Échographie fœtale ; évolution ou révolution ? Quels rôles pour les sociétés savantes ?

Nous assistons depuis quelques années à une évolution très nette de la pratique de l’échographie fœtale en France.
Les raisons en sont multiples, mais deux sont majeures ; l'implication croissante des Sage-femmes dans la profession et l’impact incroyable promis à l’Intelligence Artificielle dans ce domaine.

• Historiquement pratiquées par les radiologues, les gynécologues et certains généralistes exclusivement dédiés aux fœtus, il s’est opéré une transition des échographies foetales, qui va crescendo, vers les Sage-femmes échographistes.
En 2023, pour la première fois, les Sage-femmes ont réalisé plus d’actes que les médecins.
Ce transfert était prévisible.
D’abord du fait du désintérêt, même partiel, mais progressif, de ces professions pour cette activité ; peu rentable par rapport à de l’imagerie en coupe, chronophage en temps médecin, physiquement difficile en activité exclusive…
Ensuite parce que cette évolution s’inscrit dans le mouvement plus large visant à responsabiliser les Sage-femmes et à améliorer les soins maternels et néonatals
Ce changement, qui peut légitimement faire espérer une meilleure accessibilité à l’imagerie prénatale, est cependant confronté à un certain nombre de difficultés:

  • Une formation initiale théorique de grande qualité par les DIU, mais une formation pratique parfois insuffisante du fait de la difficulté de trouver des stages pour les plus jeunes,
  • Un paradoxe entre l’augmentation du nombre de Sage-femmes diplômées et une répartition inégale ce qui entraîne des disparités géographiques
  • Une augmentation globale du nombre d’échographies (qui n’est certes pas uniquement le fait des Sage-femmes), qui ne sera pas sans conséquence en termes d’économie de santé,
  • Un nivellement obligatoire des revenus en l’absence d’une régulation,
  • Une difficulté à parfois respecter les obligations professionnelles en cas de nombre d’actes insuffisant, les statistiques indiquant qu'une proportion significative d'entre elles effectuent moins de 300 examens par an.
  • Un manque parfois de coordination et de travail en réseau, qui peut être potentiellement préjudiciable
  • Un attrait moindre des Sage-femmes pour le milieu hospitalier, certes principalement dû à l’état du service public en général

C’est dans ce cadre que le CFEF (Collège Français d’Echographie Fœtale), a ouvert ses formations aux Sage-femmes depuis de nombreuses années et que son congrès annuel « Les nouvelles Journées d’Echographie Fœtale » (NJEF)s’articule autour d’une journée entière dédiée aux ateliers pratiques avec manipulation et accueille 400 participants, réunissant Médecins et Sage-femmes au sein d’une société savante dédiée à l’échographie foetale

 

• Nous assistons à un changement de paradigme dans le domaine de l'échographie fœtale par l'intégration massive et incontournable de l'intelligence artificielle (IA) :

  • Des outils innovants transcrivent et organisent les dialogues professionnel-patiente et structurent les comptes-rendus en temps réel,
  • D’autres optimisent les interrogatoires et en font ressortir les points cruciaux,
  • Des systèmes de contrôle de qualité des coupes et des mesures aident à une plus grande rigueur et une sécurité accrue lors de l’examen
  • Des algorithmes avancés sont capables de traiter de grandes quantités de données d'imagerie avec une vitesse et une précision inégalée. Ces algorithmes facilitent non seulement l’interprétation des images, mais aident également à détecter des anomalies subtiles et à orienter les décisions diagnostiques.
  • Les techniques d'amélioration d'image basées sur l'IA atténuent les artefacts et optimisent le contraste, améliorant ainsi la confiance du diagnostic et réduisant le besoin de répétitions d'analyses.
  • Les applications d’échographie au point de service (POCUS / Point-Of-Care-Ultra-Sound) étendent l'imagerie prénatale au-delà des paramètres hospitaliers aux communautés éloignées et mal desservies
  • Les appareils à ultrasons portables équipés d’algorithmes d’IA permettent aux professionnels d’effectuer des échographies fœtales dans divers contextes,
  • De plus, les algorithmes d’IA vont évoluer au fil du temps, affinant continuellement leur précision diagnostique…
  • Là encore, le CFEF se positionne comme un acteur majeur, par sa capacité à fournir un grand nombre d’images et vidéos pour alimenter les algorithmes et a créé un département « IA » au sein de sa structure décisionnelle

 

En investissant dans des programmes de formation complets, et en exploitant le potentiel transformateur de l’IA, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir où chaque futur parent, quel que soit son emplacement ou son statut socio-économique, aura un accès équitable à une échographie fœtale de haute qualité.

Certes des dérives sont possibles et certaines craintes légitimes, mais dans toute menace, il y a une opportunité.

Saisissons-là.