Le 1er novembre 2023 a marqué le lancement de la 8e édition du Mois Sans Tabac, une campagne nationale d’aide à l’arrêt du tabagisme.
Chaque année, la campagne de prévention incite les fumeurs à arrêter, tous ensemble, pendant 30 jours, au mois de novembre (1).
Le tabac reste la première cause évitable de mortalité.
Lorsque le tabac est fumé, plusieurs milliers de produits apparaissent lors de sa combustion. Les principaux sont la nicotine, le monoxyde de carbone (CO), les hydrocarbures aromatiques et les métaux lourds (dont le cadmium).
En France, en 2016, 30 % des femmes fumaient avant grossesse. Elles étaient 16,2% à fumer au 3e trimestre (2). Le tabagisme maternel durant la grossesse est un facteur de risque modifiable majeur de morbidité maternelle et foetale (3).
Le tabagisme gravidique expose la mère et le futur enfant à de nombreux risques tels que : la grossesse extra-utérine, la fausse couche, la pré-éclampsie, la mort fœtale in utero, la prématurité, le faible poids à la naissance.
À tout moment de la grossesse, arrêter de fumer est bénéfique pour la mère et l’enfant, et ces bénéfices sont d’autant plus importants que l’abstinence est précoce.
Afin de permettre un accompagnement adapté, sans stigmatisation, des futures mamans pour lesquelles l’abstinence totale est impossible, la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, autorise les sages-femmes à prescrire les traitements nicotiniques de substitution (TNS).
De plus, les sages-femmes ont bénéficié, dans le cadre de cette loi, d'un élargissement de leurs droits de prescription à l'entourage de la femme enceinte ou accouchée afin de lutter contre l’exposition au tabagisme passif (4).
Lors de la consultation préconceptionnelle, lors des consultations de suivi de la grossesse, une prise en charge adaptée de la femme fumeuse doit être entreprise dès que possible, afin d’éviter la poursuite ou la reprise du tabagisme en cours de grossesse.
Durant l’allaitement, la demi-vie d’élimination de la nicotine dans le lait maternel varie entre 60 et 90 minutes.
Il est donc souhaitable d’éviter une imprégnation tabagique de l’enfant, soit de diminuer ou au mieux arrêter le tabac (5).
Si la femme allaitante fume, c'est le moins souvent possible, plutôt après la tétée, et impérativement à l'extérieur et à distance de bébé (6).
Lors du sevrage tabagique, en cas d’échec d’une prise en charge non pharmacologique, une substitution nicotinique est possible quel que soit le terme de la grossesse et pendant toute la durée de l’allaitement.
Tous les substituts nicotiniques sont autorisés, indiqués et même recommandés pour la femme enceinte ou qui allaite. Les formes et les posologies seront adaptées aux besoins de chaque patiente.
Il existe deux formes :
- les formes transdermiques (timbres ou patchs), pour lesquelles la nicotine se libère progressivement (durant 16 ou 24 heures selon les cas) ;
- les formes orales (gommes à mâcher, pastilles ou comprimés à sucer) pour lesquelles la nicotine est libérée rapidement.
Pour évaluer le dosage par lequel débuter, il est possible d’utiliser l’équivalence suivante :
1 cigarette = 1 mg de nicotine
Cet élément est donné à titre indicatif et il est tout à fait possible de débuter avec un autre dosage, car le nombre de cigarettes fumées n'est pas l'unique indicateur du niveau de dépendance (il arrive par exemple de diminuer son nombre de cigarettes mais d'inhaler plus fortement la fumée).
Il est recommandé d’ajuster, lors de rendez-vous dédiés, la posologie des TNS (tous les 15 jours si besoin ou moins si nécessaire) en fonction de l’existence de symptômes tels que :
- les symptômes de sous-dosage (fréquent) : persistance des pulsions à fumer, troubles de l’humeur, insomnie, irritabilité, frustration, colère, anxiété, difficultés de concentration, augmentation de l’appétit, fébrilité ;
- les symptômes ou de surdosage (rare) : palpitations, céphalées, bouche « pâteuse », diarrhée, nausées, lipothymies, insomnie (3).
Pour les femmes enceintes ou allaitantes, il faut les utiliser sous contrôle d’un professionnel de santé pour avoir un traitement bien adapté et permettre une prise en charge par la Sécurité Sociale (5). L’Assurance Maladie accompagne l'arrêt du tabac. Elle rembourse, sur prescription, les traitements par substituts nicotiniques à 65%.
Un accompagnement psychologique pourra être proposé aux femmes enceintes qui désirent arrêter de fumer pour maximiser leurs chances de réussite. D’après l’HAS, dans le cadre d’une prise en charge médicale, il est moins nocif pour une femme enceinte de recourir à des traitements à base de nicotine que de continuer à fumer (7). Les TNS aident à éviter le phénomène de compensation et augmentent les chances d’arrêt.
Une information, voire une prise en charge adaptée des fumeurs se trouvant dans l’entourage proche de la femme enceinte, est également souhaitable pour limiter le tabagisme passif (5).
La Varénicline est contre-indiquée chez les femmes enceintes et non recommandée chez les femmes qui allaitent.
Les produits du vapotage, plus connus sous le nom de « cigarettes électroniques » ou « vapoteuses », ne sont pas des produits de santé et ne doivent pas être utilisés durant la grossesse (3).
Des outils gratuits sont disponibles sur :
- le site Tabac Info Service,
- l’application d’e-coaching Tabac Info Service,
- le 39 89 pour un suivi téléphonique avec un tabacologue.
Références :
1- https://www.iledefrance.ars.sante.fr/mois-sans-tabac-2023-un-mois-pour-arreter-de-fumer
4- https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031912641
5- https://www.le-crat.fr/spip.php?page=article&id_article=142
7- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2014-01/question_reponse_sevrage_tabagique.pdf
