La peur des hommes de devenir père

Le couple est en parfaite cohésion, la vie est pleine de projets. Pour autant, l’idée de faire un enfant peut, pour certains hommes, rester un sujet tabou voire une chose inacceptable. Il a des NON catégoriques vis-à-vis du désir d’enfant et des situations plus complexes car le NON n’est pas verbalisé mais sous jacent. Explorons cet aspect, lorsque l’homme ne s’oppose pas à la paternité mais pour autant ne l’accepte pas et par certains actes ou certains comportements porte le couple vers l’échec de cette potentielle vie parentale.

Et pourquoi les hommes peuvent-ils avoir peur ?

La culpabilité :
Ce sentiment peut intervenir chez certains hommes suite à une séparation ou un divorce à l’idée de composer une nouvelle famille. Peur d’abandonner ses premiers enfants, mais peur aussi de reproduire une situation qui leur a été douloureuse ou inconfortable! Cette situation nécessite donc du temps pour que l’homme puisse faire son deuil d’un événement de vie dont il n’est pas fier ou pas totalement guéri.

L’homme se considère encore comme un enfant :

Dans ce cas l’homme peut créer une angoisse à l’idée de ne pas avoir le premier rôle, d’être mis à l’écart par sa compagne au profit d’un enfant. Un amour qui devra être partagé, et donc une attention moins forte sur lui.

Dan cette même catégorie, se joue aussi la peur de revivre pour l’homme un « traumatisme » d’enfant où un frère ou une sœur à pris sa place, ou a pris une partie de l’amour maternel. Il pense inconsciemment rejouer cette partie si douloureuse de sa vie, avec l’arrivée de son propre enfant.

Enfin, il peut ressentir la peur de voir au travers de sa propre compagne une mère puissante voire omniprésente comme sa propre mère. Et donc de ne plus distinguer sa compagne d’une mère. Et avec cette peur peut naître un manque de désir de sa compagne la voyant uniquement comme une mère et plus comme une femme.

Un passé père/fils complexe :

Enfin, il peut s’agir d’une histoire de relation père/fils complexe, parfois violente ou d’un père défaillant. L’homme pourra dans ce cas avoir peur de rejouer le même scénario ou de ne pas savoir faire autrement que son propre père.

Comment ces peurs peuvent elles se matérialiser ?

Il se peut donc que l’homme puisse ne pas arriver à verbaliser son refus par un NON franc et massif, mais plutôt qu’il esquive même inconsciemment de matérialiser son désir d’enfant.

Prenons l’exemple de Franck 37 ans, qui a connu un passé complexe voire distant avec un père qui ne le désirait pas si tôt dans sa vie. Franck repousse donc sans cesse l’idée d’avoir un enfant avec sa compagne qu’il aime profondément. De quelle manière ? Franck refuse souvent les relations intimes notamment aux périodes les plus fertiles de sa compagne, prétextant l’idée qu’il n’est pas un étalon. Mais à ce jeu là, il finit par ne plus du tout éprouver de désir pour elle. Il accepte les traitements de PMA, mais sans s’y impliquer réellement, sans questionner sa compagne sur ce qui se passe, quelles en sont les étapes, etc. Finalement la femme de Franck tombe enceinte et devant cette réalité qui lui fait face, il ne trouve d’autre alternative que de fuir physiquement !

Deuxième exemple : Regardons les cas où l’homme va participer activement aux traitements, s’impliquer physiquement et émotionnellement, sans prendre pleinement conscience malgré tout de la réalité des faits. Mais il arrive que le jour du transfert embryonnaire lors d’une FIV, la réalité étant si forte et l’association EMBRYON =BEBE prenant tout son sens, l’homme puisse refuser un transfert pour ne pas faire face à ses propres peurs. Cette étape de la FIV va confronter l’homme à ses propres responsabilités et le questionner sur son envie d’être père tout simplement ou d’être père avec sa compagne.

Que faire en cas de refus ?

Il est important de séparer les hommes qui dès le départ verbalisent leur refus et ceux qui le comprennent en cours de chemin par l’étape du transfert ou encore l’annonce de la grossesse, sans avoir jamais pensé qu’ils ne le désiraient pas ou que la peur était plus forte ! Car, pour ceux qui le verbalisent dès le départ, les compagnes sont donc clairement informées de leur non désir et peuvent ainsi décider de poursuivre l’aventure ou pas avec cet homme.

Dans le cas de la non verbalisation du refus, il faut dans ce cas précis, proposer au couple d’être accompagné afin de rétablir un dialogue et soulever les points de  désaccords, d’angoisse et de questionnement.

Il faut également que l’homme puisse exprimer ses peurs seul, auprès d’un thérapeute, afin de pouvoir se mettre au clair avec sa situation et se positionner.  

Aucune situation n’est définitive, et c’est dans un dialogue construit avec le patient que les choses peuvent évoluer. C’est donc lors d’un travail thérapeutique que peut se résoudre ce type de problématique afin que le couple puisse ou non construire une vie parentale, en limitant les effets collatéraux pour le couple mais aussi et surtout pour l’enfant !

 
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