pause avant la suite. Pas toujours simple de prendre ce temps, mais après ce type de moment il s’agit de s’écouter pour pouvoir mieux continuer avec la même justesse auprès des patients, mais également pour que vous ne « souffriez » pas trop de ce que vous venez de vivre et partager avec votre patient.

 

 

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.