Nouveaux critères diagnostiques pour le syndrome dysphorique prémenstruel

Auteurs

Le syndrome prémenstruel concerne 20 à 50% des femmes en période d’activité génitale. Il se manifeste par la simultanéité, à des degrés variables, d'un désordre affectif et d'un trouble menstruel (tensions mammaires, céphalée, œdèmes), avec une périodicité caractéristique.

Le DSM-IV* – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, référence internationale en psychiatrie – décrit les critères diagnostiques du syndrome prémenstruel et le place parmi les troubles de l’humeur. La nouvelle version du DSM, en cours d’écriture, s’interroge sur ce syndrome : sa période et sa clinique.

Ainsi, en  2012, les Archives General of Psychiatry publient une étude prospective, évaluant les critères diagnostiques définissant le syndrome dysphorique prémenstruel.

Il s’agit d’une étude regroupant deux cohortes : une représentative des femmes en population générale (864 femmes), l’autre comprenant des patientes atteintes d’un syndrome dysphorique prémenstruel.

Les symptômes du syndrome prémenstruel ont été évalués quotidiennement au cours d’une période comprenant au moins 2 cycles consécutifs.

Sur l’ensemble des deux groupes, des symptômes gênant le fonctionnement socioprofessionnel des patientes étaient retrouvés. Au premier plan, on retrouvait une humeur dépressive avec un sentiment de désespoir, une anxiété importante, une labilité émotionnelle ou encore une grande irritabilité. Une diminution de l'intérêt pour ses activités habituelles ou des difficultés de concentration pouvaient compléter le tableau, ainsi que le sentiment d’une perte de contrôle. Les fonctions instinctuelles peuvent être perturbées avec une fatigabilité excessive, une modification de l'appétit, des troubles du sommeil (à type d’hypersomnie ou insomnie). Sur le plan physique, on pouvait noter une tension ou un gonflement des seins, des céphalées, des douleurs articulaires ou musculaires, une impression de gonflement, voire une réelle prise de poids.

Parmi les 864 femmes de la population générale, les symptômes - physiques comme psychiques - étaient plus sévères entre les trois jours avant le début des règles et les trois jours suivants ; tandis que pour le groupe SDP comprenant 193 femmes, la période allait de quatre jours avant et 3 jours après l’apparition des règles.

Dans l’ensemble, la présence d’au moins 4 symptômes permet d’avoir la meilleure sensibilité et la meilleure spécificité pour définir la maladie.

Pour l’évolution des critères diagnostiques, il est intéressant de noter que la période symptomatique n’est pas seulement prémenstruelle, mais plutôt péri-menstruelle.

Par ailleurs, le nombre de symptômes devant être associés pour former le syndrome prémenstruel (actuellement 5 dans le DSM-IV) pourrait évoluer et passer à 4 dans le DSM V.

S. A Hartlage, S Freels, N Gotman, K Yonkers. Criteria for Premenstrual Dysphotic Disorder. Arch Gen Psychiatry, 2012;69(3):300-305

 

Critères DSM-IV du syndrome dysphorique prémenstruel

A. Au cours de la plupart des cycles menstruels de l'année écoulée, cinq ou plus des symptômes suivants ont été présents dans la plupart du temps lors de la dernière semaine de la phase lutéale. Ils se sont améliorés au cours des premiers jours de la phase folliculaire et sont demeurés absents pendant la première semaine après les règles.

L'un de ces symptômes doit être (1), (2), (3) ou (4):

1.      Humeur dépressive marquée, sentiments de désespoir ou autodépréciation (idées de dévalorisation).

2.      Anxiété marquée, tensions, impression d'être nouée, tendue, nerveuse.

3.      Labilité émotionnelle marquée (p. ex.., brusque sentiment de tristesse, envie de pleurer, hypersensibilité au rejet).

4.      Colère ou irritabilité marquée et persistante ou augmentation des conflits interpersonnels.

5.      Diminution de l'intérêt pour les activités habituelles (p. ex., travail, école, amis, loisirs).

6.      Difficultés subjectives à se concentrer.

7.      Léthargie, fatigabilité excessive ou perte d'énergie marquée.

8.      Modification marquée de l'appétit, hyperphagie, envie impérieuse de certains aliments.

9.      Hypersomnie ou insomnie.

10.  Sentiment d'être débordée ou perte de contrôle.

11.  Autres symptômes physiques tels que tension ou gonflement des seins, céphalées, douleurs articulaires ou musculaires, impression d'enfler, prise de poids.

B.  La perturbation interfère nettement avec le travail ou l'activité scolaire, les activités sociales habituelles et les relations avec les autres.

C.  La perturbation ne correspond pas seulement à l'exacerbation des symptômes d'un autre trouble comme un trouble dépressif majeur, un trouble panique, un trouble dysthymique ou un trouble de la personnalité (bien qu'elle puisse se surajouter à chacun de ces troubles).

D. Des évaluations quotidiennes réalisées pendant au moins deux cycles symptomatiques consécutifs doivent confirmer la présence des critères A, B, C.

 
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