Hyperprolactinémie : y penser lors de la prescription d’antipsychotiques !

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Les antipsychotiques, plus que tout autre traitement, peuvent être à l’origine d’une hyperprolactinémie. Ils n’ont pas tous le même potentiel hyperprolactinémiant. Cependant, la prévalence est évaluée à 33%, et est plus fréquente chez la femme en période d’activité génitale.

Sur le plan physiopathologique, les antipsychotiques interviennent en bloquant des récepteurs D2 de la dopamine, provoquant ainsi une levée de l’inhibition de la dopamine, et donc la sécrétion de prolactine.

L’hyperprolactinémie peut être asymptomatique, en particulier lorsque la patiente est sous contraception estro-progestative. Le plus souvent les symptômes sont corrélés à l’élévation de la prolactinémie. Ainsi, on peut retrouver des manifestations sexuelles comme des troubles du cycle, une baisse de la libido, une infertilité, une galactorrhée ou une gynécomastie chez l’homme. Lorsqu’elle est prolongée, l’hyperprolactinémie peut également être responsable d’une baisse de la masse osseuse, avec un risque de fracture accru. Cette ostéopénie est réversible avec la normalisation des concentrations en prolactine.

Un bilan pré thérapeutique est donc recommandé, en particulier chez les patients de moins de 25ans (en raison d’un risque de minimisation du pic de masse osseuse), ceux souffrant d’ostéoporose, chez les femmes avec un projet de grossesse et chez les patients ayant un antécédent de cancer du sein, de la prostate ou un prolactinome.

Des recommandations internationales ont proposées un suivi comprenant une recherche des symptômes évoqués plus haut ainsi qu’un dosage de la prolactine après trois mois de traitement à dose stable, en cas de symptômes cliniques ou d’ostéoporose avérée.

En cas d’hyperprolactinémie prolongée (soit supérieure à 3 mois), il faudra de diminuer la posologie ou de changer de molécule. Il conviendra alors d’utiliser les produits les moins hyperprolactinémiants comme l’olanzapine (Zypréxa®), l’arirpiprazole (Abilify®) ou la clozapine (Léponex®) – si la clinique du patient le permet. Une prolactinémie >100ng/mL devra, quoiqu’il en soit, faire pratiquer une IRM centrée sur l’hypophyse à la recherche d’un prolactinome.

La prolactinémie se normalise sous trois semaines après l’arrêt de l’antipsychotique en cause. La prise en charge de l’hyperprolactinémie par un agoniste dopaminergique n’est réservé qu’à de rares cas, car ces traitements risque de décompenser la pathologie psychiatrique.

 

Antipsychotic-drug-induced hyperprolactinemia: Physiopathology, clinical features and guidance. Encephale. Sous presse.I. Besnard, V. Auclair, G. Callery, C. Gabriel-Bordenave, C. Roberge

 
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