L'accompagnement des patients et groupe de parole

En France un nombre croissant de couples consulte pour un désir d’enfant et tous ne verront pas leur projet parental aboutir.

Nous savons que certains blocages psychologiques dus à une enfance douloureuse ou à de précédentes grossesses compliqués ou non désirées par exemple, peuvent engendrer une infertilité.  En revanche, nous constatons également que le parcours en PMA génère chez les couples des pathologies liées à l’état d’infertilité rencontré et à la complexité et la lourdeur des parcours traversés.

Ce qui engendre notamment chez les femmes une souffrance notable  en présence de femmes enceintes ou de nourrissons. Elles tendront donc à éviter leurs anciennes amies qui sont enceintes ou avec des enfants en bas âge.  Pour une femme, le parcours en PMA peut également engendrer une perte de confiance, une remise en cause de sa féminité voire de son couple.

Pour les hommes, nous notons un manque de communication avec la conjointe, concernant le sujet de l’infertilité, car ils se sentent souvent démunis et inutiles dans ces parcours, ce qui peut être perçu chez la femme comme un sentiment de désintérêt du conjoint. Ils aspirent parfois à l’arrêt des traitements pour éviter de voir leurs femmes en souffrance physique et psychologique.

De plus, lorsqu'on commence une PMA on ose rarement partager ses craintes avec son entourage (honte, peur du regard des autres…). Les patients aussi bien masculins que féminins, ont  donc peu ou pas de personnes  pour discuter de ces problèmes concrets, ce qui peut entrainer un isolement social.

Dans cette situation, la thérapie individuelle ou collective (groupe de parole) devient un véritable soutien psychologique pour les patients, en leur apportant de l’écoute pour exprimer leur souffrance, leur ressenti ou leur colère. Mais elle doit également être un espace d’information et de conseil pour les aider à envisager au mieux les options qui leur sont offertes pour accéder à leur projet parental.

Zoom sur les groupes de parole à l’Hôpital Américain :

Depuis mai 2015, l’Hôpital Américain propose en son sein, des groupes de parole, bimensuels, regroupant 10 participants maximum. Ces groupes sont animés par la thérapeute Déborah Schouhmann-Antonio, spécialisée en Infertilité.

Les groupes de paroles permettent aux patients de partager leurs expériences avec d’autres personnes traversant une situation similaire et ainsi mesurer que leur ressenti ou attitude n’est pas anormale, mais bien lié à la difficulté d’aboutir à une maternité. Cette espace d’échange libre et sans jugement leur permet aussi de lutter contre l’isolement social en rencontrant d’autres personnes qui partage une histoire et un langage commun. Les rencontres régulières tissent un lien entre les participants, qui se suivent tout au long de leur PMA.

Une étude a été faite auprès d’une vingtaine de participants de ces groupes. 100% des participants pensent que cet espace comble le manque de communication que les patients rencontrent, permet de réfléchir et d’aborder d’autres options pour voir leur projet parental aboutir comme le don d’ovocytes, ou l’adoption.

100% des patients participants aux groupes, disent y trouver de la convivialité, sentent leur culpabilité atténuée, et se sentent libres d’exprimer leurs émotions.

Afin d’améliorer l’information et la communication des patients, qui est une demande forte, des intervenants extérieurs viennent régulièrement partager leurs expériences et histoires lors des groupes de parole. Notamment sur les thèmes sensibles comme le don d’ovocytes, suscitant de nombreuses questions.

Les patients apprécient particulièrement dans ces échanges en réels et non en virtuels, comme sur les forums internet, le regard bienveillant des participants qui leur est essentiel.

Il est donc essentiel pour les praticiens travaillant auprès de couples infertiles :

  • de prendre en compte dans leur globalité les patients, qui possèdent une histoire, des souffrances, qui peuvent interférer dans le processus de PMA,
  • de repérer le stress ou l’anxiété chez les patients,
  • mais également de les aider à libérer la parole.

Le thérapeute doit être le médiateur entre médecins et patients pour optimiser la prise en charge et remettre le patient au centre des traitements.

 
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