Mise au point sur le diagnostic et le traitement des nouveau-nés suspects d’infections néonatales bactériennes précoces

1) Le diagnostic d’infection néonatale bactérienne précoce (INBP) est difficile ce qui explique pour les néonatologistes que tout nouveau-né qui va mal sans raison précise est à priori « suspect d’infection ».

2) L’incidence de vraies INBP a beaucoup diminué depuis l’instauration par les obstétriciens de l’antibiothérapie prophylactique pernatale (passage de 1,7 pour 1000 en 1990 à 0.4 pour 1000 en 2008 aux USA.

3) Or malgré cela, il y a toujours beaucoup de bilans biologiques et de prescription d’antibiothérapies à large spectre.

4) L’exposition précoce aux antibiotiques chez le nouveau-né contribue à l’émergence de bactéries résistantes à la perturbation de la flore intestinale néonatale et à des troubles éventuels du système immunitaire.

En conclusion, il est donc nécessaire aujourd’hui de limiter la prescription d’antibiotiques en période néonatale.

Actuellement,

1) Dans certaines maternités de niveau III, 45% des nouveaux nés sont suspects d’INBP. Or, d’après toutes les études, moins de 1 pour 1000 de ces nouveaux nés sont véritablement infectés.

2) La plupart des nouveaux nés suspects subissent un examen du liquide gastrique et des prélèvements périphériques (oreille et anus) associés à un bilan sanguin (NFS, CRP, hémoculture). Deux jours plus tard, ils ont un second bilan pour étudier la cinétique de ces marqueurs. Ceci peut entraîner une anémie mais aussi des douleurs non négligeables sans parler des perfusions d’antibiotiques et parfois d’une hospitalisation.

3) Les conséquences de l’antibiothérapie en période néonatale sont mieux connues aujourd’hui :

a) lien entre consommation d’antibiotiques et émergence de résistance bactérienne (BLSE, Entéro-bactérie résistante)

b) modification du microbiote intestinal entrainant dysbiose et diarrhée.

c) modification du système immunitaire favorisant ultérieurement diabète, obésité ou maladie inflammatoire.

------ Il faut donc tout faire pour préserver le microbiote intestinal.

Et donc réserver l’antibiothérapie aux nouveaux nés réellement infectés avec l’aide de nouveaux marqueurs

Marqueurs utilisés :

a) NFS : valeur diagnostique très modérée car influencée par l’hypoxie et l’hyperthermie.

b) CRP : très utilisée mais son élévation est décalée 6 à 12 heures après l’infection donc son dosage précoce a peu d’intérêt. Elle peut par ailleurs s’élever en cas d’inhalation du liquide méconial ou de traumatisme. Par contre, son dosage répété entre 12 H et 72 H est intéressant.

c) PCT : Bonne valeur diagnostique du dosage quantitatif au cordon en routine car celle-ci va s’élever entre 48 et 72 heures de vie. Seuil pathologique : 0,6 ng/ml. Sensibilité : 92% ; spécificité 97 % Sa valeur diagnostique est supérieure à celle des facteurs de risque habituellement utilisés.

D’où l’intérêt d’utiliser la PCT avec un algorythme de prise en charge des INBP en cors d’évaluation.

Une étude est en cours actuellement sur 9 000 enfants dans 15 maternités Françaises pour vérifier sa pertinence.

CONCLUSION

Il est donc temps de commencer à modifier nos habitudes diagnostiques et thérapeutiques sur l’indication de l’antibiothérapie néonatale pour la réserver aux seuls enfants réellement infectés. L’examen clinique et la surveillance en maternité restant la base de nouvelles recommandations.

Bibliographie : Article de C. GRAS LE GUEN – Réalités pédiatriques n° 211 - Mai 2017

 
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