Favoriser rapidement une nouvelle grossesse après une fausse-couche spontanée !

Les fausses-couches spontanées et morts fœtales in utéro avant 24 semaines de gestation affectent une grossesse sur 5. Un tel antécédent confère un risque accru de survenue de seconde fausse-couche, d’accouchement prématuré et d’hémorragie du post-partum (2). Le bon moment pour entamer une nouvelle grossesse après une fausse couche spontanée est l’objet de controverse. Certains proposent un délai d’au moins 6 mois justifiant cette attitude par la nécessité impérative d’une totale récupération physique et psychique. D’autres autorisent une grossesse sans délai : cette dernière attitude est d’autant plus justifiée qu’il peut s’agir de femmes avec des difficultés à concevoir ou âgées de plus de 35 ans. Or, on sait que le risque de fausse-couche augmente avec l’âge des patientes : qu’après 40 ans il est de 30% et de 50% à partir de 45 ans.

Une équipe écossaise a tenté de répondre à cette question au cours d’une étude rétrospective dans laquelle elle a analysé le devenir des grossesses survenues après une fausse couche spontanée en fonction de l’intervalle entre les 2 grossesses.

30 9370 grossesses ont été étudiées survenant dans les suites d’une première fausse-couche. Cinq groupes ont été comparés selon le délai entre les 2 grossesses : cet intervalle allait de moins de 6 mois dans 41,2% des cas à plus de 24 mois dans 17,6% des cas. Les femmes les plus âgées et celles au niveau socio-économique le plus élevé étaient celles qui concevaient le plus vite après la première fausse couche.

Concernant cette deuxième grossesse, le taux de naissances vivantes était de 85% en cas d’intervalle inférieur à 6 mois et de 73% pour un délai de plus de 24 mois. Après ajustement sur l’âge maternel, le statut socio-économique et l’année de la première grossesse, l’évolution de la deuxième grossesse était significativement meilleure pour un intervalle de moins de 6 mois entre les 2 grossesses : pour cette deuxième grossesse, on constatait alors moins de fausses-couches (RR=0,66), moins de morts fœtales in utéro (RR=0,43) et grossesses ectopiques (RR=0,48), moins d’accouchements prématurés avant 36 semaines (RR=0,89), de césariennes (RR=0,90) et d’enfants de poids de naissance inférieur à 2500g (RR=0,84). En revanche, le travail était plus volontiers induit dans ce groupe (RR=1,08). Le plus grand nombre de complications était constaté en cas de délai supérieur à 24 mois entre les 2 grossesses avec des risques accrus d’accouchements prématurés (RR= 1,21), de césariennes (RR=1,39) et d’enfants de petit poids de naissance (RR=1,23). Aucune association n’était retrouvée entre le risque de pré-éclampsie, placenta prævia ou hématome rétro-placentaire et le délai entre les grossesses.

Les hypothèses physiopathologiques proposées pour expliquer ces résultats ne sont pas claires. Pour certains, les facteurs associés l’infertilité pourraient être en cause également dans le bon déroulement d’une grossesse. Pour d’autres, il s’agirait plutôt d’une interférence avec la motivation et le mode de vie des femmes à nouveau enceintes rapidement après une première fausse-couche.

Il semblerait donc qu’un court intervalle après une fausse couche spontanée puisse être le garant d’une meilleure évolution de la deuxième grossesse, avec un taux plus bas de complications. Cet accident de la grossesse est bien souvent vécu comme un traumatisme pour nos patientes et rapidement se pose chez elles la question du délai pour entamer une nouvelle maternité. Il apparaît donc souhaitable, à la lumière de cette étude, d’encourager nos patientes, dès qu’elles s’y sentent prêtes, à être de nouveau enceinte rapidement après une fausse couche spontanée.

(1). Love E, Bhattacharya S, Smith N and al. Effect of interpregnancy interval on outcomes of pregnancy after miscarriage: retrospective analysis of hospital episode statistics in Scotland. BMJ 2010;341:c3967do/10.1136/bmj.c3967.
(2). Bhattachaya S, Towend J, Campell D. Does miscarriage in an initial pregnancy lead to adverse obstetrics and perinatal outcomes in the next continuing pregnancy. BJOG 2008; 115:1623-9.

 
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