Infertilité secondaire : Un tabou silencieux et incompris

L’infertilité secondaire toucherait 14  % des femmes âgées de 15 à 49 ans, selon une étude menée par les « Centers for disease control and prevention » en charge du contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis. Ce terme désigne l’incapacité à être enceinte après avoir déjà eu un premier enfant de manière naturelle.

Quelles sont les raisons de cette impossibilité ? que ressentent nos patientes face à cette difficulté ? Comment peuvent-elles y faire face ? Voilà ce que nous allons explorer.

Des causes physiologiques féminines et masculines !

Les conditions physiologiques entre une première grossesse et une seconde peuvent être fort différentes :

  •  Par exemple bon nombre de couples ont un premier enfant parfois de façon tardive ou désirent un deuxième enfant à un âge déjà avancé. Il est donc évident que les qualités ovocytaire ou spermatique peuvent être moindres et générer des difficultés pour procréer à nouveau.
  • Les suites d’une première grossesse peuvent avoir généré des lésions au niveau de l’utérus et affaiblit les chances de grossesses.
  • Un changement d’état médical plus général peut également être une source de difficulté !

Voilà quelques-uns des aspects physiques, qui nécessitent une exploration afin d’en déterminer les raisons.

Des causes psychologiques

L’autre aspect essentiel dans la complexité de ce parcours, c’est la dimension psychologique des patients. Il ne faut pas négliger ce point, car parfois après des explorations aucun problème physiologique n’a été trouvé.

Les patientes, malgré une réussite sur une première grossesse, peuvent avoir inconsciemment créé des peurs ou des angoisses profondes mettant à mal ce désir.

Par exemple une première grossesse complexe, à risques, ou nécessitant d’être alitée ou encore un accouchement difficile, peuvent laisser des traces dans le psychisme des patientes.

Chaque grossesse est évidemment différente. Mais il n’en reste pas moins qu’une première grossesse est souvent un moment de découverte, voire d’émerveillement de chaque chose vécue ou ressentie comme un chemin plein de surprises parfois désagréables et inattendues. Par exemple : douleurs physiques, détestation d’être enceinte, perte d’un bébé…etc.

Le corps imprime nos ressentis et nos peurs de manière inconsciente.

Notons également que les traumatismes ou peurs du passé (difficultés parentales, IVG…) peuvent également resurgir à la suite d’une grossesse et ainsi générer des blocages pour une seconde.

Que ressentent les patients face à ces difficultés ?

Il faut bien avoir à l’esprit que la douleur ou la souffrance que procurent ces difficultés n’est pas moins importante que l’on parle d’une infertilité primaire ou secondaire !

Nombre de patients se sentent peu ou pas entendus dans leur ressenti.

En effet, ayant déjà un premier enfant, ils entendent régulièrement des phrases comme : « estimez-vous heureux vous en avez déjà un ... Certains n’en ont pas ! »

Cette phrase est entendue comme une manière de minimiser leurs difficultés.

Les patientes concernées culpabilisent également énormément de voir qu’elles dispensent une énergie folle pour obtenir cette seconde grossesse, négligeant parfois leur premier enfant ou ayant moins de temps à leur accorder suite aux examens et traitements qu’elles doivent suivre.

La pression sociale est également un aspect à prendre en compte dans les données psychologiques. En effet, les patients verbalisent souvent le fait qu’ils se sentent « poussés » à faire un deuxième, car il est presque naturel pour la plupart des couples d’avoir deux enfants. Et qu’un enfant unique est un enfant « seul et triste », selon les dires des autres.

De surcroît l’idée d’avoir trop d’écart dans une fratrie est également un aspect qui met une pression supplémentaire sur les couples qui paniquent a l’idée de ne pas réussir à dépasser cet aspect.

Conclusion

La question centrale est à mon sens plutôt celle d’explorer ce désir d’un deuxième enfant non pas comme un passage obligé mais bien comme un désir. Car chaque désir de maternité est différent. Il arrive à des moments et dans des contextes différents.

Les femmes et les hommes ne sont pas dans les mêmes états psychologiques et la maternité qui est souhaitée ne se constitue pas des mêmes ressorts et ressentis.

Tout comme les données physiologiques, les aspects psychologiques sont évolutifs et peuvent être questionnés et explorés au moment de ce nouveau désir d’enfant.

Mais notons qu’il ne faut pas minimiser le ressenti de ces couples qui mènent un combat tout aussi acharné que ceux qui n’ont pas encore d’enfant.