Comment une modification du régime alimentaire pourrait permettre de réduire les bouffées vasomotrices de la ménopause !

Les symptômes vasomoteurs (BVM) de la ménopause sont une cause importante d’inconfort, de troubles du sommeil et d’altération de la qualité de vie.

Le traitement hormonal de la ménopause est incontestablement la solution la plus efficace pour lutter contre le syndrome climatérique. Cependant, certaines femmes ne peuvent ou ne souhaitent pas utiliser d’hormones. De nombreuses recherches tentent de trouver des alternatives efficaces, médicamenteuses ou non, avec le moins d’effets secondaires possibles.

Le rôle de facteurs nutritionnels a été suggéré depuis longtemps du fait de leur moindre prévalence dans certaines contrées, comme le Japon ou la Chine, qui adoptent une alimentation traditionnelle incluant beaucoup de graines, de légumes, de végétaux et d’autres produits dérivés des plantes telles que le soja. Depuis l’occidentalisation de l’alimentation, entre les années 80 et 2000 au Japon, une augmentation d’environ 15 à 40 % des BVM a été notée chez les femmes ménopausées. Les isoflavones présentes dans certaines plantes comme le soja, particulièrement la daidzéine et la génistéine, ont montré un effet positif modeste sur la fréquence et la sévérité des BVM dans des essais contrôlés.

Une étude randomisée, sur 12 semaines, avec intervention diététique a été menée chez 80 femmes ménopausées, âgées de 40 à 65 ans, rapportant au moins deux BVM modérées à sévères par jour. Les femmes du groupe intervention devaient modifier leur régime alimentaire en adoptant une diététique de type vegan, en évitant les graisses animales, en diminuant leur apport de matières grasses, et en augmentant leur consommation de fibres tout en y ajoutant 1/2 tasse par jour (86g) de graines de soja cuisinées. Les femmes du groupe contrôle avaient une alimentation libre et n’y apportaient aucune modification.

En 12 semaines, le poids a diminué en moyenne de 3,6 kg dans le groupe intervention et de 0,2 kg dans le groupe contrôle (p<0,001).
La fréquence et la sévérité des BVM étaient consignées dans une application mobile. Les répercussions psychosociales, physiques et sexuelles étaient, quant à elles, recueillies à l’aide d’un questionnaire spécifique. Des dosages des isoflavones de soja (S-équol, daidzéine, génistéine et glycitéine) étaient effectués dans le groupe intervention sur des échantillons urinaires sur 3 jours. L’équol est le principal métabolite estrogénique de la daidzéine mais n’est produit que si la flore intestinale contient les bactéries nécessaires à sa production.

Dans le groupe intervention :

  • la fréquence des BVM modérées à sévères a diminué de 78 % (p<0,001) comparativement à 39 % dans le groupe contrôle (p<0,001) avec une différence significative entre les groupes (p<0,003).
  • la diminution de la sévérité des BVM était de 88% (p<0,001) et de 34% chez les contrôles (p<0,001) avec une différence significative entre les groupes.
  • l’amélioration était encore plus importante parmi les femmes avec plus de 7 BVM sévères à modérées par jour initialement diminuant de 93% : passant de 10,6 à 0,7 BVM par jour.
  • une corrélation était notée entre les changements du poids et la diminution de fréquence des BVM.
  • les questionnaires montraient également des améliorations dans la qualité de vie avec une évolution positive dans les plusieurs domaines (psychosocial, physique et sexuel).

Les changements dans la fréquence des BVM étaient inversement corrélés avec les apports de daidzeine (p=0,03) et génistéine (p=0,04). La capacité de conversion de la daizéine en équol ne semblait, en revanche, pas influencer les résultats puisque la diminution des BVM était observée aussi bien chez les femmes produisant de l’équol que chez les autres.

Une intervention diététique consistant en une diététique basée sur les plantes, en favorisant la consommation de graines de soja et en minimisant les matières grasses, semblerait pouvoir réduire significativement la fréquence et la sévérité des BVM ainsi que les symptômes associés.

Cependant, l’étude présentée est de petite taille sur une période courte sans groupe « placebo » réel. La mise en place des multiples modifications diététiques ne permet pas de savoir laquelle est à l’origine de cette potentielle amélioration. Comme toujours en matière de gestion des BVM, un effet placebo est toujours notable et les interventions non médicamenteuses indemnes d’effets secondaires peuvent donner de bons résultats !

Conseiller à nos patientes de mettre en place une alimentation équilibrée et saine permettant éventuellement une perte de poids est surement une bonne chose…leur demander de se mettre à cuisiner quotidiennement des graines de soja en est une autre !!!

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Barnard ND, Kahleova H, Holtz DN et al. A dietary intervention for vasomotor symptoms of menopause: a randomized, controlled trial. Menopause 2023; 30: 80-87.