Traitements conservateurs en cas de cancer de l'endomètre : indications et modalités

Les myomes utérins sont une pathologie très fréquente, (jusqu’à 70 % d’incidence) le plus souvent asymptomatiques mais pouvant justifier également, devant des symptômes invalidants, un geste chirurgical conservateur ou non, voire parfois un Traitement hormonal qui peut lui-même être incriminé dans la survenue d’effets secondaires que l’on découvre parfois au fil du temps…

Ainsi les auteurs de ces 2 études ont cherché à apprécier le risque de cancer ovarien et de cancer du sein chez les patientes porteuses de myomes utérins.

Ainsi sur une population (certes Taiwanaise), ils ont comparé 4.088 patientes de plus de 25 ans ayant présenté un cancer ovarien à 16.348 témoins indemnes (1) et les résultats montrent un odd ratio augmenté en cas de notion de myome OR=2.26 (95 % [CI]=2.06−2.49). Les traitements hormonaux de la ménopause (THM) ne modifient pas significativement le sur-risque de cancer ovarien chez celles traitées OR=1.79 (95 % CI=1.51−2.13) et pour celles non traitées OR=2.51 (95 % CI=2.24−2.82), en revanche pour celles qui ont bénéficié d’une myomectomie le risque est significativement diminué de moitié OR=0.55 (95 % CI=0.39−0.77) et pour celles hystérectomisées le risque est diminué de 2 tiers OR=0.33 (95 % CI=0.26−0.42) sans que comme pour les antécédents de ligature de trompe (qui diminuent le risque de cancer ovarien) les auteurs puissent déterminer un mécanisme d’association en cas de myome ou de protection en cas de myomectomie. Le sur-risque était encore plus élevé dans les tranches d’âge de plus de 65 ans OR=4.29 (95 % CI=2.86−6.44), et dans le groupe 25–39 ans OR=4.25 (95 % CI=3.01−5.99), par ailleurs on retrouve comme dans d’autres études un risque plus élevé aussi en cas d’antécédant d’endométriose (2.0 % vs 0.8 %, p<0,001).

Quand au risque de cancer du sein (2), la même équipe taiwanaise sur la base des mêmes registres nationaux à identifié 24.315 patientes porteuses d’un cancer du sein et 24.281 témoins indemnes parmi les premières 11,9 % étaient porteuses de myomes et 10,5 % parmi les témoins et ce qui après ajustement des autres facteurs permet de définir un aOR=1.14 (95 %[CI]=1.07–1.21 p<0,001) soit une augmentation faible mais significative. En revanche ici la réalisation d’une myomectomie ou hystérectomie antérieure ne diminue pas le risque de cancer du sein aOR=0.99 (95 % CI=0.88–1.10; p=0.795), de même que l’utilisation d’un traitement hormonal dans les 5 ans précédant la mise en évidence du cancer du sein ne modifie que peu ce risque aOR 1.20 chez les femmes traitées versus 1.11 chez les non traitées. En revanche les auteurs ne retrouvent pas d’association ici avec l’endométriose 1.3 % des patientes porteuses de cancer du sein et 1.2 % des témoins contrôle (p=0.417).

Les auteurs suggèrent donc de bien surveiller les patientes porteuses de myomes en raison d’un risque supérieur de développer une pathologie Néoplasique (tout au moins sur une population taïwanaise) , à moins que ce ne soit l’inverse : les patientes porteuses de myome seraient peut-être plus et mieux surveillées que les autres…

 

  1. Prior uterine myoma and risk of ovarian cancer: a population-based case-control study. Tseng JJ, Huang CC, Chiang HY, Chen YH, Lin CH. J Gynecol Oncol. 2019 Sep;30(5):e72. doi: 10.3802/jgo.2019.30.e72.
  2. J Gynecol Oncol 2017 May;28(3):e35.doi: 10.3802/jgo.2017.28.e35. Epub 2017 Feb 22.Increased risk of breast cancer in women with uterine myoma: a nationwide, population-based, case-control study Jenn Jhy Tseng 1Yi Huei Chen 2Hsiu Yin Chiang 2Ching Heng Lin 3